Uber accélère dans les robots-taxis
Et aussi: La Chine en progrès sur les machines de lithographie – Google remporte (enfin) une bataille contre Bruxelles
Avec l'aide de Google, Uber accélère dans les robots-taxis
En 2014, Travis Kalanick se réjouissait des avancées de Google dans le véhicule autonome. Et imaginait déjà un futur sans “l’autre type” au volant qu’il faut rémunérer, ouvrant ainsi la voie à une baisse importante des prix qui permettrait à Uber de se substituer à l’achat d’une voiture individuelle. Dix ans plus tard, le fondateur et patron de la plateforme américaine de VTC n’est plus en poste, poussé vers la sortie par des investisseurs après une succession de polémiques. Mais sa vision commence à prendre forme. La semaine dernière, Uber a ainsi officialisé un partenariat avec le moteur de recherche qui va lui permettre, début 2025, de déployer des “centaines” de voitures sans conducteur dans les rues d’Atlanta et d’Austin. Une “mobilité magique”, s’enthousiasme Dara Khosrowshahi, son nouveau patron.
Défi technologique – Le chemin suivi par Uber est différent de celui qu’avait tracé son fondateur, qui a dépensé des milliards de dollars pour concevoir en interne des véhicules autonomes. “C’est juste existentiel pour nous, assurait-il alors. Sinon, nous perdrons toute notre activité”. Mais la société n’avait pas anticipé, comme beaucoup d’autres acteurs du secteur, l’ampleur du défi technologique qui l’attendait. Son projet de robots-taxis s’est donc éternisé, sans espoir de générer des retombées financières à court terme. Et il semblait accumuler du retard sur la concurrence. En 2020, la crise sanitaire a eu raison de la patience des dirigeants d’Uber, lancés dans une course aux économies et aux cessions d’actifs non stratégiques. Le projet est abandonné, cédé à la start-up Aurora en échange d’une partie de son capital.
Partenariats – À la place, Uber privilégie désormais des partenariats, évitant ainsi de mener d’importants investissements qui amputeraient sa rentabilité. En août, le groupe s’est d’abord associé avec Cruise, la start-up rachetée par General Motors. Le calendrier reste cependant flou, puisque cette dernière a suspendu l’an passé ses essais sur route, suite à un accident dans les rues de San Francisco. Uber se contente de dire qu’il proposera des trajets avec des voitures de Cruise l’an prochain, mais seulement dans une ville, sans précision. L’accord avec Google, via sa filiale Waymo, est plus concret. Les trajets commenceront “début 2025” avec une flotte de voitures électriques. La plateforme de VTC assurera le nettoyage et les réparations. Son partenaire prendra en charge l’assistance routière et le service client.
Partenaires ou rivaux ? – Cette stratégie n’est pas sans inconvénient. D’abord, la société doit partager les recettes, alors qu’elle aurait pu garder l’intégralité avec ses propres voitures. Ensuite, elle est dépendante du rythme et des priorités de Waymo ou Cruise. Elle ne peut ainsi pas déployer des robots-taxis comme elle le souhaite. Son accord avec Waymo ne concerne pas San Francisco et Los Angeles, que la filiale de Google, qui y opère une flotte, préfère garder pour elle. C’est d’ailleurs le principal risque pour Uber: ses partenaires pourraient très vite devenir des rivaux, avec leur propre service de VTC, potentiellement moins cher – ce qui n’est pas encore le cas. La plateforme mise sur sa taille et sa présence partout dans le monde pour les convaincre de travailler avec elle, plutôt que de la concurrencer.
Pour aller plus loin:
– Les voitures autonomes de Google rattrapées par la patrouille
– Cruise reprend les essais de ses voitures autonomes… avec des conducteurs
Malgré des progrès, la Chine reste très en retard sur les machines de lithographie
Ce n’est encore qu’un simple brevet. Mais il pourrait représenter une avancée technologique majeure pour la Chine, lui permettant de contourner les sévères restrictions d’exportation imposées par les États-Unis et ses alliés sur les puces les plus avancées et les équipements nécessaires à leur production. La semaine dernière, l’équipementier Shanghai Micro Electronics Equipment (SMEE) a rendu public un brevet, déposé l’an passé, portant sur un système de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême (EUV en anglais), rapporte le South China Morning Post. Cette technologie est indispensable pour obtenir les meilleures finesses de gravure, sous les 7 nm. Elle n’est actuellement maîtrisée que par le géant néerlandais ASML. Et son exportation vers la Chine n’a jamais été autorisée par les Pays-Bas.
