WeWork sauvé... par celui qui l'a coulé ?
Et aussi: Le "Google russe" n'est plus russe - Snapchat licencie encore
WeWork sauvée de la faillite par Adam Neumann, son controversé ex-patron ?
“Avec la bonne stratégie et la bonne équipe, je suis convaincu qu’une réorganisation permettra à WeWork de s’en sortir”, assurait en novembre Adam Neumann, son fondateur et ancien patron. Cette stratégie miracle ? La sienne. Depuis deux mois, il tente en effet de racheter le spécialiste de la location de bureaux partagés, toujours placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, qui doit lui permettre de restructurer sa dette et de renégocier ses loyers. “Mon client est prêt à soumettre une offre détaillée”, assure ainsi l’avocat vedette Alex Spiro, qui représente aussi Elon Musk, dans un courrier envoyé lundi au cabinet chargé de la procédure. Mais ses efforts se sont, pour le moment, heurtés à une fin de non-recevoir. Probablement parce que les créanciers de WeWork refusent cette hypothèse.
Milliards dilapidés – Il faut dire que le passif d’Adam Neumann ne plaide pas forcément en sa faveur. Certes, l’entrepreneur a été à l’origine de la formidable ascension de la start-up, un temps valorisée à 47 milliards de dollars. Mais il a aussi précipité sa spectaculaire chute. À la tête de WeWork, il a bénéficié du soutien inconditionnel du milliardaire japonais Masayoshi Son, le patron de Softbank, qui a investi plus de dix milliards de dollars. Et qui l’a surtout laissé dépenser sans compter dans une stratégie d’expansion internationale démesurée. En treize ans, la société a ainsi dilapidé les 23 milliards qu’elle avait réussi à lever auprès de ses investisseurs… tout en devant s’endetter fortement. Adam Neumann avait été poussé vers la sortie en 2019 après une tentative ratée d’introduction en Bourse.
Loyers trop élevés – Malgré une sévère cure d’austérité, marquée par des licenciements massifs et l’abandon de projets annexes, la situation financière de WeWork était catastrophique. Notamment en raison des baux immobiliers de longue durée de ses quelque 700 bureaux, répartis dans 129 villes. Chaque mois, le montant des loyers représentait quasiment l’intégralité du chiffre d’affaires. Certes, la société n’a pas été aidée par les confinements. Mais elle n’a pas profité, comme elle le pensait, de la montée du télétravail. En 2021, elle promettait d’atteindre un taux d’occupation de 90%. L’an passé, celui-ci ne s’élevait qu’à 72%. L’inéluctable a fini par se produire. Alors que sa trésorerie était tombée à un niveau alarmant, WeWork n’a pas honoré le paiement d’intérêts obligataires. Et a donc dû se déclarer en faillite
Le temps presse – En novembre, WeWork expliquait vouloir profiter de cette procédure pour “rationaliser davantage son portefeuille de baux de bureaux commerciaux”, notamment pour fermer les espaces de coworking les moins performants. La société espérait ainsi sortir renforcée, avec une structure de coûts allégée devant lui permettre de devenir rentable. Mais le temps presse, alors que les négociations avec les bailleurs s’enlisent. Lundi, WeWork a expliqué au juge supervisant sa faillite que ses liquidités pourraient être insuffisantes pour poursuivre son activité. De quoi faire avancer l’offre d’Adam Neumann ? L’ex-patron, qui a touché 450 millions en 2021 de la part de WeWork, assure s’être associé avec le milliardaire Daniel Loeb. Selon le Financial Times, il aurait aussi discuté avec… Softbank.
Pour aller plus loin:
– De 47 milliards de dollars de valorisation à la faillite: l’inéluctable chute de WeWork
– Après des pertes abyssales, Softbank veut repasser à l’offensive
Yandex abandonne son (embarrassante) nationalité russe
Fleuron de la tech russe, Yandex inscrit désormais son avenir au-delà de ses frontières. La société, officiellement basée aux Pays-Bas, a annoncé lundi la cession de l’ensemble de ses activités russes, à commencer par son moteur de recherche, qui cumulent plus de 95% de son chiffre d’affaires et de ses effectifs. Cette opération, négociée depuis près d’un an et demi avec le Kremlin, s’élève à 475 milliards de roubles, soit 4,9 milliards d’euros – cela représente moins de la moitié de la “juste valeur” de ces actifs, conformément à une législation entrée en vigueur en 2022. Elle fait suite à l’invasion de l’Ukraine il y a deux ans. Elle doit permettre à l’entreprise de poursuivre son développement à l’abri des sanctions américaines et européennes. Et de redistribuer une partie de la somme à ses actionnaires, qui sont essentiellement occidentaux.
