La revanche des lunettes connectées
Et aussi: Klarna va entrer en Bourse - Le fiasco de Just Eat aux États-Unis
Grâce à l'IA, les lunettes connectées deviennent tendance
Les lunettes présentées mardi par Baidu ne seront probablement jamais commercialisées sur les marchés occidentaux. Mais elles symbolisent le nouvel appétit des géants de la tech pour ce marché, qu’ils ont longtemps ignoré mais sur lequel ils espèrent prendre pied grâce aux progrès de l’intelligence artificielle générative. Elles témoignent aussi de l’intérêt grandissant des consommateurs. Sept ans après le lancement d’un premier modèle par Snapchat, les lunettes connectées (ou intelligentes) connaissent en effet un premier succès commercial majeur: les Ray-Ban Meta. “C’est une véritable success story et pas seulement aux États-Unis”, se félicitait en octobre le directeur financier d’EssilorLuxottica, le propriétaire de la célèbre marque, qui vient de prolonger son partenariat avec la maison mère de Facebook et d’Instagram au-delà de 2030.
Multiples échecs – Les lunettes connectées permettent de prendre des photos, d’enregistrer des vidéos ou encore de passer un appel. L’idée est de permettre de capter des moments de vie sans avoir à sortir un smartphone. Les débuts ont pourtant été très difficiles. Pionnier avec les Spectacles, Snapchat a multiplié les échecs. L’application au fantôme jaune n’avait, par exemple, vendu que 200.000 exemplaires de son premier modèle, sur les 500.000 qu’elle avait fait produire. Elle avait fini par jeter l’éponge. Il a fallu attendre trois ans avant que Facebook ne tente sa chance, en s’associant avec Ray-Ban. Ses premières lunettes, baptisées Stories, ressemblaient ainsi aux montures traditionnelles. Et proposaient plusieurs types de verres (correcteurs, solaires, polarisants…). Mais elles ne se seraient vendues qu’à 300.000 unités.
Intégration de l’IA – La tendance a commencé à s’inverser fin 2023, avec la sortie d’une deuxième version plus fine et légère, équipée d’une meilleure caméra et de meilleurs hauts-parleurs. Celle-ci permet également de diffuser un flux vidéo en direct sur Facebook ou Instagram. Début 2024, Mark Zuckerberg assurait que les performances commerciales allaient “au-delà” de ce qu’il avait anticipé. Sans communiquer de chiffres précis, EssilorLuxottica soulignait au printemps que les ventes avaient déjà dépassé celles du premier modèle. L’intérêt semble avoir été décuplé après l’intégration en avril de Meta AI, un assistant dopé à l’IA générative. Les utilisateurs peuvent ainsi poser des questions sur ce que la caméra capture. Et de nouvelles fonctionnalités arrivent, comme la traduction automatique d’une conversation.
“Format parfait” – Cela fait des années que Mark Zuckerberg prédit que les lunettes remplaceront progressivement les smartphones. L’essor de l’IA générative pourrait accélérer cette transition, avant même l’arrivée tant attendue par le milliardaire de la réalité augmentée. Les lunettes sont “le format parfait pour l’IA”, avance-t-il. Il n’est plus le seul à le penser. Dans sa présentation, Baidu a ainsi insisté sur l’intégration de son robot conversationnel Ernie. Son compatriote Xiaomi devrait, lui aussi, commercialiser l'an prochain des lunettes connectées, équipées d'une IA. Tout comme ByteDance, la maison mère de TikTok. Selon l'agence Bloomberg, Apple réfléchit également à se lancer plus rapidement que prévu sur ce marché, sans attendre que des progrès technologiques permettent de sortir des lunettes de réalité augmentée.
Pour aller plus loin:
– Après le flop de l’AI Pin, la start-up Humane cherche un repreneur
– Apple revoit à la baisse ses objectifs de vente du Vision Pro
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En route vers la rentabilité, Klarna va s'introduire en Bourse
Sebastian Siemiatkowski se disait prêt depuis plus d’un an. Mercredi, sa société Klarna a enfin lancé son processus d’introduction en Bourse auprès des autorités américaines. Le spécialiste suédois du “achetez maintenant, payez plus tard” a en effet choisi New York pour mener cette opération, et pas Londres comme un temps pressenti. Le moment semble propice. Depuis août, le cours de l’action d’Affirm a en effet plus que doublé. Klarna viserait une capitalisation comprise entre 15 et 20 milliards de dollars – similaire à celle de son rival américain. Cela représenterait deux à trois plus que sa dernière valorisation de sept milliards d’euros. Mais resterait encore loin de la valorisation de 46 milliards touchée lors d’une levée de fonds en juin 2021, qui constituait alors un record pour une start-up européenne.
