Pourquoi Netflix n'en finit plus d'augmenter ses prix
Les dirigeants de Netflix n’ont jamais caché qu’ils allaient continuer d’augmenter les prix. Mardi, en marge de résultats financiers record, la plateforme de streaming vidéo a officialisé une nouvelle hausse de ses tarifs. Pour le moment, seulement quatre pays sont concernés, dont les États-Unis, son plus gros marché. D’autres suivront très probablement dans les prochains mois, notamment la France, où la dernière augmentation remonte à l’automne 2023. Longtemps, Netflix a pourtant gardé ses prix inchangés, lui permettant d’attirer facilement de nouveaux adeptes. Les hausses s’enchaînent désormais à rythme régulier. En dix ans, les prix ont plus que doublé: 18 dollars par mois désormais pour l’abonnement standard, 25 dollars pour l’abonnement premium. Même l’offre avec publicité, lancée il y a moins de deux ans, prend un dollar.
Peu d’impact – Comme toujours, son codirecteur général Greg Peters justifie cette évolution tarifaire par la volonté d’accroître “la variété et la qualité de [son] offre”, avec notamment des événements sportifs en direct. Si elle peut paraître risquée, la stratégie de Netflix a fait ses preuves. Les précédentes hausses ont montré que l’élasticité-prix, l’évolution de la demande en fonction des tarifs, est extrêmement faible, voire quasiment nulle. Les précédentes revalorisations n’ont ainsi pas suscité d’importantes vagues de désabonnement. Cela s’explique par la position dominante de Netflix face à des concurrents, qui augmentent eux aussi leurs prix. La plateforme mise en particulier sur son catalogue de sorties. Et elle possède un filet de sécurité: son offre avec des publicités qui représente une porte d’entrée plus abordable.
Trimestre historique – Selon Netflix, les contenus restent le premier vecteur d’abonnement, pas les prix. De fait, après une période de creux post-covid, sa base d’abonnés progresse à nouveau. La plateforme vient même de réaliser la meilleure performance trimestrielle de son histoire. Entre octobre et décembre, elle a gagné 18,9 millions de clients, lui permettant de franchir la barre symbolique des 300 millions. C’est davantage qu’au premier trimestre 2020, lorsque les confinements et la crise sanitaire avaient fait bondir les abonnements. Netflix a profité de plusieurs facteurs favorables: le lancement de la deuxième saison de la série sud-coréenne Squid Games, sur le point de devenir la saison la plus regardée sur le site; le combat de boxe entre Mike Tyson et l’influenceur Jake Paul; et la retransmission de deux matchs de NFL.
Revenu par abonné – Sur l’ensemble de l’année dernière, l’entreprise a enregistré une croissance de 16% de son chiffre d’affaires. Elle promet une progression très légèrement inférieure sur 2025. Et anticipe également sur une amélioration de sa rentabilité. Pour atteindre ces objectifs et répondre aux attentes de Wall Street, elle ne pourra probablement plus compter sur la lutte qu’elle a engagée contre le partage de comptes. Celle-ci a déjà porté ses fruits, contribuant à la nette progression des abonnements. Les dirigeants de Netflix expliquent que la croissance des recettes passera principalement par la hausse du revenu moyen par abonné. Directement, par les augmentations, annoncées ou à venir, des prix. Mais aussi indirectement, par la montée en puissance de son offre publicitaire, qui a mis du temps à se mettre en place.
Pour aller plus loin:
– Netflix, grand vainqueur de la “guerre du streaming”
– Pourquoi Netflix pourrait lancer une offre gratuite
OpenAI et Softbank promettent d’investir 500 milliards de dollars dans l’IA
Les comparaisons n’ont pas tardé. Annoncé mardi à la Maison Blanche, le projet Stargate a suscité des parallèles avec le projet Manhattan (bombe atomique) et le programme Apollo (astronautes sur la lune). Celui-ci vise à investir 500 milliards de dollars pour construire aux États-Unis d’immenses centres de données dédiés à l’intelligence artificielle générative. Contrairement à ses prédécesseurs, il ne sera pas financé par de l’argent public, mais par des fonds privés – dont l’origine reste incertaine. Le projet sera mené par une coentreprise, principalement détenue par OpenAI et Softbank. Le créateur de ChatGPT sera responsable de la partie opérationnelle. Le conglomérat japonais de la gestion financière. Oracle et le fonds émirati MGX complètent le capital. Nvidia, Microsoft et Arm sont annoncés comme partenaires technologiques.
