Les cookies font de la resistance
Et aussi: Les robots-taxis de Tesla - Le compte à rebours de TikTok
Google repousse (encore) la fin des cookies tiers
La fin des cookies tiers sur Chrome n’interviendra finalement pas avant 2025. Au mieux… Mercredi, Google a officialisé un nouveau report du projet, présenté en 2020 et qui devait initialement entrer en vigueur deux ans plus tard. Depuis, le moteur de recherche n’a cessé de décaler cette révolution annoncée pour le marché publicitaire, en raison des craintes suscitées par les alternatives qu’il a proposées. Aussi bien auprès des annonceurs et éditeurs de presse, que des régulateurs, en particulier la Competition and Markets Authority, le gendarme antitrust britannique. “Il existe des défis persistants liés à la conciliation des commentaires divergents de l’industrie, des régulateurs et des développeurs”, justifie Google, qui publiera vendredi un rapport trimestriel sur l’avancée des discussions.
Reciblage publicitaire – Les cookies sont des traceurs que l’on trouve partout sur Internet. Ils permettent notamment de réaliser du reciblage publicitaire: afficher des annonces en fonction de l’historique de navigation des internautes. Ils sont donc essentiels pour monétiser des sites Internet. Mais ils sont aussi dénoncés par les associations de défense des libertés numériques. Il y a quatre ans, Google s’était engagé à remplacer les cookies tiers sur son navigateur Chrome, de très loin le plus utilisé dans le monde. Cette mesure, déjà mise en place par Safari et Firefox, avait pour but de promouvoir “un Web plus respectueux de la vie privée”. Elle devait surtout permettre à la société américaine de s’adapter aux nouvelles attentes de ses utilisateurs. Et d’anticiper d’éventuelles directives des autorités.
Alternative critiquée – Le problème pour Google est de trouver une solution qui convient à tout le monde. Pour remplacer les cookies, le groupe de Mountain View propose une boîte à outils, appelée Privacy Sandbox. Au départ, la principale alternative consistait à créer des segments d’audience, les FLoC, regroupant des milliers de personnes partageant les mêmes centres d’intérêt. Mais celle-ci a été fortement critiquée, car elle aurait pu permettre aux annonceurs de cibler encore plus efficacement les internautes, leur permettant d’obtenir des informations auxquelles ils n’ont pas accès avec les cookies. En 2022, Google avait fini par renoncer. Sa nouvelle solution: des thèmes (topics en anglais) assignés aux internautes en fonction des sites Internet qu’ils visitent, comme voyage, littérature, automobile, sports d’équipe…
Négociations – La Privacy Sandbox est encore loin de faire l’unanimité. En février, l’IAB, le lobby américain de l’industrie publicitaire, a publié un rapport très critique, assurant que ces nouveaux outils ne sont pas adaptés à 42 des 44 des cas d’usage étudiés. Dans le même temps, la Cnil britannique estime, dans un rapport obtenu par le Wall Street Journal, que les propositions de Google ne vont pas assez loin pour protéger la vie privée. L’initiative est aussi dans le collimateur des autorités de la concurrence. La Commission européenne étudie son impact dans le cadre d’une procédure antitrust. La CMA est encore plus active. C’est d’ailleurs avec elle que Google négocie directement. L’institution redoute en particulier que ces changements permettent à la société d’accorder un traitement préférentiel à ses propres services publicitaires.
Pour aller plus loin:
– Bruxelles menace de démanteler la machine publicitaire de Google
– Aux États-Unis, Google affronte un procès historique
Face à la baisse de ses ventes, Tesla fonce vers les robots-taxis
Attendu au tournant par les investisseurs de Tesla, Elon Musk assume son virage vers les robots-taxis. Mardi, en marge de la publication de résultats trimestriels en baisse, le patron du constructeur de voitures électriques a certes promis la commercialisation d’un modèle plus abordable début 2025 pour mieux contrer une concurrence accrue, notamment en Chine – rassurant ainsi Wall Street alors que des rumeurs faisaient état d’un abandon du projet. Mais il a surtout insisté sur le lancement d’un véhicule entièrement autonome et d’un service de taxis sans chauffeur, qui seront officiellement dévoilés en août. “Si quelqu’un ne croit pas que nous allons résoudre l’autonomie, il ne devrait pas être un investisseur de l’entreprise”, a-t-il asséné, après avoir détaillé une vision déjà partagée en… 2016.
