Après deux années de chute, le marché du PC renoue avec la croissance
L’interminable repli des ventes d’ordinateurs aura duré deux ans. Il a pris fin au premier trimestre, selon les estimations du cabinet IDC. Entre janvier et mars, les fabricants ont en effet livré 59,8 millions d’appareils aux distributeurs, soit une hausse de 1,5% par rapport à l’an passé. Ce niveau est similaire à la période pré-Covid, mais toujours très loin des pics touchés pendant la crise sanitaire – au premier trimestre 2021, 84,8 millions d’ordinateurs avaient été écoulés. D’abord espéré à la rentrée dernière, le rebond du marché s’est donc fait attendre quelques mois de plus. Et son ampleur reste encore limitée. Cela représente, malgré tout, un soulagement pour l’ensemble du secteur, qui espère une croissance plus importante au deuxième semestre, en particulier avec l’arrivée annoncée des “PC IA”.
Effet de rattrapage – Si elle a été spectaculaire, la chute du marché (-16,5% en 2022 et -13,9% en 2023, selon IDC) doit être nuancée. Car elle s’explique en partie par un effet de rattrapage. Avec la généralisation du télétravail et des cours à distance, les ventes d’ordinateurs avaient en effet fortement rebondi en 2020 et 2021, mettant fin à près de dix années de baisse. Et retrouvant leur niveau de 2012. L’amélioration de la situation sanitaire a mécaniquement fait baisser les ventes, aussi bien chez les particuliers que les entreprises. Dans le même temps, le contexte économique a accentué les difficultés du secteur, entre l’envolée de l’inflation et la crainte d’une possible récession. D’autres appareils électroniques, notamment les smartphones, ont ainsi connu une baisse similaire de leurs ventes.
Cycle de remplacement – Ces vents contraires commencent à se dissiper. Après deux années de chute, la base de comparaison est désormais beaucoup plus favorable pour afficher des trimestres de croissance. Et la situation économique s’est améliorée, même si elle continue de peser, notamment en Chine. D’autres éléments devraient favoriser le rebond des ventes. Les distributeurs ont réduit leurs stocks excédentaires, qui les poussaient à abaisser leurs commandes auprès des fabricants. Surtout, le cycle de remplacement du parc devrait s’accélérer. “Les entreprises commencent à remplacer les ordinateurs achetés pendant la pandémie”, souligne Jitesh Ubrani, analyste chez IDC. En outre, le prochain arrêt du support de Windows 10 va entraîner une “transition à grande échelle vers Windows 11”, prédit Ishan Dutt, du cabinet Canalys
IA générative – Les fabricants d’ordinateurs, comme ceux de smartphones, misent aussi beaucoup sur le lancement de nouveaux modèles, équipés de processeurs suffisamment puissants pour faire tourner localement certains services d’intelligence artificielle générative – comme une nouvelle application de Microsoft connue sous le nom de code AI Explorer. Ces “PC IA”, comme les appelle le concepteur de Windows, représentent “une innovation indispensable”, sur un secteur qui en manque cruellement, estime Ishan Dutt, pouvant inciter les utilisateurs à remplacer leur ancienne machine. Canalys estime qu’il devrait s’en écouler 50 millions d’unités cette année, soit 18% du marché. En 2028, leurs ventes devraient atteindre 200 millions. Autre motif d'optimisme: les “PC IA” pourraient permettre aux fabricants d'augmenter les prix de 10 à 15%.
Pour aller plus loin:
– Samsung lance la vague des smartphones dopés à l’IA générative
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU
Cruise reprend les essais de ses voitures autonomes... avec des conducteurs
Six mois après, les voitures sans conducteur de Cruise vont ressortir du garage. Mardi, la filiale de General Motors a annoncé la reprise progressive de ses essais sur route. Dans un premier temps cependant, ces véhicules ne fonctionneront pas de manière autonome: un chauffeur se trouvera derrière le volant. La société explique vouloir “créer des cartes et recueillir des informations dans certaines villes”, comme les limitations de vitesse, les feux et les panneaux de signalisation, en utilisant le lidar et les capteurs de ses voitures. Cette “étape cruciale” sera d’abord menée à Phoenix. Cruise, qui veut “rebâtir la confiance” avec les municipalités, ne s’engage pas sur un calendrier pour la reprise de son service de robots-taxis, suspendu en octobre suite à une série d’accidents dans les rues de San Francisco.
Rachat par GM – Fondée il y a onze ans, Cruise fait alors partie d’une génération de start-up qui ambitionne de développer des voitures sans conducteur, dans le sillage des premières Google Car. Le tournant de son histoire intervient trois ans plus tard, quand la jeune entreprise est rachetée par General Motors, pour un montant estimé à un milliard de dollars. Le géant de l’automobile lui permet de prendre une autre dimension, disposant désormais d’importantes ressources pour embaucher massivement et financer sa R&D. D’autant qu’elle lève ensuite plusieurs milliards auprès d’investisseurs extérieurs, dont Softbank et Microsoft. En 2022, elle a commencé à transporter des passagers dans ses véhicules sans la présence d’un opérateur pouvant reprendre le contrôle en cas d’urgence.
Un million de robots-taxis – Cruise est alors engagée dans une course de vitesse. D’abord, contre Waymo, la filiale de Google, pionnière du secteur, ou encore Zoox, rachetée par Amazon en 2020. Et ensuite contre le temps, alors que ses pertes s’accumulent – près de 3,5 milliards de dollars, par exemple, l’année dernière. Ses dirigeants se montrent très ambitieux. Début 2023, ils projetaient d’atteindre la barre du milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2025. Puis, celle des 50 milliards en 2030, en déployant plus d’un million de véhicules aux États-Unis, au Japon ou encore à Dubaï pour remplacer Uber et les taxis. Pour y parvenir, l’entreprise a conçu son propre robot-taxi, baptisé Origin et pensé spécifiquement pour le transport de passagers, sans volant ni pédale. Mais elle a aussi négligé le plus important: la sécurité.
Rapport accablant – Les difficultés de Cruise ont été précipitées par un accident intervenu début octobre, lors duquel une piétonne avait été traînée sur une vingtaine de mètres par l’une de ses voitures. Dans un rapport, un cabinet d’avocats s’est montré extrêmement critique avec l’ancienne direction, dont le fondateur Kyle Vogt, poussé à la démission en novembre. Cruise a “caché des éléments importants”, notaient ses auteurs. Aux médias mais surtout aux autorités, leur envoyant même une vidéo montée. Le rapport pointait aussi “un leadership médiocre, des erreurs de jugement, un manque de coordination, une mentalité de confrontation avec les régulateurs et une incompréhension des obligations de transparence”. Reprise en main par GM, la société a depuis engagé un responsable de la sécurité et revu ses procédures de contrôle.
Pour aller plus loin:
– Uber abandonne son projet de robots-taxis
– Google tente de préserver les secrets de ses voitures autonomes
Crédit photos: Lenovo - Cruise