Meta s'allie à la start-up controversée Anduril pour équiper les soldats américains
En 2017, Mark Zuckerberg n’avait pas hésité à renvoyer avec fracas Palmer Luckey, le fondateur du fabricant de casques de réalité virtuelle Oculus, qu’il avait racheté pour deux milliards de dollars trois ans plus tôt. Le voilà désormais qui s’affiche tout sourire à ses côtés. La semaine dernière, Meta a officialisé un partenariat avec la start-up Anduril afin de concevoir des lunettes de réalité augmentée pour les soldats américains. Cette alliance, improbable il y a quelques mois, symbolise le virage radical de la maison mère de Facebook. Non seulement celle-ci ne cesse de se rapprocher de la galaxie Trump – Palmer Luckey est un soutien de la première heure du président américain, tout comme Peter Thiel, principal investisseur d’Anduril –, mais elle souhaite aussi désormais travailler pour les armées, un sujet longtemps tabou dans la Silicon Valley.
Surveillance de la frontière – Palmer Luckey a lancé Anduril quelques mois après son licenciement – motivé, selon lui, par des raisons politiques. Il souhaite alors réconcilier les nouvelles technologies et la défense. D’un côté, les grands de l’armement ne disposent pas d’expertise en intelligence artificielle ou en robotique. De l’autre, les géants de la tech refusent de s’aventurer sur le terrain militaire, parfois sous la pression de leurs employés. Au départ, la start-up a concentré ses efforts sur des systèmes de surveillance pour l’agence américaine de protection des frontières. Depuis, elle a étendu son offre, avec des modèles de drones entièrement autonomes ou encore des sous-marins autonomes. Elle a déjà signé des contrats avec l’armée de l’air américaine et l’US Navy, cassant les prix en utilisant des composants électroniques grand public.
Échec de Microsoft – En s’associant avec Meta, Anduril vise un autre contrat, potentiellement gigantesque, cette fois-ci auprès de l’US Army, l’armée de terre américaine. Celui-ci porte sur la conception d’un “système de commandement de mission porté par le soldat”. Autrement dit: un appareil de réalité augmentée, directement intégré aux casques, permettant aux soldats d’accéder à des informations pertinentes, notamment des cartes, sur le champ de bataille. Il doit aussi être équipé de capteurs thermiques et infrarouges pour aider à détecter les ennemis. Et il doit permettre aux soldats d’opérer ou d’interagir à distance avec des drones. Initialement, le projet devait être mené par Microsoft, mais son casque HoloLens n’a jamais convaincu. Le précédent contrat est donc remis en jeu. En début d’année, Anduril en a déjà récupéré une partie.
Avancées matérielles – Pour réussir là où le concepteur de Windows a échoué, les deux partenaires comptent sur l’expertise de chacun. Anduril apporte au projet sa plateforme logicielle militaire et ses algorithmes d’intelligence artificielle. Meta amène ses avancées dans la partie matérielle, affichées l’an passé au sein de son projet de lunettes Orion. Par exemple, des verres en carbure de silicium, offrant un champ de vision inégalé, ou un bracelet neuronal, qui capte les signaux électriques des muscles de l’avant-bras pour contrôler l’interface avec ses doigts. Pour la société de Menlo Park, l’alliance avec Anduril pourrait représenter une bouchée d’oxygène pour sa division Reality Labs, qui travaille sur ces technologies. Depuis cinq ans, celle-ci a englouti plus de 70 milliards de dollars, sans se rapprocher de véritables débouchés commerciaux.
Pour aller plus loin:
– Anduril, la start-up controversée qui veut réconcilier la tech et l’armement
– Mark Zuckerberg prête allégeance à Donald Trump
| UN MESSAGE DES ÉDITIONS ROBERT LAFFONT |
Le livre pour comprendre et anticiper les ruptures à venir
Dans un monde en recomposition, L’horizon des possibles s’impose comme un ouvrage essentiel pour celles et ceux qui refusent la résignation et cherchent à comprendre les leviers d’un avenir durable. L’économiste Philippe Dessertine y défend une idée forte: notre époque n’est pas celle du déclin, mais celle des mutations.