85 millions d’acheteurs – Fondée en 2005, Klarna attire 85 millions d’utilisateurs dans le monde. La plateforme permet de régler des achats en plusieurs fois sans frais. Pour les dépenses plus importantes, elle offre des crédits pouvant aller jusqu’à 36 mois, avec des taux d’intérêt. Elle permet aussi de différer les paiements, le temps notamment d’essayer un article et de le retourner sans jamais être débité. Selon Klarna, ces nouvelles options permettent d’augmenter le taux de conversion de 20%, le panier moyen de 23% et la fréquence d’achat de 45%. La société revendique près de 600.000 marchands partenaires, dont Nike, H&M et Ikea. Elle se rémunère principalement en leur facturant des commissions. Elle propose aussi une carte bancaire virtuelle pour régler des achats en magasin ou sur les sites non-partenaires, comme Amazon.
Presque rentable – Pour séduire les investisseurs de Wall Street, Klarna pourra mettre en avant la croissance de son activité, même si le rythme ralentit. Au premier semestre, son volume d’affaires affiche encore une hausse de 16%, à 523 milliards de couronnes suédoises, soit 45 milliards d’euros. Et la progression est encore plus forte aux États-Unis, où elle espère remplacer les cartes de crédit. Surtout, Sebastian Siemiatkowski ne manque jamais de rappeler l’amélioration des performances opérationnelles. Après des pertes record en 2022, il s’était engagé à mettre le cap sur la rentabilité. Il touche presque au but: au premier semestre, les pertes ont été divisées par six. Le dirigeant promet aussi de diviser les effectifs par deux au cours de prochaines années, en ayant recours à l’intelligence artificielle générative.
Menace réglementaire – Autre élément positif: la stabilisation des pertes sur crédit, subies lorsque l’acheteur n’effectue pas tous les versements prévus, qui représentent 0,4% du volume d’affaires. En outre, Klarna a également vu disparaître un concurrent potentiellement très inquiétant: Apple. En juin, le groupe à la pomme a en effet arrêté son offre de paiement fractionné, à peine un an après son lancement aux États-Unis. Mieux encore, la start-up suédoise vient d’être ajoutée comme moyen de paiement dans Apple Pay, permettant à ses utilisateurs américains et britanniques de payer en magasin avec un iPhone sans avoir à utiliser une carte virtuelle. Reste une menace importante: un renforcement de la réglementation dans plusieurs pays, alors que Klarna et ses rivales sont accusées d’accentuer le surendettement, notamment chez les jeunes.
Pour aller plus loin:
– Chute historique des levées de fonds des start-up européennes
– Les introductions en Bourse technologiques sont de retour
Just Eat solde à grands frais son aventure américaine
C’est un véritable accident industriel que s’apprête à solder Just Eat Takeaway. Mercredi, le groupe néerlandais spécialisé dans la livraison de repas a annoncé la cession de Grubhub pour seulement 642 millions de dollars à Wonder, la nouvelle entreprise de Marc Lore, connu pour avoir fondé Diapers.com puis Jet.com, respectivement rachetés par Amazon et Walmart. Cette somme est très inférieure aux 7,3 milliards dépensés en 2021. Le groupe ambitionnait alors de devenir un leader sur le gigantesque marché américain. Mais rien ne s’est passé comme prévu. En quatre ans, Grubhub a été supplanté par Doordash et Uber Eats. Selon les estimations du cabinet Second Measure, sa part de marché est ainsi tombée de 17% à seulement 8%. Des performances qui pesaient sur les comptes de Just Eat, qui n’est toujours pas rentable. La direction de l’entreprise cherchait à se séparer de Grubhub depuis plusieurs années. Pour finaliser la vente, elle a accepté une offre au rabais, qui comprend 500 millions de dollars de reprise de dette. Au terme de l’opération, seulement 50 millions arriveront dans les caisses de Just Eat.
Pour aller plus loin:
– Just Eat renonce de plus en plus à salarier ses livreurs
– Clap de fin pour la livraison ultrarapide de courses en France
Crédit photos: Meta - Klarna