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La start-up de poids lourds autonomes TuSimple pivote vers l'IA générative
En décembre 2021, TuSimple faisait sensation, en faisant rouler, pour la première fois, un camion sans chauffeur à bord sur une distance de 130 kilomètres en Arizona. À peine trois ans plus tard, non seulement cet ambitieux projet a été abandonné avec pertes et fracas. Mais la start-up chinoise a aussi officialisé mercredi un incroyable pivot, entériné par un changement de nom. Elle s’appelle désormais CreateAI. Et elle va concentrer ses efforts sur des modèles d’intelligence artificielle générative pour concevoir des films d’animation et des jeux vidéo. Cette transition, qui a suscité l’opposition de certains actionnaires, à commencer par l’un des cofondateurs, parachève trois années tumultueuses, marquées par des revirements stratégiques, des accusations de fraudes et le transfert caché de technologies vers la Chine.
Accident – Fondée en 2015, TuSimple faisait partie des start-up pionnières dans le développement de poids lourds autonomes. Le secteur est alors jugé très prometteur, notamment face à la pénurie de chauffeurs routiers. La jeune entreprise attire donc les investisseurs, principalement chinois, même si son siège social était officiellement à San Diego. Elle lève ainsi près de 650 millions de dollars. En 2021, en pleine euphorie post-Covid, elle récolte 1,35 milliard de plus lors de son introduction en Bourse. TuSimple embauche massivement. Et multiplie les effets d’annonce. En coulisses pourtant, la crise couve déjà. Celle-ci est précipitée par un accident de l’un de ses camions en 2022, qui met en lumière d’importants manquements en matière de sécurité. Dans la foulée, le fabricant de poids lourds Navistar décide de se retirer du projet.
Lourdes pertes – Comme pour d’autres acteurs du secteur, les ambitions de TuSimple se sont fracassées sur une réalité: concevoir un véhicule autonome se révèle beaucoup plus complexe qu’anticipé au départ. Cela se traduit par des investissements conséquents et par des perspectives de profits toujours plus éloignées. En moins de dix ans, la société aurait ainsi englouti 1,8 milliard de dollars en recherche et développement. Pour aller plus vite, et chercher à rassurer les actionnaires, ses dirigeants ont donc cherché à prendre des raccourcis. Ce qui s’est finalement retourné contre eux. Parallèlement, ils ont été accusés par les autorités américaines d’avoir menti aux investisseurs sur la sécurité de leurs camions. Et d’avoir transféré, dans le plus grand secret, des technologies vers une de leurs entreprises basées en Chine.
Fonds bloqués – Face à ses difficultés, TuSimple a multiplié les retournements stratégiques. Avant de décider l’an passé de se retirer du marché américain. Elle promettait alors de concentrer ses efforts sur le développement de camions autonomes en Chine. Mais cela ne s’est jamais matérialisé. Ces derniers mois, l’entreprise a donc commencé à réorienter ses équipes vers l’IA, convaincue de son potentiel. Elle ambitionne de lancer ses propres créations, ainsi que de commercialiser l’accès à ses modèles. Pour mener à bien ses projets, TuSimple dispose encore de 450 millions de dollars de trésorerie. Mais cette somme est bloquée sur des comptes aux États-Unis, empêchant leur transfert en Chine. Son fondateur et ex-patron réclame aussi une liquidation de l’entreprise, afin d’utiliser l’argent restant pour indemniser les actionnaires.
Pour aller plus loin:
– Le projet de robot-taxi de Cruise définitivement abandonné par GM
– Quand le robot humanoïde d’Elon Musk impressionne… à tort
Comment Instagram est devenu plus important que Facebook
C’est une première en forme de passage de témoin. Treize ans après son rachat, Instagram va supplanter Facebook. Selon les estimations du cabinet eMarketer, l’application de photos et de vidéos devrait en effet représenter plus de la moitié des recettes publicitaires générées l’an prochain aux États-Unis par Meta, la maison mère des deux réseaux sociaux. Cette évolution n’est pas surprenante. D’un côté, le pionnier du secteur enregistre une stagnation voire un déclin de son activité – peinant notamment à séduire les plus jeunes. De l’autre, la plateforme qu’il a acquise surfe sur le succès de nouveaux formats vidéo. C’est elle qui assure désormais l’essentiel de la croissance du groupe dirigé par Mark Zuckerberg. Et qui soutient son cours boursier. Sa santé financière est ainsi devenue beaucoup plus importante que celle de Facebook.
Menace – Lancée en 2010, l’application a été rachetée deux ans plus tard, en avril 2012. À l’époque, elle ne compte que 30 millions d’utilisateurs mais elle représente déjà une menace pour Facebook. Elle est en effet au cœur d’une double transition des réseaux sociaux précipitée par l’essor des smartphones: du PC vers les mobiles et du texte vers les photos. Alors qu’elle doit s’introduire en Bourse, la société de Melon Park est en retard sur ces deux évolutions. C’est donc Mark Zuckerberg en personne qui mène les négociations. Puis qui signe un chèque d’un milliard de dollars – ramené par la suite à 715 millions en raison de la baisse du cours boursier de Facebook. Une somme jugée alors déraisonnable par de nombreux observateurs. Mais qui s’apparente aujourd’hui à l’une des acquisitions les plus rentables de l’histoire de la tech.
Vidéos - Depuis 2012, Instagram est entré dans une autre dimension. En 2022, la plateforme a dépassé la barre des deux milliards d'utilisateurs actifs. Et son chiffre d'affaires s'est envolé: 12 milliards de dollars en 2018 puis 32 milliards en 2021, davantage que YouTube. En 2025, ses recettes s'élèveront à 32 milliards sur le seul marché américain, estime eMarketer. Face à Facebook, Instagram s'est fait une place. Quand sa maison mère insiste sur la famille et les amis, l'application est devenu le canal de communication préférentiel des célébrités, influenceurs et marques. Un temps bousculé par l'arrivée de Snapchat puis de TikTok, elle n'a pas hésité à recopier leurs recettes gagnantes. Ce sont d'abord les Stories, des vidéos qui disparaissent au bout d'un certain temps. Et ensuite les Reels, un fil ininterrompu de courtes vidéos.
Vente forcée ? – “Instagram est désormais une plateforme axée sur la vidéo”, estime Jasmine Enberg, du cabinet eMarketer, qui souligne que ces nouveaux formats représentent deux tiers des usages. La plateforme pourrait ainsi être l’une des principales bénéficiaires d’une potentielle interdiction de TikTok aux États-Unis en janvier, récupérant, selon l’analyste, environ 20% de ses recettes publicitaires. Mais l’avenir d’Instagram est aussi incertain. Après avoir validé son rachat en 2012, sans imposer de conditions, la Federal Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence, veut désormais forcer Meta à revendre sa filiale – ainsi que WhatsApp, acquis deux ans plus tard pour 19 milliards de dollars. Un procès doit s’ouvrir en avril. À moins que l’administration Trump décide d’ici là d’abandonner la procédure.
Pour aller plus loin:
– Face au RGPD, Meta va proposer des publicités “moins personnalisées”
– ByteDance, la maison mère de TikTok, rattrape Meta
Crédit photos: TuSimple – Unslapsh / Brett Jordan