Comment Netflix espère multiplier ses recettes publicitaires
Les débuts ont été difficiles, mais Netflix monte en puissance dans la publicité en ligne. Mercredi, lors d’une conférence destinée aux annonceurs, la plateforme de streaming vidéo a révélé que ses abonnements avec annonces touchent désormais 94 millions de personnes dans le monde, contre 70 millions en novembre. Selon des projections internes obtenues par le Wall Street Journal, elle se montre très optimiste, tablant sur un chiffre d’affaires publicitaire de neuf milliards de dollars d’ici à 2030. Cela représenterait une très forte progression: en 2024, Netflix a généré 1,45 milliard de dollars, d’après les estimations du cabinet eMarketer. Dans cinq ans, la publicité devrait ainsi représenter plus de 10% de l’ensemble du chiffre d’affaires, contre moins de 4% l’an passé. Elle devrait aussi contribuer au triplement attendu des profits.
Baisse des tarifs – Réticente au départ, la société de Los Gatos a lancé fin 2022 une offre en partie financée par les annonceurs, dans douze pays. Les premiers mois ont été compliqués. Et les objectifs internes n’ont pas été atteints, la faute notamment à une grille tarifaire trop élevée. Depuis, Netflix a revu ses ambitions à la baisse: de 40 à 50 euros demandés au départ en France, le CPM (coût pour 1.000 impressions) est tombé entre 20 et 25 euros, un niveau beaucoup plus proche des standards du marché. L’évolution a été similaire dans les autres pays. L’entreprise n’a jamais communiqué de chiffre précis sur ses performances. En début d’année, elle expliquait que ses recettes publicitaires avaient été multipliées par deux en 2024. “Nous prévoyons de les doubler à nouveau cette année”, promettait alors Greg Peters, son codirecteur général.
Sport en direct – Pour y parvenir, Netflix compte d’abord sur le succès grandissant de son offre avec publicités. En France, elle est commercialisée à 6 euros, contre 13,50 euros pour son équivalent sans annonce. Elle représente ainsi une porte d’entrée abordable pour toucher un nouveau public. Et elle capte plus de la moitié des nouveaux abonnés dans les pays où elle est disponible. Le groupe mise aussi sur les événements en direct pour accroître son inventaire publicitaire. À Noël, il a diffusé deux rencontres de NFL, le très populaire championnat de football américain. Depuis janvier, il retransmet aussi des combats de catch. Fin décembre, il a également mis la main sur les droits pour les États-Unis des prochaines Coupes du monde féminines de football. L’ensemble de ces événements sont entrecoupés de coupures publicitaires pour tous les abonnés.
Plateforme publicitaire – Les dirigeants de Netflix souhaitent aussi concentrer leurs efforts sur “l’amélioration de l’offre pour les annonceurs afin d’augmenter la monétisation de l’inventaire”, explique Greg Peters. Cela passe par le déploiement d’une plateforme publicitaire maison, testée depuis l’an dernier au Canada. Lancée en avril aux États-Unis, elle va être déployée dans les dix autres pays en juin. Au départ, Netflix s’était associé avec Xandr, une filiale de Microsoft. Très vite, les relations se sont détériorées, le groupe estimant que son partenaire était responsable de ses débuts décevants. “Nous constatons déjà un impact sur le chiffre d’affaires au Canada”, assure Greg Peters. La société promet en outre de proposer de nouveaux formats publicitaires, grâce à l'IA générative. Et de communiquer davantage de données aux annonceurs.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi Netflix n’en finit plus d’augmenter ses prix
– Netflix, grand vainqueur de la “guerre du streaming”
Samsung lance la mode des smartphones ultra-fin
Samsung a l’habitude de dégainer le premier sur le marché des smartphones. Il l’a déjà fait pour les “phablettes”, les appareils dotés d’un très grand écran, et plus récemment pour les modèles pliables. Ou encore pour l’intégration d’outils d’IA générative. Cette semaine, le géant sud-coréen a officiellement dévoilé son premier smartphone ultra-fin, le Galaxy S25 Edge, qui sera commercialisé à partir du 30 mai. Il devance ainsi son grand rival Apple, qui pourrait proposer un iPhone Air à l’automne. Samsung justifie ce lancement par une demande des consommateurs, souhaitant des appareils plus minces et légers sans compromis sur les performances. L’objectif est aussi d’étoffer sa gamme de produits premium, sur un secteur en manque cruel d’innovations depuis des années, toujours dans l’espoir de relancer durablement des ventes en berne.
Tarifs élevés – Avec seulement 5,8 millimètres d’épaisseur, le S25 Edge est 20% plus fin que le S25+, le modèle classique le plus proche. Mais les médias qui ont pu le prendre en main soulignent que le poids représente la différence la plus frappante. Avec 163 grammes, l’appareil est 15% plus léger. Conformément aux promesses, il intègre les mêmes composants, comme le processeur et la puce mémoire. Et aussi le même écran. Il n’est cependant pas sans compromis. Le plus important: une batterie 20% plus petite, laissant redouter une autonomie réduite, même si Samsung promet des optimisations grâce à l’IA. Le S25 Edge n’inclut par ailleurs qu’un module photo double, sans téléobjectif. Son positionnement tarifaire est élevé: à partir de 1.249 euros en France. C’est 80 euros de plus que S25+ – le prix à payer pour quelques millimètres et grammes en moins.
Poids en hausse – Les smartphones ultra-fin représentent un peu un retour aux sources pour l’industrie. Au début des téléphones portables, les fabricants cherchaient en effet à réduire la taille et le poids. Cette tendance s’est poursuivie avec les premiers smartphones. Mais elle a volé en éclats lorsque Samsung a commencé à vendre, avec succès, des terminaux plus grands. Devenus la norme, ceux-ci consomment davantage d’énergie, nécessitant des batteries plus grosses, et donc plus lourdes. Dans le même temps, le nombre de capteurs photo a augmenté et de nouveaux composants ont été ajoutés pour gagner en puissance. Des matériaux plus résistants, considérés comme plus premium, ont aussi fait leur apparition. En 2010, le Galaxy S1 ne pesait ainsi que 119 grammes. Le S25 Ultra, le modèle le plus haut de gamme, pèse, lui, 218 grammes.
Recherche désespérée – Pour imposer ses smartphones ultra-fin, Samsung mise sur l’effet waouh. Le groupe va d’ailleurs utiliser un nouveau système de sécurité dans les boutiques, afin que les clients potentiels puissent se rendre compte de la finesse et du poids. Suffisant pour justifier un prix plus élevé, malgré une autonomie inférieure et des fonctionnalités en moins ? Au-delà de la prouesse technologique, ces appareils soulignent surtout la recherche désespérée de nouveautés et d’innovations. Depuis 2018, les ventes ne cessent de reculer – hormis un rebond temporaire pendant la crise sanitaire. Samsung souffre particulièrement, en raison de la concurrence des marques chinoises. La société sud-coréenne n’a cependant pas encore trouvé la recette miracle. Ni les appareils pliables ni les fonctionnalités d’IA ne lui ont permis d’inverser la tendance.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les fabricants de smartphones misent sur les appareils pliables
– Après deux ans de baisse, les ventes de smartphones rebondissent timidement
Crédit photos: Unsplash / freestocks - Samsung