Netflix à fond dans le sport ?
Et aussi: Humane déjà à vendre - Apple attaque Bruxelles - SMIC dans le top 3
Netflix se lance (enfin) dans la diffusion en direct d'événements sportifs
Les débuts de Netflix dans la diffusion d’événements sportifs en direct sont limités. Mais ils représentent un changement majeur de stratégie. La semaine dernière, la plateforme américaine de streaming vidéo a officialisé un accord avec la NFL, le puissant championnat de football américain, pour retransmettre deux rencontres à Noël cette année. Puis un ou deux matchs lors des deux années suivantes. C’est la première fois que Netflix achète les droits d’une compétition officielle, après avoir jusqu’à présent simplement diffusé en direct un tournoi caritatif de golf et une rencontre d’exhibition de tennis. En janvier, la société avait aussi noué un partenariat, d’un montant de cinq milliards de dollars, avec la WWE pour retransmettre pendant dix ans des combats de catch, une discipline à la frontière entre sport et divertissement.
Documentaires – Pendant longtemps, Netflix a refusé de participer à la surenchère autour des droits sportifs. “Nous ne sommes pas contre le sport, nous sommes simplement en faveur des profits”, expliquait fin 2022 Ted Sarandos, son co-directeur général. À la place, le groupe s’est concentré sur la production de documentaires dans les coulisses des compétitions, dans le sillage du succès de Drive To Survive sur le championnat de F1. L’an passé, il a lancé, par exemple, une série sur le Tour de France. Ses rivaux ont adopté la stratégie inverse. Depuis 2017, Amazon a mis la main sur de nombreux droits, dont 16 matchs de NFL qu’il paie un milliard de dollars par an. En 2022, Apple a acquis les droits internationaux de la MLS, la ligue américaine de football. Aux États-Unis, Peacock et Paramount ont aussi musclé leur offre sportive.
Rentabiliser les droits – Pour ces plateformes, le sport devait représenter un argument de vente pour s’imposer sur un marché très concurrentiel. Un impératif qui ne se posait pas à Netflix, compte tenu de sa position dominante. La groupe a privilégié deux autres relais de croissance: la lutte contre le partage de compte et une offre avec publicités. Une stratégie qui a porté ses fruits, lui permettant d’afficher des performances historiques depuis un an. L’accord avec la NFL ne signifie pas forcément qu’elle va acheter d’autres compétitions. D’abord, parce qu’elle privilégie, comme Apple, des droits mondiaux, quand les ligues préfèrent négocier par pays. Ensuite, parce que ses dirigeants répètent qu’ils n’investiront davantage dans le sport que quand ils auront trouvé le moyen de rentabiliser l’acquisition de droits.
Recettes publicitaires – Dans cette optique, les quatre à six rencontres de NFL vont servir de test. Si le prix d’achat reste relativement modeste – 75 millions de dollars par match, soit moins que le budget de certains films que finance Netflix –, l’impact en termes d’abonnés devrait être limité. La société mise davantage sur la publicité: des spots seront en effet diffusés même pour les clients des offres les plus chères. Les retransmissions devraient attirer une large audience: l’an passé, les trois matchs de Noël, diffusés sur des grandes chaînes de télévision, ont attiré entre 27 et 29 millions de téléspectateurs aux États-Unis. Selon les estimations d’Ad Age, un spot de 30 secondes peut se vendre jusqu’à 900.000 dollars. Avec 100 publicités environ par match, cela représente jusqu’à 90 millions de dollars de recettes.
