L'incroyable come-back d'Honor
Et aussi: Microsoft lance sa puce d'IA - Meta conteste le DMA
L'incroyable come-back d'Honor, la marque cédée par Huawei
Un smartphone pliable qui ressemble à un sac à main. Présenté en septembre lors du salon IFA de Berlin, cet appareil concept ne verra peut-être jamais le jour. Mais il symbolise les ambitions retrouvées d’Honor. Trois ans après sa vente forcée, la marque chinoise, anciennement détenue par Huawei, réalise en effet un incroyable come-back, concrétisé au troisième trimestre par un retour à la première place du marché chinois. Selon les estimations du cabinet Counterpoint, sa part de marché s’est élevée à 18,3% sur la période. En 2020, elle était tombée à seulement 3%. Fort de ce succès à domicile, Honor ambitionne désormais de “monter en puissance” à l’international, après deux années passées à rebâtir son offre commerciale et ses réseaux de distribution, assure Frédéric Gulesserian, le directeur commercial en France.
Sacrifiée par Huawei – Lancée en 2011, Honor se différencie alors de son ancienne maison mère par son modèle de distribution, principalement en ligne, et par la cible visée, les adolescents et les jeunes adultes. Ses smartphones se situent dans le milieu de gamme, quand Huawei privilégie davantage l’entrée de gamme et les modèles premium. En 2019, la marque écoule plus de 60 millions de terminaux dans le monde, se classant au septième rang mondial. Mais elle est rattrapée en septembre 2020 par de sévères sanctions imposées par les États-Unis. Elle est ainsi rapidement sacrifiée par Huawei, qui préfère réserver ses stocks limités de composants pour ses propres smartphones. Honor est rachetée par un consortium de plus de 30 entreprises privées et publiques, pour un prix estimé à 100 milliards de yuans (12,7 milliards d’euros).
Appareils premium – Cette opération lui permet d’échapper aux restrictions américaines. Mais les analystes doutent alors de sa capacité à être véritablement compétitive sans le soutien financier, la chaîne logistique et l’accès à la recherche et développement de Huawei. Pour relever la tête, la société a massivement embauché, ouvrant notamment quatre centres de R&D. Sur le plan commercial, elle a étendu sa présence en magasins, dans les boutiques des opérateurs et dans les grandes enseignes de distribution. Elle a aussi lancé de nouveaux appareils pour élargir sa gamme de produits, en particulier vers le premium. “Nous ne sommes plus contraints de suivre la même stratégie de marque qu’au sein du groupe Huawei, ce qui nous permet d’être présents sur tous les segments du marché”, souligne Frédéric Gulesserian.
Image de marque – En Europe, le rebond des ventes n’est pas aussi spectaculaire. Mais la marque assure se rapprocher des niveaux touchés en 2019. En France, elle revendique ainsi la quatrième place. Elle ne figure cependant pas encore dans le top 5 sur l’ensemble du continent, selon Counterpoint. Pour le moment, la majorité de ses ventes se concentrent sur des appareils autour des 400 euros. Honor souhaite désormais monter en gamme. “Nous avons un vrai potentiel de progression sur le haut de gamme”, anticipe son directeur commercial français. Pour y parvenir, elle prévoit d’augmenter ses budgets marketing. Et aussi de lancer son premier smartphone pliable sur le continent. Un appareil qui se vendra peu, mais qui doit contribuer à enraciner une image de marque premium auprès des consommateurs.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les fabricants de smartphones misent sur les appareils pliables
– Comment Google gagne du terrain sur le marché des smartphones
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Pourquoi Microsoft lance sa propre puce dédiée à l'intelligence artificielle
Dans la course à l’intelligence artificielle générative, Microsoft veut limiter sa dépendance aux cartes graphiques de Nvidia. Mercredi, le géant de Redmond a ainsi dévoilé son tout premier GPU conçu en interne. Baptisé Maia 100, celui-ci doit permettre d’entraîner et de faire tourner les derniers modèles d’IA, deux tâches qui requièrent une importante puissance de calcul. Et qui se traduisent par des coûts très élevés. Il n’a cependant pas vocation à remplacer les composants de Nvidia, considérés comme les plus performants du marché, mais plutôt d’accompagner l’explosion attendue de la demande, alors que les services de génération de textes ou d’images sont appelés à se généraliser. L’objectif est double: abaisser une facture qui commence à grimper et se mettre à l’abri de ruptures de stock.
