OpenAI accélère sa monétisation
Et aussi: La Californie encadre l'IA – Du changement à la tête de Spotify
Publicité, e-commerce, réseau social... Comment OpenAI veut accélérer sa monétisation
Annoncées coup sur coup cette semaine, les deux initiatives symbolisent la volonté d’OpenAI d’accélérer la monétisation de l’immense audience de ChatGPT, au-delà des abonnements payants et de l’arrivée programmée de publicités dans les réponses. Objectif: ouvrir de nouveaux relais de croissance alors que ses pertes restent abyssales. Lundi, la start-up vedette de l’intelligence artificielle générative a d’abord ajouté la possibilité de réaliser des achats sans jamais quitter le chatbot, utilisé chaque semaine par 700 millions de personnes. Elle prélèvera des commissions, dont le taux n’est pas précisé, sur chaque transaction. Mardi, elle a dévoilé une nouvelle application mobile proposant de créer et partager de courtes vidéos générées par l’IA. Une plateforme à la TikTok qui pourrait à terme devenir un levier de recettes publicitaires.
Utilisateurs gratuits – Pour l’heure, OpenAI dispose de deux sources de revenus. D’un côté, ses API (interfaces de programmation), qui permettent aux développeurs d’intégrer ses modèles dans leurs propres services. De l’autre, ses abonnements, donnant accès à des fonctionnalités avancées et à des limites d’utilisation plus élevées. Au printemps, l’entreprise a franchi le cap des 20 millions de clients. Mais les utilisateurs gratuits ne lui rapportent rien, tout en générant des coûts importants d’inférence (le processus de génération des textes ou images). “Les gens riches paient pour donner un accès gratuit aux plus pauvres”, résume Sam Altman, le patron d’OpenAI. Selon The Information, la société prévoit a ainsi de consommer 8,5 milliards de dollars de trésorerie cette année, pour un chiffre d’affaires qui devrait grimper à 13 milliards, 3,5 fois plus que l’an passé.
Achats sur ChatGPT – Pour monétiser ses utilisateurs gratuits, OpenAI mise d’abord sur le commerce en ligne. Les chatbots commencent à transformer les habitudes des consommateurs, remplaçant peu à peu des recherches effectuées sur Google ou Amazon. Leur avantage: pouvoir répondre à des requêtes plus précises, tout en promettant d’offrir des recommandations personnalisées. Consciente du potentiel, la start-up a intégré en avril des suggestions de produits dans ses réponses, accompagnées de boutons “acheter” redirigeant vers des sites marchands. Aux États-Unis, les utilisateurs peuvent désormais finaliser leurs achats en quelques clics, directement sur ChatGPT. Pour l’instant, la fonctionnalité est réservée aux vendeurs de la plateforme Etsy, mais elle devrait bientôt s’étendre au million de commerçants utilisant les solutions e-commerce de Shopify.
Première étape – En optant pour un système de commissions, OpenAI adopte un modèle économique très différent de Google Shopping. Celui du moteur de recherche, lui, repose sur des produits sponsorisés: pour apparaître dans les premiers résultats, les e-commerçants doivent participer à des enchères. Sur ChatGPT, les recommandations de produits restent organiques, basées notamment sur les guides de sites spécialisés. L’entreprise promet aussi qu’elle ne donnera pas la priorité aux produits disponibles en achat direct, sur lesquels elle gagne de l’argent. Reste que le modèle doit encore faire ses preuves. Déjà testés par les réseaux sociaux, ce type d’achats n’ont pas rencontré le succès espéré. Ce pourrait cependant n’être qu’une première étape pour OpenAI en attendant l’essor du commerce agentique, permettant à ChatGPT d’effectuer des achats de manière autonome.
Bientôt des publicités ? – Parallèlement, le virage publicitaire d’OpenAI apparaît de plus en plus inéluctable. En juin, Sam Altman a reconnu qu’il n’y était “pas totalement opposé”, à condition de le mener “avec beaucoup d’attention”. Si les formats restent à définir, il promet de ne jamais modifier les réponses au profit d’un annonceur. Pour préparer ce changement, la société a nommé la Française Fidji Simo, ancienne de Meta, au poste de codirectrice générale. Elle a également recruté Kevin Weil comme directeur des produits, poste qu’il occupait chez Instagram au moment du déploiement des premières publicités. Et aussi embauché Shivakumar Venkataraman, un profil plus technique: il a été pendant six ans le responsable de l’ingénierie publicitaire de Google. Selon The Verge, OpenAI serait désormais à la recherche d’un responsable de la publicité.