Promesses – Cette annonce intervient à un moment difficile pour Tesla, qui a enregistré au premier trimestre un repli de 9% de ses livraisons de voitures et de son chiffre d’affaires. En Bourse, son action affichait, avant mercredi, une chute de 42% depuis le début de l’année. Il était donc important pour Elon Musk de faire miroiter des jours meilleurs aux marchés. Son intérêt pour les robots-taxis n’est pas nouveau. Dans son deuxième plan stratégique, présenté il y a huit ans, il évoquait déjà une application à la Uber, s’appuyant sur la flotte existante de Tesla et permettant à leur propriétaire de les ajouter au réseau lorsqu’ils ne les utilisent pas. Et ainsi de gagner un “revenu significatif”. En 2019, il avait promis un lancement dès l’année suivante, anticipant plus d’un million de taxis sans chauffeur dans les rues.
Des progrès, mais… – Il y a deux ans, l’entrepreneur parlait d’une présentation d’une voiture sans pédale ni volant en 2023. Avant une mise en production en 2024. En réalité, les projets d’Elon Musk ne se matérialiseront pas avant plusieurs années encore. Certes, Tesla a réalisé d’importants progrès depuis le lancement de sa fonctionnalité Autopilot en 2015. Son successeur, baptisé full self-driving (FSD), permet désormais aux Tesla de changer de voie ou de s’arrêter à un feu de signalisation. Selon le groupe, il a accumulé plus de 300 milliards de miles (482 milliards de kilomètres) aux États-Unis, seul pays où il a été déployé. Mais il demeure, contrairement à ce que son nom suggère, seulement un système d’aide à la conduite, qui nécessite que les conducteurs conservent leurs mains sur le volant et qu’ils restent vigilants.
Pas encore d’essais – Tesla est donc encore loin du niveau d’autonomie nécessaire pour un service de robots-taxis. Beaucoup d’experts estiment que sa tâche sera difficile en raison d’un choix technologique. Sa fonctionnalité FSD repose en effet principalement sur des caméras, quand les autres acteurs du secteur utilisent un lidar, un système de laser qui cartographie l’environnement. L’autre obstacle pour Tesla sera réglementaire. Avant d’être autorisé à déployer des voitures autonomes sans la présence d’un opérateur, la société va devoir accumuler les kilomètres d’essai, sauf dans quelques États américains, comme le fait par exemple Waymo, la filiale de Google. Or, elle n’a pas encore entrepris la moindre démarche auprès des autorités. Sans oublier que les récents déboires de Cruise vont certainement inciter à plus de prudence.
Pour aller plus loin:
– Cruise reprend les essais de ses voitures autonomes… avec des conducteurs
– Apple abandonne son projet de voiture électrique autonome
Le compte à rebours est lancé pour TikTok aux États-Unis
360 jours maximum pour trouver un acheteur. Mercredi, Joe Biden a promulgué une loi pour forcer la vente des activités américaines de TikTok sous peine d’interdiction de l’application de vidéo aux États-Unis. Le texte, adopté en seulement quelques jours par le Congrès, va cependant être contesté devant la justice par la filiale du groupe chinois ByteDance, qui l’estime contraire au premier amendement de la Constitution américaine. Pour éviter un revers judiciaire, Washington va devoir apporter la preuve que l’application représente bien une menace pour la sécurité nationale, en permettant par exemple à Pékin de mener des campagnes d’influence en manipulant l’algorithme de recommandations. Autre défi: trouver un acheteur capable de signer un chèque pouvant atteindre 100 milliards de dollars ou mettre en place un montage financier complexe… tout en ne mettant probablement pas la main sur l’algorithme – le gouvernement chinois a déjà indiqué qu’il s’opposerait à une vente de cette technologie.
Pour aller plus loin:
– Une vente ou une interdiction: les États-Unis s’attaquent de nouveau à TikTok
– ByteDance, la maison mère de TikTok, se rapproche de Meta
Crédit photos: Unsplash / Jonathan Kemper - Tesla