Huawei lance le premier smartphone qui se plie en trois
C’est un nouveau coup de force de Huawei. Mardi, lors d’une présentation organisée à Shenzhen, le groupe chinois a officiellement dévoilé un smartphone, le Mate XT, qui se plie en trois. Une première mondiale qui a demandé “cinq ans de combat”, assure Richard Yu, le patron de l’activité grand public. Et qui affiche aussi des tarifs astronomiques: de 20.000 à 24.000 yuans, soit de 2.550 à 3.050 euros. L’appareil ne devrait donc pas affoler les compteurs de vente. Mais l’important est ailleurs pour la marque: réaffirmer son statut de leader technologique du secteur. Et continuer de surfer sur le sentiment de fierté nationale que sa résurrection suscite en Chine. Le contraste est d’ailleurs saisissant avec Apple, qui a présenté la veille ces derniers iPhone. Des modèles sans grande innovation au niveau du hardware.
Précommandes – Si Samsung a déjà présenté des prototypes pouvant être pliés trois fois, Huawei est le premier à lancer un modèle commercial. Le groupe sud-coréen pourrait cependant l’imiter d’ici à la fin de l’année. Contrairement aux premiers smartphones pliables, le design du Mate XT est déjà abouti. Son concepteur le présente comme le smartphone “le plus grand et le plus fin au monde”. Une fois déplié, il affiche une diagonale de 10,2 pouces, équivalente à celle d’une tablette. Son épaisseur est inférieure à 4 mm, deux fois moins qu’un smartphone traditionnel. Disponible sur la boutique en ligne chinoise de Huawei depuis quelques jours, l’appareil cumule déjà plus de trois millions de précommandes. Un chiffre à prendre cependant avec des pincettes, car aucun dépôt n’était réclamé. Et le prix n’était pas encore affiché.
Revanche – Reste que ce lancement et l’enthousiasme que provoque déjà le Mate XT auprès des consommateurs chinois constituent une nouvelle revanche pour Huawei, ciblé par d’importantes sanctions de Washington. Depuis quatre ans, le groupe fondé par Ren Zhengfei n’a ainsi plus accès aux technologies de pointe, comme les processeurs les plus avancés et les modems 5G. Il a mis longtemps à s’en remettre, accusant une chute vertigineuse de ses ventes de smartphones. Mais il n’a pas seulement survécu. Il s’est donné un nouvel élan. Il y a tout juste un an, il lançait ainsi son premier smartphone 5G depuis 2020. Et le premier à être équipé d’un système sur puce (SoC) gravé, à grande échelle, en 7 nm par un producteur chinois. Depuis, Huawei ne cesse de regagner des parts de marché en Chine, au détriment notamment d’Apple.
Doutes sur les puces – Si Huawei a retrouvé des couleurs, il affiche toujours un handicap de taille face à Apple et aux autres marques chinoises: son accès aux composants avancés. Certes, les progrès rapides de sa filiale HiSilicon et du fondeur SMIC, ont surpris les observateurs. Mais des doutes subsistent sur leur capacité à accroître le volume de production, ce qui aurait entraîné du retard dans la sortie de son nouveau smartphone 5G. Et leur puce compte au moins deux ans de retard sur les derniers modèles gravés par TSMC. Surtout, il pourrait leur être difficile d’enregistrer d’importants gains sans avoir accès aux machines de lithographie les plus performantes d’ASML, dont l’importation est soit limitée soit interdite en Chine. Cela signifie que la marque pourrait avoir du mal à rester compétitive face à ses rivales.
Pour aller plus loin:
– Grâce à Intel, Huawei déjoue à nouveau les sanctions américaines
– Huawei anticipe un rebond spectaculaire de ses ventes de smartphones
L’Europe condamne Apple à rembourser 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux
L’affaire aura marqué les dix années de fonction de Margrethe Vestager. Son dénouement vient consolider l’héritage de l’emblématique Commissaire à la concurrence, qui s’apprête à quitter ses fonctions. Mardi, la Cour de Justice de l’Union européenne, la plus haute juridiction des Vingt-Sept, a définitivement condamné Apple à rembourser 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux accordés par le gouvernement irlandais. Des avantages qui avaient été considérés comme illégaux. Et qui étaient depuis une décennie au cœur d’une interminable procédure. Ce dernier rebondissement représente une victoire majeure pour Bruxelles, désavouée au printemps dans un dossier similaire concernant Amazon au Luxembourg mais qui va pouvoir poursuivre sa bataille contre les cadeaux fiscaux accordés aux multinationales, en particulier aux géants du numérique.
Moins de 1% d’impôt – Selon la Commission, Apple a bénéficié entre 2003 et 2014 d’un arrangement avec l’Irlande, où sont rapatriés et taxés les profits qu’il réalise sur le Vieux-Continent. Grâce à cet accord, la société a quasiment échappé à l’impôt, avec des taux effectifs inférieurs à 1%. Une “aide d’État” illégale par rapport aux autres entreprises qui n’ont pas bénéficié d’un tel traitement de faveur, avait estimé Bruxelles en 2016. Cet argumentaire avait immédiatement été balayé. Par Dublin, qui ne souhaite pas remettre en cause sa fiscalité accommodante qui lui permet d’attirer les géants américains du numérique. Et par Apple, qui assure que l’immense majorité de ses profits européens ne peuvent pas être taxés en Europe car ils découlent de ses activités de design et de recherche réalisées dans ses bureaux de Cupertino.