Concurrencer TikTok – Baptisée Sora, du nom du modèle maison de génération de vidéos, l’application lancée par OpenAI poursuit un double objectif. À court terme, elle vise à capter une audience supplémentaire, plutôt que de voir les clips réalisés avec son nouveau modèle Sora 2 s’échanger sur d’autres réseaux sociaux – comme cela a été le cas après le lancement de son générateur d’image 4o. La start-up n’est pas la seule à croire au potentiel des créations d’IA: Meta vient de lancer une fonctionnalité similaire directement sur Instagram. Sora possède cependant un avantage de taille, permettant d’utiliser son visage ou celui de ses amis pour générer des vidéos. À plus long terme, si le succès est au rendez-vous, OpenAI pourra ouvrir sa plateforme aux marques, et ainsi capter une part du gigantesque marché publicitaire actuellement partagé entre TikTok et Instagram.
Pour aller plus loin:
– Nvidia va investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans OpenAI
– Pourquoi OpenAI recrute la Française Fidji Simo pour épauler Sam Altman
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Aux États-Unis, les géants de l’IA perdent une bataille contre la réglementation
Dans leur intense bataille de lobbying contre tout encadrement de l’intelligence artificielle générative, les géants du secteur viennent de subir un premier revers aux États-Unis. Mardi, la Californie est devenue le premier État à se doter d’un cadre réglementaire visant à limiter les risques liés au développement rapide de cette technologie. Celui-ci ne concerne que les concepteurs de modèles réalisant plus de 500 millions de dollars de chiffre d’affaires. Il leur impose de rendre public leurs protocoles de sécurité, intégrant les “meilleures pratiques” – y compris celles prévues par l’AI Act européen –, et de signaler aux autorités tout incident. En cas de manquement, des amendes sont prévues, mais leur montant est limité à un million de dollars. Le texte prévoit enfin une protection pour les lanceurs d’alerte qui révéleraient des risques “significatifs”.
Version édulcorée – Si ce cadre réglementaire constitue une première outre-Atlantique, sa portée reste finalement assez limitée. Bien loin en tout cas des ambitions initiales des parlementaires californiens. L’an passé, la première version de la législation avait été bloquée à la dernière minute par le gouverneur de l’État, sous la pression de plusieurs entreprises et fonds d’investissement de la Silicon Valley. Les dispositions les plus contraignantes ont ainsi disparu. Désormais, la loi n’impose plus de tests de sécurité avant le déploiement de nouveaux modèles. Elle supprime aussi l’obligation de réaliser chaque année des audits indépendants sur les protocoles de sécurité et d’intégrer un mécanisme de désactivation d’une IA en cas de menaces graves. Et elle n’autorise plus la justice à engager de poursuites en cas de “préjudice grave”.
Financement électoral – La réglementation californienne pourrait faire école. À New York, un texte similaire a déjà été adopté, mais n’a pas encore été signé par la gouverneure. Et une centaine de propositions sont en discussion dans d’autres États. C’est le scénario tant redouté par les acteurs de l’IA, qui militent pour une législation au niveau fédéral – où un compromis entre la majorité républicaine et les élus démocrates semble peu probable. Au printemps, leur lobbying acharné à la Maison-Blanche avait porté ses fruits: ils avaient obtenu une interdiction d’encadrer l’IA au niveau des États pour dix ans. Mais cette disposition avait été retirée in extremis par le Sénat. Depuis, leur bataille continue. Fin août, Meta et le fonds Andreessen Horowitz ont créé des comités d’action politique pour financer des candidats locaux hostiles à toute réglementation.
Pour aller plus loin:
– L’Europe refuse de reporter l’entrée en vigueur de l’AI Act
– Le double discours d’OpenAI sur la régulation de l’IA
Daniel Ek passe la main à la tête de Spotify
Vingt ans après avoir lancé Spotify, Daniel Ek va prendre du recul. À partir du 1er janvier 2026, le fondateur de la plateforme suédoise de streaming musical laissera son poste de directeur général pour devenir président exécutif. Il sera remplacé par un duo composé d’Alex Norström, l’actuel directeur commercial, et de Gustav Söderström, aujourd’hui directeur des produits et de la technologie. Cette transition, qui intervient alors que Spotify, devenu le numéro un incontesté du secteur, vient de dégager ses premiers profits annuels, est relativement courante dans les grandes entreprises technologiques. Elle doit permettre à Daniel Ek de se focaliser sur “les décisions qui façonneront la prochaine décennie de Spotify”, explique-t-il, sans gérer l’entreprise au quotidien. Le milliardaire souhaite également consacrer plus de temps à son fonds d’investissement Prima Materia, avec lequel il s’était engagé en 2020 à injecter un milliard d’euros dans des start-up européennes. Il a notamment investi dans la société allemande Helsing, qui ambitionne de déployer des logiciels d’intelligence artificielle sur les champs de bataille.
Pour aller plus loin:
– Spotify améliore son offre gratuite, au risque de perdre des abonnés payants ?
– Seize ans après son lancement, Spotify affiche ses premiers profits annuels
Crédit photos: OpenAI – Unsplash / Solen Feyissa