Pour aller plus loin:
– Netflix, grand vainqueur de la “guerre du streaming”
– Lourdes pertes pour DAZN, le “Netflix du sport”
Après le flop de l'AI Pin, la start-up Humane cherche un repreneur
À peine plus d’un mois après le lancement de son premier produit, Humane cherche déjà un repreneur, rapporte l’agence Bloomberg. La start-up américaine espère une offre comprise entre 750 millions et un milliard de dollars – un montant qui paraît déconnecté du marché actuel. Fondée en 2018 par deux anciens d’Apple, elle a levé 230 millions auprès d’investisseurs afin de lancer l’AI Pin, un gadget dopé à l’intelligence artificielle générative qu’elle présente comme le successeur du smartphone. Cette broche à fixer sur le torse intègre un assistant vocal, alimenté notamment par ChatGPT. Mais les premiers retours de la presse américaine ont été catastrophiques. Parmi les reproches: temps de réponse à rallonge, réponses fausses, fonctionnalités manquantes, faible durée de vie de la batterie, surchauffe… Vendu à 699 dollars, l’AI Pin s’annonce déjà comme un véritable flop. Un flop qui pourrait donc pousser les dirigeants et investisseurs d’Humane à tenter de sauver les meubles avant qu’il ne soit trop tard.
Pour aller plus loin:
– Démarrage raté pour l’AI Pin, la broche dopée à l’IA qui doit remplacer les smartphones
– L’incroyable comeback de Magic Leap
Apple conteste la lourde amende infligeé par Bruxelles
Apple se lance dans une nouvelle bataille juridique contre Bruxelles. Sans surprise, le groupe à la pomme vient de saisir le Tribunal de l’Union européenne pour contester l’amende de 1,8 milliard d’euros qui lui a été infligée en mars. Il avait alors été reconnu coupable d’avoir abusé de la position dominante de son système iOS, qui équipe ses iPhones et ses iPad, pour prélever des commissions sur les abonnements aux services de streaming musical. En cause: la pratique controversée dite d’anti-steering, qui interdit aux développeurs de rediriger leurs utilisateurs vers un site Internet pour souscrire à un service payant. L’appel interjeté par Apple va prendre plusieurs années à être étudié, avant un potentiel recours devant la Cour de justice de l’Union européenne. En attendant, la société doit mettre fin à la pratique d’anti-steering. Et aussi se conformer au nouveau Digital Markets Act, dans le cadre duquel la Commission vient d’ouvrir une enquête contre Apple. Par ailleurs, le dossier des avantages fiscaux accordés par l’Irlande n’a, lui, pas encore fini son parcours judiciaire.
Pour aller plus loin:
– Bruxelles inflige une lourde amende à Apple
– Bruxelles ouvre des enquêtes sur Apple, Google et Meta dans le cadre du DMA
Le chinois SMIC devient le troisième fondeur mondial
Les sanctions américaines n’ont pas tué SMIC. Bien au contraire. Au premier trimestre, le fondeur chinois est même devenu le numéro trois mondial du secteur, avec une part de marché estimée à 6% par le cabinet Counterpoint. Il dépasse ainsi l’américain GlobalFoundries et le taïwanais UMC. Mais reste encore loin de Samsung, et surtout de TSMC, leader incontesté avec une part de marché de 62%. En 2020 pourtant, SMIC a été placé sur une liste noire par Washington, lui interdisant notamment d’acheter des équipements de production, en particulier des machines de lithographie auprès du néerlandais ASML. Ces restrictions ne l’ont pas empêché de réaliser un bond technologique majeur l’an passé, en produisant pour la première fois des puces gravées en 7 nm: d’abord un processeur 5G puis une carte graphique dédiée à l’IA, tous deux conçus par Huawei. La progression des ventes de SMIC a aussi été tirée par le rebond de la demande sur l’ensemble du secteur des semi-conducteurs en Chine, note Counterpoint.
Pour aller plus loin:
– Comment Huawei a pris sa revanche sur les États-Unis
– Pourquoi Samsung ne parvient toujours pas à rivaliser avec TSMC
Crédit photos: Unsplash / Adrian Curiel - Humane
C'était sur que ça allait être rentable pour la Chine, les sanctions américaines ont obligé des entreprises à émerger, ils ont les matières premières, la main d'œuvre aussi, sur ce coup là, ça fait pareil pour la Russie qui est en croissance économique malgré les sanctions européennes.