Pas de nouvel examen – Saisi par Dublin, le Tribunal de l’Union européenne a cassé ce jugement en 2020. Ses juges ont considéré que les preuves apportées par Bruxelles ne suffisaient pas à caractériser une distorsion de concurrence au profit d’Apple. La Commission a immédiatement fait appel. Le dossier est alors remonté jusqu’à la Cour de Justice, qui a invalidé l'arrêt du Tribunal, mettant en avant des “erreurs”. La juridiction estime ainsi que l’Irlande a bien “accordé à Apple une aide illégale que cet État est tenu de récupérer”. Et elle est allée encore plus loin que l’avis consultatif de son avocat général, rendu l’an passé, en statuant définitivement sans demander un nouvel examen du dossier. Celui-ci est donc clos. Et Dublin va empocher les 13 milliards de dollars conservés, depuis six ans, sur un compte sous séquestre.
Pour aller plus loin:
– Bruxelles ne désarme pas devant les avantages fiscaux des géants technologiques
– En Europe, la taxe Gafa rapporte gros mais n’impacte pas… les Gafa
La justice européenne entérine l'amende contre Google Shopping
Google ne va pas échapper à l’amende de 2,4 milliards d’euros infligée en 2017 par Bruxelles – un montant record à l’époque. Mardi, après sept ans de procédures judiciaires, le moteur de recherche a en effet été définitivement reconnu coupable d’abus de position dominante sur le marché des comparateurs de prix par la Cour de Justice de l’Union européenne, la plus haute juridiction des Vingt-Sept. Il avait déjà été débouté en 2021 par le Tribunal de l’UE. Les juges ont estimé que son “comportement était discriminatoire et ne relevait pas de la concurrence par les mérites”. Autrement dit, que les pratiques incriminées étaient bien anticoncurrentielles. Ce verdict est un soulagement pour la Commission. Dans les faits, il ne va cependant pas changer grand-chose, car les comparateurs tiers n’ont plus les moyens de rivaliser.
Remèdes inefficaces – Ces concurrents, dont certains n’ont pas survécu, sont à l’origine de l’affaire. Dès 2010, ils avaient alerté les autorités européennes, reprochant au groupe de Mountain View de mettre systématiquement en avant son propre service, Google Shopping, lorsque les internautes réalisaient des recherches avant d’effectuer un achat. Relégués au-delà de la première page de résultats, les autres comparateurs ont accusé une chute de leur trafic. En plus de la sanction financière, Bruxelles a également imposé des changements. Ses rivaux peuvent désormais participer à des enchères pour apparaître à côté des résultats alimentés par Google Shopping. Mais ce système les oblige à réinvestir une partie importante de leurs marges, dénoncent-ils. Ce qui ne ferait que renforcer la position dominante de l’entreprise américaine.
D’autres procédures – Le verdict de la justice européenne est d’autant plus important pour la Commission européenne qu’il ne valide pas seulement sept années de procédures. Il aussi conforte les services antitrust dans les autres dossiers qui l’opposent à Google. La CJUE va prochainement étudier la condamnation de la société pour abus de position dominante de son système d’exploitation mobile Android, qui s’est traduite par une amende record de 4,3 milliards d’euros. En 2022, le Tribunal de l’UE avait déjà validé les arguments de Bruxelles. La troisième affaire concerne la plateforme publicitaire Adsense, dans laquelle Google doit verser 1,5 milliard. Bruxelles a par ailleurs ouvert une quatrième enquête, cherchant à déterminer si l’entreprise accorde des traitements préférentiels à ses propres technologies d’affichage publicitaire.
Pour aller plus loin:
– Les États-Unis veulent démanteler la machine publicitaire de Google
– Google reconnu coupable d’abus de position dominante dans la recherche
Crédit photos: Huawei / Commission européenne
A propos de la condamnation d'Apple à rembourser 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux : la somme en question va rentrer dans les caisses de l'Etat Irlandais qui donc aura gagné 3 fois :
- une première en réussissant à "convaincre" Apple (et bien d'autres...) de rapatrier une grande partie de ses salariés européens en Irlande quand d'autres états (moins paradisiaques sur le plan fiscal) étaient certainement plus attractifs sur le plan des compétences de ses ingénieurs (La France par ex.) ;
- une seconde en "ramassant" les charges sociales (et les impôts) des salariés en question dont le coût de formation a souvent été pris en charge par d'autres états (La France par ex.) ;
- et une troisième en "ramassant" 13 milliards d'€ à la fin d'un processus malhonnête (selon la juridiction européenne suprême).
A qui profite le crime ? Ou à qui profite t'il le plus ?
A Apple ?
A l'Etat Irlandais ?
Qui est le plus voyou des deux ?
Ne pourrait-on pas imaginer que, a minima, ces 13 milliards soient reversés dans les différents états européens avec, par ex, une clé de répartition qui serait celle du CA d'Apple dans chacun de ces pays ?