Chute historique pour les start-up européennes
Et aussi: OVH veut passer la seconde - Bruxelles ne valide pas le rachat d'iRobot
Chute historique des levées de fonds des start-up européennes
Le discours se veut positif mais les chiffres le sont beaucoup moins. En 2023, le montant des levées de fonds en Europe va accuser un repli historique, chutant de près de moitié et retombant tout près du niveau de 2020, selon les décomptes d’Atomico. “L’écosystème européen est dans une position bien plus solide que lors des précédents ralentissements”, assure pourtant le fonds de capital-risque britannique dans son rapport annuel, qui veut croire que “la reprise est en cours”. Cette année, les start-up du continent devraient recueillir 45 milliards de dollars (41 milliards d’euros), contre 85 milliards en 2022. Et 100 milliards en 2021. Deux années de “surchauffe”, dopées par les politiques monétaires post-Covid. Et que le fonds recommande désormais d’oublier pour se focaliser sur la tendance de long terme.
Au plus bas depuis 2017 – Atomico souligne ainsi que 2023 devrait être la troisième meilleure année pour le financement des start-up européennes. Mais il oublie deux éléments importants. D’abord, l’inflation. En la prenant en compte, les levées de fonds vont être inférieures à 2020. Ensuite, le nombre de start-up est beaucoup plus élevé qu’il y a trois ans. Autrement dit: elles sont plus nombreuses à se partager un gâteau à peu près équivalent. D’autres chiffres sont peu encourageants. Non seulement le nombre d’opérations a fortement chuté depuis deux ans, passant de 9.400 à 6.300, mais il est aussi tombé au plus bas depuis 2017 ! Après avoir bondi, la valorisation moyenne des levées de fonds de série C est repassée sous son niveau de 2020. Et les écarts de valorisation avec les sociétés américaines se sont nettement creusés.
Fin des méga-levées – Entamée dès la fin de l’été 2022, la chute des levées a été précipitée par le resserrement des politiques monétaires, qui a mis fin à une période d’argent facile. Si personne n’est épargné, les start-up les plus matures sont les plus touchées. Depuis le début de l’année, seulement 36 levées de fonds ont dépassé la barre des 100 millions de dollars, contre 163 en 2022 et 198 en 2021. Et seulement sept groupes ont franchi la barre symbolique du milliard de dollars de valorisation, contre 108 il y a deux ans. Cela s’explique en grande partie par le départ de certains grands investisseurs étrangers, comme l’américain Tiger Global et le japonais Softbank. Mais aussi par le refus de certaines start-up de mener un down round, un tour de table sur la base d’une valorisation inférieure à la précédente.
Dry powder – Pour autant, Atomico veut se montrer optimiste, citant notamment un rebond de la valorisation de l’écosystème tech européen, revenue à son niveau record en 2021 après avoir chuté de 400 milliards de dollars l’an passé. Mais ce chiffre n’est que superficiel: il ne repose que sur les valorisations “officielles”, atteintes lors de levées réalisées il y a un ou deux ans. Et qui ne reflètent plus la valeur actuelle. Le fonds met aussi en avant le niveau historiquement élevé du dry powder, les liquidités que les fonds européens doivent encore investir: 108 milliards de dollars qui finiront bien par être déployés. Un argument avancé depuis des mois. En réalité, l’incertitude demeure sur la reprise des levées, alors que les taux d’intérêt sont au plus haut depuis 20 ans. Et que les introductions en Bourse tournent toujours au ralenti.
Pour aller plus loin:
– Entre catastrophisme et espoir, la French Tech navigue à vue
– Douche froide pour la reprise des IPO technologiques
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Comment OVH veut passer à la vitesse supérieure
Moins tape-à-l’œil que les géants américains mais aussi que son rival français Scaleway, qui multiplient les effets d’annonce, OVHcloud souhaite aussi occuper le terrain de l’intelligence artificielle générative. Mardi, lors de sa conférence annuelle Summit, organisée à Paris, le spécialiste du cloud a ainsi présenté deux nouvelles fonctionnalités devant permettre à ses clients de profiter des avancées de l’IA “sans avoir besoin de connaissances spécifiques”, selon son fondateur et président Octave Klaba. En retard au décollage, le groupe de Roubaix compte désormais capitaliser sur le prochain déploiement dans ses data centers des cartes graphiques H100 de Nvidia, la référence du secteur, en particulier pour entraîner les modèles les plus puissants. Mais il n’anticipe pas pour autant une accélération de sa croissance.
