Le patron de la dernière chance pour Intel
Et aussi: OpenAI veut s'émanciper de Microsoft... qui veut s'émanciper d'OpenAI
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En grandes difficultés, Intel se dote d'un nouveau patron
Peut-il être le sauveur providentiel d’Intel ? Mercredi, le fabricant américain de semi-conducteurs a officialisé l’arrivée de Lip-Bu Tan au poste de directeur général. Figure respectée du secteur, et ancien membre du conseil d’administration, celui-ci faisait partie des grands favoris pour prendre la succession de Pat Gelsinger, poussé à la retraite anticipée fin 2024 après l’échec de son ambitieux plan de relance. Sa mission “ne sera pas facile”, reconnaît-il, dans un message adressé aux employés. Et pour cause: Intel a accusé l’an passé sa première perte annuelle en près de vingt ans. Ses positions sont menacées sur ses marchés historiques, les processeurs pour ordinateurs et serveurs. Sa nouvelle activité de fonderie tarde à décoller. Et ses efforts dans les cartes graphiques dédiées à l’intelligence artificielle ne portent pas leurs fruits.
“Profil idéal” – Contrairement à son prédécesseur, Lip-Bu Tan n’est pas un pur produit de la maison. Il a acquis ses lettres de noblesse chez Cadence Design Systems, l’un des deux spécialistes américains des indispensables logiciels EDA de conception de puces, qu’il a dirigé pendant plus de dix ans. En 2022, il a été nommé administrateur d’Intel, notamment pour apporter son expérience à la branche fonderie. Mais il a démissionné de son poste à peine deux ans plus tard, en raison de désaccords stratégiques. “Il affiche le profil idéal, à savoir une combinaison d’expérience dans le design et dans la fabrication”, souligne l’analyste Patrick Moorhead. À Wall Street, où l’action d’Intel a chuté de 60% depuis décembre 2023, les investisseurs semblent convaincus. Comme ils l’avaient été au printemps 2021 lors de la nomination de Pat Gelsinger…
Vente de la fonderie ? – La première tâche Lip-Bu Tan sera de décider du sort de l’activité fonderie. Lancée en 2021, celle-ci consiste à graver des composants conçus par d’autres, une révolution pour Intel qui a historiquement bâti son modèle sur l’intégration verticale. Pat Gelsinger prévoyait ainsi d’investir plus de 100 milliards de dollars afin de bâtir de nouvelles usines aux États-Unis et en Europe. Certes, la société a signé quelques contrats emblématiques, notamment pour produire les puces d’IA de Microsoft et d’Amazon. Mais sa fonderie accumule de très lourdes pertes. De nombreux investisseurs réclament à la société de s’en séparer. Un scénario écarté par la précédente direction, qui comptait sur le prochain déploiement d’une nouvelle technique de gravure, devant permettre de combler le retard technologique accumulé sur TSMC.
Modèle fabless – Le géant taïwanais a d’ailleurs commencé à étudier le dossier, se rapprochant de potentiels partenaires américains pour créer une coentreprise – condition nécessaire pour obtenir un feu vert de Washington. Mais le nouveau patron ne semble, lui aussi, pas favorable à une vente, expliquant vouloir faire d’Intel “une fonderie de premier plan”. Pour Patrick Moorhead, la réflexion stratégique doit même aller au-delà. Elle doit porter sur l’ensemble de l’activité de production, qui serait alors entièrement sous-traitée. Le groupe de Santa Clara adopterait ainsi le modèle dit fabless, qui est devenu la norme dans l’industrie. Et il pourrait concentrer ses efforts sur ses CPU pour PC, sous la menace de rivaux conçus avec l’architecture ARM, et sur ses puces d’IA Gaudi. En cas d’échec, une vente à la découpe pourrait être inévitable.
Pour aller plus loin:
– La production pour TSMC, la conception pour Broadcom: vers un démantèlement d’Intel ?
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU
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OpenAI sort le chéquier pour s'émanciper un peu plus de Microsoft
OpenAI n’a pas perdu de temps. Deux mois après avoir mis fin à la clause d’exclusivité qui le liait à Microsoft, le concepteur de ChatGPT a signé un partenariat commercial avec CoreWeave. D’un montant de 11,9 milliards de dollars sur cinq ans, celui-ci va lui permettre d’entraîner et de faire tourner ses modèles d’intelligence artificielle générative sur cette plateforme de cloud spécialement dédiée à ces tâches. Son principal client était jusqu’à présent… Microsoft, qui faisait appel à ses services pour trouver des capacités de calcul supplémentaires, notamment au profit… d’OpenAI. Cette annonce symbolise les énormes besoins de puissance informatique de cette derniere, lancée dans une course au gigantisme. Elle montre aussi que la réussite de son ambitieuse feuille de route dépend de moins en moins de son partenaire historique.