Précaution – À ce stade, le brevet déposé par SMEE, qui n’a pas encore été validé par les autorités chinoises, doit être considéré avec une grande précaution. D’abord, parce qu’un brevet ne signifie pas que l’entreprise sera effectivement capable de produire un système EUV. Et encore moins que celui-ci pourra être utilisé pour une production à grande échelle. Ensuite, parce que SMEE, fondé il y a plus de 20 ans et placée depuis 2023 sur la liste noire de Washington, n’est pas connu comme un acteur très avancé dans le domaine des machines de lithographie. Ces systèmes par ultraviolet profond (DUV) permettent d’atteindre une finesse de gravure de 90 nm. En décembre 2023, l’un de ses investisseurs avait annoncé une machine permettant de graver des composants en 28 nm. Mais ce modèle n'est pas encore commercialisé.
Dépendance – Le brevet déposé par SMEE témoigne des efforts colossaux de l’industrie chinoise, soutenue financièrement par le gouvernement. L’objectif de Pékin n’est pas seulement de concevoir les puces que le pays ne peut plus acheter, en particulier les dernières cartes graphiques dédiées à l’IA générative. Mais aussi de remonter dans la chaîne, en produisant des galettes de silicium, des gaz industriels et produits chimiques, et des machines de lithographie. Pour ces dernières, 99% du parc installé en Chine proviennent d’ASML et ses rivaux japonais Canon et Nikon. Mais l’accès à ces équipements étrangers est désormais remis en cause. Sous la pression de Washington, La Haye et Tokyo ont en effet mis en place des restrictions d’exportation. Et les États-Unis réclament une interdiction de maintenance des machines déjà déployées.
IA générative – Dans un premier temps, la Chine cherche à développer ses propres systèmes DUV. Mais le chemin reste encore long. Mardi, le ministère de l’industrie s’est félicité de deux avancées dans le domaine, vantant des appareils similaires à des modèles commercialisés depuis des années par ASML. Ensuite, le pays va devoir maîtriser la technologie EUV. Certes, le fondeur SMIC a réussi l’an passé à tirer le potentiel maximum des équipements DUV qu’il possède, gravant pour la première fois à grande échelle, un processeur mobile en 7 nm, conçu avec Huawei. Mais il aura besoin d’appareils EUV pour aller plus loin. L’enjeu est capital, afin de ne pas être dépassée dans le domaine de l’IA générative, qui requiert une importante capacité de calcul. Et donc des puces très performantes dont l’exportation en Chine est interdite.
Pour aller plus loin:
– ASML lance une machine à 350 millions pour graver les prochaines puces
– Ciblée par les États-Unis, la Chine lance la riposte
La justice européenne annule l'amende contre Google Adsense
Google remporte enfin une bataille judiciaire contre Bruxelles. Mardi, le tribunal de l’Union européenne a en effet annulé l’amende de 1,5 milliard d’euros que lui avait infligée la Commission en 2019 pour des pratiques anticoncurrentielles sur le marché de la publicité en ligne. Les juges ont estimé que cette dernière avait commis des “erreurs dans son appréciation” et qu’elle n’avait ainsi pas pu démontrer l’existence d’un abus de position dominante. Au terme de leur enquête, les services antitrust avaient condamné Google pour avoir imposé des clauses d’exclusivité qui imposaient l’utilisation de sa plateforme Adsense aux éditeurs souhaitant ajouter son moteur de recherche sur leurs sites Internet. Cette pratique a pris fin en 2016. Si le géant américain a gagné la première manche, il est probable que la Commission interjettera appel devant la Cour de Justice de l’UE, la plus haute juridiction des Vingt-Sept. Celle-ci vient de confirmer une amende contre Google Shopping. Et doit encore se prononcer sur la sanction contre Android.
Pour aller plus loin:
– Bruxelles menace de démanteler la machine publicitaire de Google
– Google reconnu coupable d’abus de position dominante dans la recherche
Crédit photos: Uber - Unsplash / Laura Ockel