Nvidia voit encore plus grand
Et aussi: Nouvelle avancée de Huawei - Rebond des ventes de smartphones
Porté par l'euphorie autour de l'IA, Nvidia vise le marché du cloud
Un chiffre d’affaires multiplié par trois au troisième trimestre de son exercice fiscal. Et des profits multipliés par 14, tout près de la barre symbolique des dix milliards de dollars. Nvidia n’en finit plus de surfer sur l’engouement autour de l’intelligence artificielle générative pour atteindre de nouveaux sommets – qui ont porté sa capitalisation boursière au-delà des 1.000 milliards. Le groupe de Santa Clara enregistre toujours une très forte demande pour ses cartes graphiques (GPU), considérées comme les plus performantes pour entraîner et faire tourner les derniers modèles d’IA. Et il compte désormais profiter de sa position de force pour viser de nouveaux horizons, à commencer par l’immense marché du cloud. Quitte à marcher sur les plates-bandes des grands acteurs du secteur, qui sont aussi… ses principaux clients.
20.000 dollars par mois – Le cloud est l’autre grand gagnant de l’émergence de l’IA générative, car peu d’entreprises disposent de la puissance de calcul nécessaire. Baptisée DGX Cloud et officiellement lancée cet été, l’offre de Nvidia est particulière. Elle ne repose pas sur une infrastructure propre: elle est hébergée par d’autres plateformes cloud, celles de Microsoft, Google et Oracle. Le service donne accès à un ou plusieurs systèmes DGX, composés de 8 GPU dédiés à l’IA. Un système vendu entre 200.000 et 400.000 dollars, selon le modèle de GPU utilisé, “sans compter les coûts liés au stockage et au réseau”, précise Serge Palaric, un responsable de Nvidia en France. DGX Cloud est, lui, proposé à partir de 19.699 dollars par mois. Un prix qui a été divisé par deux par rapport au tarif de lancement “pour stimuler la demande”.
“AI factory” – Pour se démarquer des grandes plateformes de cloud, Nvidia met en avant un “écosystème complet de calcul”, comprenant des cartes graphiques, mais aussi des logiciels et des modèles d’intelligence artificielle générative . “C’est une AI factory dans laquelle toutes les briques possibles sont disponibles pour permettre à nos clients de développer leurs applications”, explique Serge Palaric. DGX Cloud permet ainsi d’accéder à des modèles open source, notamment Llama de Meta et Mistral de la start-up française éponyme. Et aussi à un catalogue de modèles pré-entraînés, conçus par Nvidia, permettant à des entreprises de bâtir des modèles personnalisés à partir de leurs propres données. Et ainsi de concevoir des robots conversationnels ou des assistants optimisés pour leur domaine d’activité.
Refus d’Amazon – Les ambitions du fabricant de GPU pourraient le transformer en rival des géants de cloud, réduits au rôle d’intermédiaires au sein de DGX Cloud, laissant ainsi échapper une partie de la valeur. “Nous ne sommes pas concurrents, répond Serge Palaric. Nous fournissons un service différent”. Amazon Web Services n’a pas souhaité participer, estimant que le modèle économique “ne faisait pas sens”, d’après Reuters. Nvidia discute désormais avec ses partenaires pour qu’ils proposent directement son offre à leurs clients. Des négociations facilitées par l’importance de ses puces d’IA ? “C’est difficile de leur refuser quelque chose”, souffle un acteur du marché. Et même si Nvidia réfléchirait aussi à lancer ses propres data centers, selon The Information, ce qui le placerait en concurrence frontale avec AWS, Microsoft et Google.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi Microsoft lance sa propre puce dédiée à l’IA
– Nvidia soupçonné de pratiques anticoncurrentielles
Malgré les sanctions américaines, Huawei lance de nouvelles puces d'IA
Privé depuis quelques semaines des indispensables cartes graphiques (GPU) de Nvidia par les États-Unis, Baidu n’a pas tardé à trouver une alternative… en Chine. Dès le mois d’août, anticipant de nouvelles restrictions d’exportation, le moteur de recherche chinois s’est en effet tourné vers Huawei, lui commandant près de 2.000 unités de sa dernière puce dédiée à l’intelligence artificielle générative, selon des informations de la presse locale, confirmées depuis par l’agence Reuters. Cette puce doit lui permettre d’entraîner puis de faire tourner ses modèles d’IA, alimentant notamment son chatbot Ernie, lancé cet été. Elle représente surtout une nouvelle avancée technologique majeure pour le pays, alors que Washington tente depuis un peu plus d’un an de lui couper l’accès aux composants les plus puissants.