Cloud exclusif – Les relations avec Microsoft remontent à 2019. Quatre ans après son lancement, OpenAI a alors besoin de liquidités pour poursuivre ses travaux. Le groupe de Redmond injecte d’abord un milliard de dollars, dont une partie en crédit cloud. Au fil des ans, son investissement monte à environ 13 milliards. En contrepartie, la start-up dirigée par Sam Altman accepte de n’utiliser que les serveurs d’Azure, la plateforme de cloud de son principal actionnaire. Elle lui octroie aussi la distribution exclusive de l’ensemble de ses modèles dans le cloud. Et la majorité de ses profits jusqu’à un certain montant. Ces derniers mois, les relations entre les deux partenaires sont devenues plus compliquées. OpenAI reprochait notamment à Microsoft de ne pas lui fournir les ressources informatiques nécessaires pour entraîner ses nouveaux modèles.
500 milliards – Face à cette limite, OpenAI avait obtenu cet été l’autorisation de Microsoft pour signer un contrat avec Oracle, prévoyant la construction d’un data center destiné à ses modèles. Le chantier a déjà débuté au Texas. L’ouverture est attendue avant la fin de l’année. Cet accord a débouché début janvier sur un projet encore plus démesuré. Baptisé Stargate et annoncé en grande pompe à la Maison Blanche, celui-ci vise à investir 500 milliards de dollars en quatre ans pour construire aux États-Unis une vingtaine de centres de données géants destinés aux prochains modèles de l’entreprise. Une étape essentielle, assure Sam Altman, pour concevoir une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule. Des doutes subsistent cependant sur le financement de ce projet – et encore plus après les récentes avancées de la start-up chinoise DeepSeek.
Renégociation – La fin de la relation d’exclusivité avec Microsoft a été précipitée par les doutes des dirigeants du concepteur de Windows, qui avaient peu apprécié la tentative d’éviction de Sam Altman. Et qui s’inquiétaient d’une dépendance jugée dangereuse, alors même qu’OpenAI commençait à commercialiser lui-même ses outils auprès des entreprises. Fin 2023, ils refusent ainsi d’injecter des milliards de dollars supplémentaires dans le spécialiste de l’IA, l’obligeant à aller chercher de l’argent auprès d’autres investisseurs. Dans le cadre de cette levée de fonds, OpenAI s’est engagé à changer de statut juridique, afin de pouvoir redistribuer librement ses profits. Cette transition représente une source de tension supplémentaire avec Microsoft. Elle nécessite en effet que les deux partenaires renégocient les termes de leur accord initial.
Pour aller plus loin:
– Comment OpenAI s’adapte aux avancées de DeepSeek
– Pour contrarier Sam Altman, Elon Musk propose de racheter (en partie) OpenA
Microsoft a conçu ses propres modèles d'IA pour être moins dépendant d'OpenAI
Microsoft n’a jamais caché son intention de concevoir ses propres modèles d’IA, en particulier après avoir débauché il y a un an les équipes de la start-up Inflection AI – dont son patron Mustafa Suleyman, l’un des fondateurs de DeepMind, le laboratoire d’intelligence artificielle racheté en 2014 par Google. Selon The Information et Bloomberg, le géant de Redmond touche du but. Ses premiers modèles, appelés MAI, affichent des performances similaires à ceux d’OpenAI et d’Anthropic. Et ils pourraient bientôt être déployés au sein de Copilot, l’assistant d’IA que la société a intégré à de nombreux produits maison. Pour le moment, celui-ci tourne surtout sur les modèles d’OpenAI, partenaire historique de Microsoft dans lequel il a investi environ 13 milliards de dollars. Le groupe travaille aussi sur des modèles de raisonnement, capables de réaliser des tâches plus complexes. Parallèlement, ses dirigeants étudient la possibilité d’utiliser des modèles conçus par Anthropic, DeepSeek, xAI d’Elon Musk et même Meta. Non seulement ils souhaitent réduire leur dépendance à OpenAI, mais ces changements pourraient aussi leur permettre d’abaisser les coûts de fonctionnement de Copilot.
Pour aller plus loin:
– Les États-Unis enquêtent sur l’étrange accord entre Microsoft et Inflection AI
– Les coûts de l’intelligence artificielle menacent de freiner son adoption
Crédit photos: Intel – Microsoft