Ralentissement – Un peu plus de deux ans après son introduction en Bourse, OVH ne parvient pas à passer à la vitesse supérieure. Au cours de son dernier exercice fiscal, clos fin août, son chiffre d’affaires n’a progressé que de 13%. Il devrait augmenter plus légèrement cette année. La société est touchée par un ralentissement de la croissance du marché, alors que les entreprises sont plus vigilantes sur leurs dépenses, en raison du contexte macroéconomique. La progression de ses ventes a ainsi été divisée par plus de deux sur le segment du cloud public. Dans le même temps, ses marges ne cessent de se détériorer. Elles sont tombées à 36,3%, contre 39% l’année précédente. Encore loin des 42% promis aux investisseurs. En outre, OVH reste déficitaire. Conséquence: son action a perdu plus de la moitié de sa valeur.
Géants américains – Ses dirigeants se veulent cependant confiants. “Nous sommes au milieu d’un cycle de cinq ans (lancé en 2021, ndlr), souligne Octave Klaba. Les trois premières années sont consacrées à l’investissement. Les résultats se matérialiseront au cours de la quatrième”. Et d’assurer que “le cours boursier n’influence pas la stratégie”. Pour OVH, l’objectif est d’abord de développer une offre de services couvrant les besoins des entreprises dans le cloud. Et ainsi éviter qu’elles ne rejoignent les géants américains. La société assure désormais être compétitive, mettant en avant les grands groupes qui choisissent son offre et ses milliers de clients aux États-Unis. Des arguments qui ont du mal à résonner: selon le cabinet Synergy, les acteurs américains ne cessent de gagner des parts de marché en Europe.
Expansion internationale – OVH parie aussi sur le développement du cloud souverain, qui garantit que les données des entreprises soient placées à l’abri de la législation américaine. En France, le groupe revendique ainsi plus de 80 clients à son offre certifiée SecNumCloud, avant tout destinée aux administrations et aux sociétés qui détiennent des informations sensibles. Autre axe de développement: l’international, qui représente désormais la moitié de son chiffre d’affaires. OVH prévoit ainsi d’ouvrir sept nouveaux data centers en 2024. Et surtout de déployer 150 “zones locales” au cours des trois prochaines années, dans les pays où il n’a pas encore implanté d’infrastructures. “Cela va nous permettre de tester de nouveaux marchés”, indique Octave Klaba, avant éventuellement d’y investir plus fortement.
Pour aller plus loin:
– Le fondateur d’OVH veut racheter le moteur de recherche Qwant
– Xavier Niel lance Kyutai, un laboratoire d’IA à but non lucratif
Bruxelles ne valide pas encore le rachat d'iRobot par Amazon
Amazon va devoir convaincre Bruxelles pour finaliser le rachat d’iRobot pour 1,4 milliard de dollars. Mardi, la Commission européenne a en effet adressé une communication des griefs au géant américain du commerce en ligne, estimant au terme de son enquête approfondie que l’opération pourrait “restreindre la concurrence sur les marchés des aspirateurs robots”. Celle-ci a pourtant été approuvée, sans aucune condition, par les autorités britanniques de la concurrence. Mais les services européens ont soulevé plusieurs inquiétudes. Ils redoutent notamment qu’Amazon puisse “évincer” les concurrents d’iRobot de sa place de marché, en les empêchant d’y vendre leurs produits. Ou alors en abaissant leur position dans les résultats de recherche ou en augmentant le coût des annonces publicitaires. Pour renverser la situation, Amazon va désormais devoir proposer des engagements à Bruxelles. La décision définitive est attendue avant le 14 février.
Pour aller plus loin:
– Accusé de monopole “illégal”, Amazon risque un démantèlement aux États-Unis
– Amazon teste un robot humanoïde dans ses entrepôts
Crédit photos: Unsplash / Claudio Schwarz - OVH