Progrès inattendus – Les mesures américaines laissent désormais le champ libre à Huawei, qui avait déjà lancé une puce d’IA, alors présentée comme la plus puissante du marché, en 2018. Une autre époque, avant l’émergence de l’IA générative. Et surtout avant que le groupe de Shenzhen ne soit placé, à l’automne 2020, sur une liste noire par Washington, l’empêchant d’utiliser les indispensables logiciels de conception, essentiellement américains, et de faire graver ses composants par le taïwanais TSMC, le seul à maîtriser les gravures les plus fines. Baptisée Ascend 910B, la nouvelle puce constitue donc un succès inattendu pour Huawei. Celui-ci a été rendu possible par les progrès de sa filiale HiSilicon et du fondeur chinois SMIC, déjà à l’origine du processeur équipant son premier smartphone 5G depuis trois ans.
“Comparable aux A100” – Les détails techniques sont quasiment inexistants. Et pour cause: l’Ascend 910B n’a jamais été dévoilée publiquement par Huawei, qui ne souhaite pas attirer l’attention de Washington sur ses avancées. D’après Reuters, la carte graphique est gravée en 7 nm, une finesse de gravure que commence à maîtriser SMIC. Ses capacités seraient “comparables avec celles des A100 de Nvidia”, selon le patron d’iFlyTek, une société chinoise spécialisée dans la reconnaissance vocale et dans la traduction instantanée. Les GPU A100 ont longtemps été les plus utilisés dans le secteur, permettant par exemple d’entraîner les premières versions de GPT, le grand modèle de langage qui alimente le robot conversationnel ChatGPT. Ils ont depuis été supplantés par les H100, la nouvelle référence du secteur.
Nvidia s’inquiète – Autrement dit, les puces 910B n’offrent qu’une alternative limitée aux composants de Nvidia, en particulier pour le développement des prochains modèles d’IA. Mais Huawei prévoit de lancer une troisième version en 2024, qui sera notamment utilisée par un laboratoire de recherche pour bâtir un puissant supercalculateur, affirme le média chinois Caixin. Un scénario redouté par Nvidia, vent debout contre les restrictions américaines. Au-delà de l’impact sur son chiffre d’affaires, limité par la forte demande dans les autres pays, ses dirigeants s’inquiètent surtout des conséquences à long terme, craignant une forte accélération des efforts chinois pour développer des puces rivales. C’est pour cela qu’il s’apprête à lancer de nouveaux GPU lui permettant d’échapper aux dernières sanctions.
Pour aller plus loin:
– Les États-Unis interdisent à Nvidia d’exporter ses puces d’IA vers la Chine
– Comment Huawei a pris sa revanche sur les États-Unis
Après deux ans de baisse, les ventes de smartphones repartent de l'avant
Après 27 mois consécutifs de baisse, les ventes de smartphones ont renoué avec la croissance en octobre. Une croissance très modeste: seulement 5%, selon les estimations du cabinet Counterpoint. Espéré depuis des mois par l’ensemble du secteur, ce rebond est principalement tiré par les marchés émergents. Portée par une période de fêtes, l’Inde a apporté la plus grosse contribution à la croissance du marché. En Chine, les ventes ont progressé de 11% en octobre, notamment grâce aux excellentes performances de Huawei. Counterpoint estime que cette tendance positive va se poursuivre en novembre et en décembre. Et anticipe donc une croissance des ventes au quatrième trimestre. Cela mettrait fin à neuf trimestres consécutifs de baisse, qui ont fait plonger le marché à son plus bas niveau en dix ans. Les fabricants espèrent un rebond encore plus marqué en 2024, alors que les consommateurs devraient remplacer les smartphones achetés il y a trois ans, période marquée par de fortes ventes.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les ventes de smartphones devraient rebondir
– Comment l’Europe a forcé Apple à changer le chargeur de l’iPhone
Crédit photos: Nvidia - Huawei