Diversification – Lancé en 1997, Yandex s’est imposé comme le premier moteur de recherche en Russie, lui valant le surnom de “Google russe”. Le groupe a ensuite fortement diversifié ses activités. Il s’est lancé dans le commerce en ligne, dans les véhicules avec chauffeur (VTC), dans le paiement mobile et plus récemment dans la livraison ultrarapide de courses. Sur les neuf premiers mois de 2023, il a réalisé un chiffre d’affaires de 550 milliards de roubles (5,6 milliards d’euros), en hausse de 54% sur un an. Avant 2022, ses dirigeants avaient beaucoup misé sur l’international. Yandex avait ouvert des centres de recherche à l’étranger, développait des voitures autonomes aux États-Unis et souhaitait lancer son offre de cloud en Europe. En 2011, la société était aussi entrée en Bourse sur le Nasdaq.
Technologies occidentales – Depuis, les grandes ambitions internationales de Yandex se sont heurtées aux conséquences de la guerre en Ukraine. Son action a plongé de 60% en quelques jours. Avant de voir sa cotation suspendue, puis d’être radié du Nasdaq il y a un an. L’entreprise a aussi dû repousser le lancement de son cloud en Allemagne. Elle a été lâchée par son partenaire américain Grubhub, avec lequel elle concevait un robot de livraison. Surtout, elle ne peut plus se fournir auprès des entreprises occidentales qui ont suspendu leurs ventes en Russie. Yandex n’a ainsi plus accès aux puces, aux serveurs et aux logiciels indispensables pour rivaliser dans les véhicules sans conducteur ou le cloud computing. Sans changement, ces activités auraient donc été condamnées à disparaître.
Nouvelle identité – La cession des activités russes doit être finalisée, en deux temps, pendant l’été. La liste des acheteurs n’inclut aucune personnalité visée par les sanctions occidentales, alors que plusieurs proches de Vladimir Poutine étaient intéressés. La maison mère néerlandaise ne conservera alors que quatre activités: les voitures autonomes, le cloud, l’éducation en ligne et l’étiquetage des données – une technique utilisée dans l’intelligence artificielle. Elle pourrait être dirigée par Arkady Volozh, le cofondateur et ancien patron du moteur de recherche, qui avait abandonné son poste après l’invasion de l’Ukraine. La société opérera de “manière indépendante de la Russie”, assure-t-elle. Et elle changera aussi d’identité. La marque Yandex, trop identifiée, sera conservée par les actifs russes.
Pour aller plus loin:
– Les ambitions du géant russe Yandex volent en éclat
– Pourquoi les géants de la tech quittent la Russie
En panne de croissance, Snapchat licencie à nouveau
Un troisième plan social en moins de 18 mois. Lundi, Snap a officialisé le licenciement de plus de 500 employés supplémentaires, soit 10% de ses effectifs. La maison mère de Snapchat s’est notamment séparée de certains hauts dirigeants, dans le but de réduire le nombre d’actions gratuites qu’elle distribue chaque année. Elle avait déjà supprimé 1.300 emplois à l’automne 2022. Puis 170 un an plus tard, dans le cadre de la fermeture de sa division dédiée aux solutions de réalité augmentée pour les entreprises. L’application au fantôme jaune est pénalisée par la faiblesse du marché de la publicité, ainsi que par les nouvelles règles d’Apple sur le pistage publicitaire. Si elle a renoué avec la croissance, celle-ci reste faible. Au quatrième trimestre, son chiffre d’affaires a progressé de 5%, un rythme cinq fois moins élevé que celui de Meta, la maison mère de Facebook et Instagram.
Pour aller plus loin:
– Face à la menace TikTok, Amazon s’associe à Facebook et à Snapchat
– Pour la première fois, Snapchat accuse une baisse de son chiffre d’affaires
Crédit photos: Flickr / Fortune - Yandex
Si Neumann reste "sage", il y a effectivement un bon potentiel pour le futur de l'entreprise, à voir avec le temps. Yandex obligée de vendre ce qu'il rapporte le plus, pour moitié prix 🤯, ça reste pas mal quand même, si ça leur permet de sortir de l'impasse.