Pourquoi l'IA pousse les géants du cloud à s'intéresser au nucléaire
Depuis plusieurs années, Google compense les émissions de CO2 de ses data centers en achetant de l’électricité solaire et éolienne. Mais devant l’explosion de sa consommation, pour alimenter ses ambitions dans l’intelligence artificielle générative, le moteur de recherche mise désormais sur le nucléaire. Lundi, il a officialisé un accord avec la start-up américaine Kairos Power, pour acheter l’électricité produite par ses futurs réacteurs modulaires. Suivant la même logique, Microsoft s’est associé, fin septembre, avec le géant de l’énergie Constellation afin de relancer la production dans la centrale, tristement célèbre, de Three Mile Island, interrompue en 2019 faute de modèle économique viable. Et Amazon prévoit de bâtir jusqu’à quinze centres de données, directement connectés à une autre centrale nucléaire.
Data centers géants – L’entraînement et le fonctionnement des modèles d’IA générative nécessitent une importante puissance de calcul, aujourd’hui presque intégralement apportée par des plateformes de cloud. Cela se traduit par une utilisation encore plus intensive de data centers de plus en plus nombreux. Et de plus en plus gros. Pour satisfaire cette demande, Google, Microsoft et Amazon investissent plusieurs dizaines de milliards de dollars par an dans leur infrastructure informatique. Celle-ci a besoin de beaucoup d’électricité, aussi bien pour faire tourner les serveurs que pour les refroidir. Sam Altman, le patron d’OpenAI, milite pour la construction de gigantesques data centers, qui auraient besoin de la production de trois à cinq réacteurs nucléaires, soit l’équivalent d’une ville de trois millions d’habitants.
Centrales à charbon – Si des progrès ont été réalisés pour réduire la consommation des centres de données, ils ne sont pas suffisants pour compenser la hausse de leur activité. D’ici à 2030, ces sites pourraient ainsi représenter plus de 10% de la consommation électrique aux États-Unis, contre 3 à 4% aujourd’hui. Dans certains pays, ils représentent déjà un défi majeur pour les réseaux. C’est le cas notamment en Irlande, où ils utilisent déjà plus d’électricité que l’ensemble des ménages. C’est aussi le cas de quelques États américains. Ces problèmes devraient être accentués par l’électrification en cours des transports et de l’industrie. Pour y faire face, le développement des énergies renouvelables ne suffit pas. L’essor de l’IA fait ainsi perdurer, voire fait augmenter, la production des centrales à gaz et à charbon.
Neutralité carbone – Ces évolutions vont à l’encontre des objectifs climatiques des trois géants américains du cloud. Au lieu de baisser, leurs émissions carbone n’ont en effet cessé de grimper ces dernières années. Et elles devraient logiquement continuer dans cette direction. Or, Google et Microsoft ont annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030. Amazon ambitionne d’y parvenir d’ici à 2040. Officiellement, ces objectifs restent d’actualité. Mais ils apparaissent de moins en moins crédibles. Pour les atteindre, les trois sociétés ont multiplié les achats de certificats d’énergie renouvelable. Ils ont aussi conclu des contrats d’achat d’électricité avec des producteurs renouvelables. Ils espèrent désormais aller plus loin avec le nucléaire, même si l’impact sur leur bilan carbone prendra du temps à se matérialiser.
Pour aller plus loin:
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’intelligence artificielle
– Nvidia bientôt rattrapé par la fin de l’euphorie autour de l’IA générative ?
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Quand le robot humanoïde d'Elon Musk impressionne… à tort
Un robot humanoïde servant des bières, un autre jouant à pierre-feuille-ciseaux et un troisième capable de tenir une conversation. La semaine dernière, le robot Optimus a assuré le spectacle lors de la présentation en grande pompe du Cybercab, le projet de taxi autonome de Tesla. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant des réactions enthousiasmées. En réalité pourtant, les robots étaient contrôlés par des opérateurs humains, dont ils ne faisaient que répéter les mouvements. Même chose pour leurs paroles. Si le doute a rapidement émergé chez certains participants, beaucoup d’autres sont tombés dans le panneau. Sans oublier tous ceux qui n’ont vu que les vidéos circuler sur Internet et qui ont immédiatement pensé que le fabricant de voitures électriques avait fait un gigantesque bond dans la robotique.
Quels progrès ? – Ce n’est pas la première fois que Tesla se fait démasquer. En janvier, son patron Elon Musk avait publié une vidéo d’Optimus pliant du linge. Avant de reconnaître que le robot ne fonctionnait pas seul, alors que des internautes avaient remarqué que la main d’un opérateur apparaissait sur certains plans. De quoi jeter le doute sur les précédentes vidéos partagées par le constructeur. Et donc sur les progrès réalisés depuis la présentation du projet il y a deux ans. Certes, Optimus n’affiche plus la démarche hésitante de ses débuts. Il est aussi capable de marcher au milieu d’une foule. Mais le véritable défi réside dans la capacité à prendre les bonnes décisions pour interagir avec le monde réel. “Aucun élément ne démontre des progrès significatifs”, tacle Adam Jonas, analyste chez Morgan Stanley.
1.000 milliards de profits – Parti en retard dans la robotique, Tesla affiche probablement les plus grandes ambitions. “Ce sera le plus grand produit jamais créé, toutes catégories confondues”, assure Elon Musk. Le milliardaire estime pouvoir vendre 100 millions d’unités par an, ce qui représenterait un chiffre d’affaires potentiel d’au moins 2.000 milliards de dollars. Et des profits de 1.000 milliards. Il vise d’abord les usines, dans lesquelles l’automatisation des tâches est un enjeu économique. Mais il mise aussi sur le marché grand public, imaginant que les robots réaliseront les tâches domestiques. “Il pourra garder vos enfants, promener votre chien, tondre votre pelouse, faire les courses, être votre ami ou servir des boissons”, liste-t-il, estimant que “tout le monde” voudra son “propre C3PO” – le robot humanoïde de Star Wars.
Avant 2027 ? – Comme à son habitude, Elon Musk s’est fixé une feuille de route ambitieuse. En 2022, il évoquait un lancement commercial dans les trois à cinq ans – un calendrier sur lequel il ne s’engage plus. Pour aller vite, il parie sur l’expérience engrangée par Tesla dans la conduite autonome. Optimus utilise en effet les mêmes algorithmes d’apprentissage automatique, lui permettant d’analyser l’environnement pour prendre des décisions. Le constructeur peut aussi compter sur son savoir-faire dans le domaine des batteries électriques. Et pourra tester et améliorer ses robots directement dans ses usines. Malgré tout, le calendrier avancé par Elon Musk laisse sceptiques beaucoup d’experts de la robotique. D’autres soulignent que le choix de reprendre exactement l’apparence humaine n’est pas le plus pertinent.
Pour aller plus loin:
– Les “terrifiants” robots de Boston Dynamics rachetés par Hyundai
– Amazon teste un robot humanoïde dans ses entrepôts
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Crédit photos: Google - Tesla