20 data centers – Stargate est l’aboutissement de plusieurs mois de rumeurs sur les ambitions de Sam Altman. Le patron d’OpenAI le répète régulièrement: le développement d’une IA générale, c’est-à-dire capable d’apprendre seule, nécessitera des investissements colossaux, se chiffrant en milliers de milliards de dollars. L’an passé, il a ainsi discuté avec de nombreux partenaires potentiels. Pour le moment, sa société entraîne et fait tourner ses modèles exclusivement sur le cloud Azure de Microsoft. Mais elle estime ne pas disposer de suffisamment de puissance de calcul. À l’automne, le site The Information révélait ainsi qu’un accord avait été conclu avec Oracle pour utiliser un data centers en construction au Texas. Celui-ci sera le premier du projet Stargate. D’ici à 2029, la coentreprise ambitionne de construire une vingtaine de sites.
“Ils n’ont pas l’argent” – Les quatre partenaires assurent pouvoir déployer 100 milliards de dollars “immédiatement”. “Ils n’ont pas l’argent”, a immédiatement répliqué Elon Musk, désormais rival d’OpenAI. Une affirmation démentie par Sam Altman. Reste que le mystère demeure sur la capacité financière réelle de Stargate. Selon The Information, OpenAI et Softbank doivent contribuer à hauteur de 19 milliards de l’investissement initial. Si le groupe japonais dispose de cette somme, celle-ci représente presque toute sa trésorerie. La start-up américaine, elle, n’a levé que 22 milliards de dollars, dont une grande partie a déjà financé ses lourdes pertes. Par ailleurs, plus de la moitié de l’enveloppe de 100 milliards doit provenir d’investisseurs extérieurs et d’endettement. Mais aucune précision n’a été apportée.
Effet d’annonce – Et il ne s’agit là que de la première tranche d’investissements. Le projet prévoit d’investir 400 milliards de plus en seulement quatre ans… Une partie de cet argent pourrait provenir de grands investisseurs du Moyen-Orient, comme le géant émirati G42, avec lequel Sam Altman aurait déjà discuté. Ou alors le fonds souverain saoudien, qui a déjà financé le Vision Fund de Softbank. Mais les États-Unis viennent de présenter une réglementation visant à limiter l’accès de ces deux pays à l’IA. Accepteront-ils qu’ils financent un investissement aussi stratégique ? L’annonce de mardi ressemble ainsi plus à un effet d’annonce qu’à une véritable feuille de route. Une annonce qui s’apparente aussi à un coup politique pour s’attirer les bonnes grâces de Donald Trump, qui se retrouve associé à un projet lancé… depuis plusieurs mois.
Pour aller plus loin:
– Les États-Unis veulent transformer les puces d’IA en arme géopolitique
– Pourquoi l’IA pousse les géants du cloud à s’intéresser au nucléaire
Microsoft et OpenAI mettent fin à leur accord d’exclusivité dans le cloud
Dans sa course à la puissance informatique, OpenAI retrouve des marges de manoeuvre. Mardi, Microsoft a en effet annoncé qu’il ne serait plus le partenaire exclusif du concepteur de ChatGPT dans le cloud. Autrement dit: ce dernier sera désormais libre d’entraîner et de faire tourner ses modèles d’intelligence artificielle générative sur d’autres plateformes. Depuis 2019, il n’utilisait que les serveurs d’Azure, dans le cadre de deux investissements massifs réalisés par le géant de Redmond. Mais ces derniers mois, les relations entre les deux partenaires sont devenues plus compliquées. OpenAI reprochait notamment à Microsoft de ne pas lui fournir les ressources informatiques dont il avait besoin. Cette annonce coïncide avec le lancement du projet Stargate, officialisé par OpenAI en partenariat notamment avec Oracle. Celui-ci ambitionne de construire vingt data centers géants d’ici à 2029. En revanche, Microsoft restera le distributeur exclusif dans le cloud des modèles d’OpenAI, au moins jusqu’en 2030. Et il peut continuer à utiliser les modèles de son associé dans ses produits d’IA, comme son assistant Copilot.
Pour aller plus loin:
– Le statut juridique d’OpenAI cristallise les tensions avec Microsoft
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’IA
Crédit photos: Unsplash / Charles Deluvio - OpenAI