Les vaches à lait du streaming
Et aussi: ASML moins optimiste – Perplexity AI vs New York Times
Cette édition est présentée par ai-PULSE by Scaleway, la conférence qui expliquera pourquoi l’avenir de l’IA est Big, Efficient & Open !
Les “superfans”, nouvelle vache à lait du streaming musical
Quand Lucian Grainge veut quelque chose, généralement, il finit par l’obtenir. À la tête d’Universal Music, la première maison de disques mondiale, le Britannique est considéré comme la personnalité la plus puissante du monde de la musique. Une influence qu’il compte bien mettre à profit pour imposer une nouvelle feuille de route pour le streaming musical. Avec un seul objectif: maintenir la trajectoire de croissance des recettes du secteur, tirée depuis une dizaine d’années par le succès des offres payantes. Celle-ci pourrait en effet être menacée par la maturité de certains marchés occidentaux, sur lesquels il est plus difficile d’attirer de nouveaux abonnés. Sa solution: monétiser davantage les “superfans” en leur vendant une nouvelle offre plus chère. Un tournant que s’apprête d’ailleurs à prendre Spotify.
Streaming 2.0 – Le dirigeant d’Universal ne conteste pas que le streaming a rempli sa mission initiale: sauver une industrie, plombée par le piratage, qui avait vu ses revenus être divisés par deux en dix ans. Il estime cependant qu’il faut entrer dans une phase “2.0”. La première a été consacrée à une double transition: d’abord vers les plateformes légales financées par la publicité, puis vers les offres payantes. Selon les estimations du cabinet Midia, plus de 700 millions de personnes ont souscrit à un abonnement. Mais le taux de croissance commence à ralentir dans certains pays occidentaux, ceux qui rapportent le plus. Aux États-Unis, les plateformes n’ont gagné que 5 millions d’abonnés en 2023, le plus faible chiffre historique. En France, le marché subit un “tassement”, malgré un taux de pénétration assez faible.
Hausse des prix – Surtout, souligne Lucian Grainge, la musique reste "sous-monétisée". Les dépenses musicales moyennes des consommateurs ne représentent en effet, une fois ajustées de l'inflation, que la moitié de leur pic touché en 1999. Pour augmenter le revenu par utilisateur, les maisons de disques ont poussé les services de streaming à procéder à des hausses de prix, revenant sur leur tarif historique de dix dollars ou euros par mois. Tous les acteurs se sont engagés sur cette voie, qu’ils comptent poursuivre. Pas suffisant pour le patron d’Universal, qui touche un pourcentage sur chaque abonnement. Il souhaite maintenant s’attaquer aux “superfans”. Son constat est simple: ces passionnés de musique ne paient pas plus que les autres. Avant l’avènement du streaming, ils dépensaient trois fois plus que le consommateur moyen.
Offre “super premium” – Selon Universal, un quart des abonnés sont prêts à payer davantage pour bénéficier d’une meilleure expérience d’écoute. C’est ce que devrait bientôt leur proposer Spotify avec une offre “super premium”. Selon Bloomberg, celle-ci sera vendue cinq dollars de plus par mois. Elle proposera de nouveaux outils pour créer des playlists ou gérer sa librairie. Et surtout une qualité de son haute-fidélité – une option aujourd’hui proposée gratuitement par Apple ou Amazon, pour le moment du moins. Lucian Grainge souhaite aussi fournir à ces fans “des expériences et un accès qui les rapprochent des artistes qu’ils aiment”. Un exemple pourrait venir de Chine, où Tencent vend un abonnement VIP cinq fois plus cher que l’offre de base, en proposant un accès prioritaire aux nouvelles chansons et aux places de concert.
Rejoignez l’écosystème de l’IA européenne à ai-PULSE
Le 7 novembre à Station F, Scaleway, fournisseur cloud du Groupe iliad, organise ai-PULSE. Focalisée sur la construction d’alternatives européennes en matière d’IA, la conférence comprendra des keynotes visionnaires des leaders tech mondiaux, ainsi que des workshops techniques animés par certains des experts les plus pointus du domaine, comme Kyutai, Doctolib ou Poolside. Au programme: Grands modèles & Grands clusters; Spécialisation & Efficacité; et Open source & Autonomie. A ne pas rater !