“La France doit créer de nouvelles richesses face à sa dette élevée. Les réformes actuelles sont inefficaces”, assure-t-il au micro de Radio Classique. Philippe Dessertine couple cet appel à un optimisme contagieux. “Assainir les finances publiques permettrait de basculer dans un nouveau monde”, affirme-t-il sur France 5 dans C dans l’air.
Philippe Dessertine anticipe “un important cycle d’innovations s’amorce, offrant l’opportunité d’accélérer la transition écologique, économique et sociétale”, explique La Correspondance Économique. “La science devient un accélérateur que plus rien ne peut freiner”, resume l’économiste.
À contre-courant des discours fatalistes, L’horizon des possibles est plus qu’un livre d’analyse: c’est un appel à l’action, un guide pour saisir les opportunités qui se dessinent à travers les fractures actuelles.
Apple lance sa bataille judiciaire contre le DMA européen
Apple a multiplié les déclarations incendiaires pour cibler le Digital Markets Act. Le groupe à la pomme va désormais pouvoir tester ses arguments devant la justice. Sans surprise, il vient de faire appel des deux procédures engagées l’an passé par la Commission européenne, portant sur ses obligations d’interopérabilité. Celles-ci imposent “un processus déraisonnable, coûteux et néfaste pour l’innovation”, explique la société. Et elles représentent un “risque majeur pour la vie privée et la sécurité” de ses utilisateurs, poursuit-elle, assurant que des entreprises “ont déjà demandé à accéder aux données les plus sensibles”. L’affaire va désormais être examinée par le Tribunal de l’Union européenne, puis probablement par la Cour de justice, la plus haute juridiction du continent. L’application des remèdes réclamés par Bruxelles n’est cependant pas suspendue.
Risque de sécurité ? – Entré en vigueur l’an passé, le DMA vise à renforcer la concurrence dans le numérique en établissant de grands principes que doivent respecter les géants du secteur. L’un d’entre eux porte sur l’interopérabilité entre les différents terminaux et logiciels. Si l’attention s’est beaucoup concentrée sur les messageries, en particulier WhatsApp et iMessage, qu’Apple a réussi à faire exclure du champ d’application de cette mesure, les obligations sont plus larges. Le groupe de Cupertino cherche à limiter les changements, mettant en avant l’exemption prévue pour protéger “l’intégrité du hardware et du système d’exploitation”. Mais il n’a pas convaincu la Commission, qui a lancé en septembre deux “procédures de spécification”, pour le “guider” vers une mise en conformité. En mars, elle lui a imposé des mesures à mettre en place.
Montres connectées – La première série de mesures porte sur l’interopérabilité des systèmes d’exploitation iOS et iPadOS avec les montres connectées, les écouteurs et les casques de réalité virtuelle. Elle impose des changements pour améliorer les notifications, l’appairage et la connectivité. Sans le dire ouvertement, l’Europe reproche à Apple de restreindre volontairement la compatibilité entre l’iPhone et les appareils des autres marques, donnant un avantage à ses produits. La deuxième série de mesures cible les demandes d’interopérabilité émises par les développeurs. Si Bruxelles ne le précise pas, cela pourrait concerner l’accès à l’assistant vocal Siri. Ou encore à la puce NFC pour les paiements mobiles, que la société s’est engagée à ouvrir aux banques. Bruxelles souhaite que la procédure de demande soit transparente, rapide et équitable.
Deux autres dossiers – L’appel interjeté par Apple ne devrait représenter que le coup d’envoi d’une longue bataille judiciaire avec la Commission. Deux autres dossiers sont en effet en cours. Dans le premier, le groupe a déjà été condamné à une amende de 500 millions d’euros, pour laquelle il va faire appel. Bruxelles lui reproche de ne pas avoir respecté l’interdiction de la pratique dite d’anti-steering, qui consiste à empêcher les développeurs d’applications à rediriger leurs utilisateurs vers un site Internet pour effectuer des achats ou souscrire à un abonnement. Des astreintes journalières pourraient être mises en place si des changements ne sont pas apportés avant la fin du mois. La deuxième affaire porte sur les boutiques tierces d’applications, désormais autorisées en Europe. Si la procédure se poursuit, une sanction semble inéluctable.
Pour aller plus loin:
– Bruxelles inflige des amendes à Apple et Meta, les premières dans le cadre du DMA
– Apple repousse le lancement de ses fonctionnalités d’IA en Europe
Crédit photos: Microsoft – Apple