Testés par OpenAI - Le groupe américain travaille depuis quatre ans sur cette puce dédiée à l'IA, sous la direction notamment de Rani Borkar, une ancienne dirigeante d'Intel. Mais le projet, connu jusqu'à présent sous l’appellation Athena, est passé à la vitesse supérieure après le lancement en fanfare du robot conversationnel ChatGPT, entraîné sur un supercalculateur de Microsoft qui a représenté un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars. Les GPU Maia sont déjà testés par OpenAI, la start-up qui a conçu ChatGPT et qui compte Microsoft comme principal actionnaire. Ils sont testés en interne, pour faire tourner les services d'IA proposés par le moteur de recherche Bing et la suite bureautique Office. Et ils devraient être déployés à plus grande échelle l'an prochain sur l'offre de cloud Azure.
Dépendance risquée – Avec sa propre puce, l’éditeur de Windows espère sortir, au moins partiellement, d’une situation risquée de dépendance. Ces derniers mois, Nvidia a en effet bien du mal à répondre à la demande pour ses cartes graphiques dédiées – son carnet de commandes est déjà complet pour 2024. En être privé, même temporairement, pourrait retarder les efforts de Microsoft, au profit de ses concurrents. Mercredi, la société a d’ailleurs annoncé qu’elle allait aussi acheter des GPU d’IA conçus par AMD. Dans le même temps, le projet Athena présente deux autres avantages. D’abord, il doit offrir, à terme, des économies. Ensuite, il doit permettre d’optimiser les GPU avec les logiciels maison et de travailler sur des améliorations jugées prioritaires, sans attendre qu’elles ne soient apportées par Nvidia.
Comme Google – La stratégie de Microsoft n’est pas surprenante. Le groupe a déjà développé des puces pour les serveurs d’Azure. Surtout, il suit la voie ouverte par Google et Amazon, ses deux principaux rivaux sur les marchés de l’intelligence artificielle et du cloud. Dans le domaine, le moteur de recherche semble le plus avancé avec ses puces TPU. Celles-ci sont utilisées en interne depuis plusieurs années dans les projets d’IA, notamment pour les derniers modèles de langage. Elles sont aussi mises à disposition des clients de son offre de cloud. Même chose chez le géant du commerce en ligne, qui a conçu deux GPU, Trainium et Inferentia, dédiés à l’entraînement et à l’inférence (le processus de génération de contenus). Comme ses rivaux, Microsoft ne prévoit pas de vendre ses GPU à l’extérieur.
Pour aller plus loin:
– Nvidia soupçonné de pratiques anticoncurrentielles
– Rival auto-proclamé de Nvidia, Graphcore est dans une situation critique
Meta conteste le DMA devant la justice européenne
En attendant probablement Apple et peut-être TikTok, Meta est le premier géant technologique à contester officiellement le Digital Markets Act devant la justice européenne. Mercredi, la maison mère de Facebook et Instagram a saisi le Tribunal de l’UE pour remettre en cause l’inclusion de sa messagerie Messenger et de sa plateforme de petites annonces Marketplace. Si ces deux services dépassent le nombre d’utilisateurs fixé par Bruxelles, le groupe américain estime qu’ils ne devraient pas être concernés par ce nouveau cadre réglementaire, qui entrera en vigueur en mars 2024 pour renforcer la concurrence dans le numérique. Messenger n’est qu’une partie de l’application Facebook, explique-t-il. Et Marketplace n’est utilisé que par les particuliers, ajoute-t-il. Meta ne conteste, en revanche, pas l’inclusion de Facebook, Instagram et WhatsApp. Mercredi, Google et Microsoft ont, eux, annoncé qu’ils ne saisiront pas la justice européenne.
Pour aller plus loin:
– Six géants technologiques ciblés par le Digital Markets Act européen
– Pourquoi iMessage se retrouve au coeur d’une bataille de lobbying à Bruxelles
Crédit photos: Deezer - Amazon