Malgré l’euphorie autour de l’IA, ASML reconnaît avoir été trop optimiste
Dans la ruée vers l’or de l’intelligence artificielle générative, ASML fabrique les outils qui permettent de produire des pelles et des pioches. Ses machines de lithographie, sont en effet les seules à pouvoir graver les cartes graphiques de Nvidia, indispensables pour entraîner et faire tourner les derniers modèles. Pourtant, le groupe néerlandais n’affiche pas une santé financière insolente, à l’inverse du géant américain, proche de devenir la première capitalisation boursière mondiale. Mardi, il a ainsi abaissé ses prévisions de chiffre d’affaires pour 2025. Et il a fait état de prises de commandes deux fois plus faibles qu’attendu au troisième trimestre. “Malgré le potentiel de croissance dans l’IA, d’autres segments mettent plus de temps à se redresser”, reconnaît Christophe Fouquet, le nouveau patron français d’ASML.
Ultraviolet extrême – Fondée en 1984 à Veldhoven, dans la banlieue d’Eindhoven, la société néerlandaise est devenue un chaînon indispensable sur le secteur des semi-conducteurs. Non seulement elle contrôle plus de 60% du marché, devançant très nettement ses rivales japonaises Nikon et Canon. Mais elle possède aussi une position de monopole pour les composants avancés, aux gravures les plus fines, grâce à la lithographie par rayonnement ultraviolet extrême (EUV en anglais), une technique qu’elle est encore la seule à maîtriser. Les puces les plus sophistiquées, des processeurs d’iPhone aux derniers GPU, sont ainsi gravées par ses machines-outils. En cinq ans, son chiffre d’affaires a plus que doublé, atteignant 27,6 milliards d’euros en 2023. Une dynamique que l’essor de l’IA générative devait prolonger, voire accélérer.
Stocks élevés – En début d’année, ASML anticipait ainsi une croissance “significative” de son activité en 2025, pouvant dépasser les 40%. Elle se chiffrera au mieux à 25%. Cet optimisme était motivé par la demande pour les GPU dédiés à l’IA. Et par le rebond de la production sur les autres segments, longtemps pénalisés par le niveau trop élevé des stocks. “La reprise sera plus graduelle que nous le pensions”, admet désormais Christophe Fouquet. Certes, la situation s’est améliorée pour les puces mémoire, en particulier grâce aux derniers modèles dédiés à l’IA. Mais la demande pour les composants destinés à l’automobile et à l’industrie reste faible. Cela signifie que les usines ne tournent pas à plein régime, ce qui n’incite pas les fondeurs à augmenter leurs capacités de production. Et donc à commander des machines chez ASML.
Ventes en Chine – Dans le même temps, les fondeurs ont perfectionné leurs processus industriels, réduisant le nombre d’étapes nécessitant d’utiliser les outils néerlandais. Les pronostics de la société se heurtent aussi aux difficultés d’Intel et de Samsung, qui avaient prévu d’investir massivement pour accroître leurs capacités. Le groupe américain vient notamment de repousser la construction de sa méga-usine allemande. ASML va également faire les frais des tensions géopolitiques. Sous la pression des États-Unis, les Pays-Bas ont en effet renforcé les restrictions d’exportation de ses machines vers la Chine. L’an prochain, ses ventes dans le pays pourraient plonger de plus de 30%, anticipent les analystes d’UBS. Autre inquiétude: l’intérêt des fondeurs pour son dernier modèle, qui affiche un prix catalogue de 350 millions d’euros.
Pour aller plus loin:
– Mécontente aux Pays-Bas, ASML menace d’ouvrir des usines en France
– Après l’échec de son plan de relance, Intel va lancer un plan de sauvetage
Le New York Times menace d'attaquer Perplexity AI en justice
Le New York Times ne rigole pas avec l’intelligence artificielle générative. Après avoir attaqué OpenAI et Microsoft en justice, le grand quotidien américain a envoyé un avertissement à Perplexity AI. Il lui ordonne d’arrêter d’utiliser ses contenus pour alimenter les réponses fournies par son moteur de recherche. Faute de quoi, il n’hésitera pas à le traîner devant les tribunaux pour violation de la propriété intellectuelle. La start-up assure n’avoir rien fait de mal, car elle ne conçoit pas ses propres modèles de langage, qu’elle aurait entraînés avec les archives du journal – ce qui est interdit par les conditions d’utilisation. Elle utilise des modèles existants pour aller chercher les réponses pertinentes sur des sites Internet. “Aucune organisation ne détient un droit d’auteur sur les faits”, indique-t-elle. Lancée en 2022, Perplexity revendique désormais 230 millions de recherches par mois. La jeune entreprise est souvent accusée de piller le travail des journalistes. Cet été, elle a lancé un programme de partage de revenus avec la presse.
Pour aller plus loin:
– Perplexity AI, la start-up qui veut “ringardiser Google”
– Comment OpenAI tente d’éviter de nouvelles poursuites judiciaires
Crédit photos: Flickr / Paolo V - ASML