La marque de smartphones Nothing se lance dans le haut de gamme
“Un premier vrai flagship”. Et le symbole de nouvelles ambitions. Mardi, Nothing a lancé son premier smartphone haut de gamme, le Phone (3). “Des matériaux premium et des améliorations majeures de performance”, poursuit son patron Carl Pei. Ce positionnement se répercute sur le prix: 849 euros, presque 400 euros de plus que le premier modèle lancé il y a trois ans. L’appareil se retrouve ainsi en concurrence frontale avec les iPhone et Galaxy S premiers prix. “Nous sommes prêts à rivaliser”, assure le dirigeant de la start-up britannique. Sa confiance se traduit aussi par un premier lancement d’envergure aux États-Unis. Si son nouveau smartphone abandonne son système de bandes LED signalant un appel ou une notification, il conserve l’essentiel: un design qui détonne, notamment avec sa coque transparente, alors que tous ses concurrents semblent se ressembler.
7 millions d’exemplaires – Fondée en 2020, Nothing a rapidement fait parler d’elle. Par l’identité de son fondateur, considéré comme le principal artisan du succès de la marque chinoise OnePlus. Mais aussi par celle de ses soutiens, comme Tony Fadell, l’ancien designer vedette d’Apple. La start-up a également reçu un financement de GV, le fonds d’investissement de Google. En trois ans, elle a écoulé plus de 7 millions de smartphones et d’écouteurs, tirant les fruits d’une stratégie marketing efficace et de son design unique. C’est peu et beaucoup à la fois. Encore très peu par rapport aux volumes expédiés dans le monde. Mais déjà beaucoup par rapport aux performances des précédentes marques qui ont essayé de percer sur le marché très concurrentiel des smartphones. Selon Bloomberg, elle a réalisé plus de 500 millions de dollars de chiffre d'affaires l'an passé.
Image de marque – Avant Nothing, plusieurs autres start-up avaient déjà tenté leur chance. L’exemple le plus symbolique est celui d’Essential, lancée en 2015 par Andy Rubin. Surfant sur son CV, le concepteur du système Android avait réussi à lever 300 millions de dollars. Pour rien: les ventes de la marque n’ont jamais décollé – moins de 90.000 exemplaires en six mois – et l’entreprise a rapidement fermé ses portes. Ses brevets ont ensuite été rachetés par… Nothing. Réussir sur ce marché très concurrentiel est en effet extrêmement compliqué. Même pour Google, qui n’écoule encore que quelques millions de smartphones Pixel par an. Cela réclame beaucoup de temps et de ressources, aussi bien pour développer son image de marque auprès du grand public que pour bâtir son réseau de distribution, en particulier dans les boutiques des opérateurs.
Risque calculé – En se lançant sur le segment haut de gamme, Nothing prend un risque. Mais un risque calculé. D’une part, parce que le marché des smartphones est en pleine “premiumisation”, avec une hausse du prix de vente moyen. Les modèles les plus performants dépassent désormais allègrement la barre des 1.000 euros – se rapprochant même de celles des 2.000 euros pour certaines configurations. D’autre part, parce que la start-up commercialise aussi une gamme d'appareils de milieu de gamme, reprenant notamment la stratégie – et l’appellation “a” – qui a fonctionné chez Google. Elle a aussi lancé CMF, une marque d’entrée de gamme, qui propose des smartphones sous les 300 euros. Reste qu’un succès commercial est primordial pour Nothing, qui cherche à concrétiser une nouvelle levée de fonds de 100 millions de dollars, autant que la précédente menée en 2023.
Pour aller plus loin:
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Amazon comptera bientôt davantage de robots que d’employés dans ses entrepôts
Dans les gigantesques entrepôts d’Amazon, les robots seront bientôt plus nombreux que les humains. Mardi, le géant américain du commerce en ligne a annoncé le déploiement de son millionième robot. Un chiffre à comparer avec des effectifs légèrement inférieurs à 1,6 million d’employés – dont l’immense majorité dans ses 350 “centres de distribution”. Une dizaine de modèles de machines roulantes ou de bras robotisés, en attendant de potentiels robots humanoïdes assistent désormais les préparateurs de commandes en “s’occupant des tâches de levage lourd et des tâches répétitives”, indique Scott Dresser, vice-président de la branche dédiée à la robotique. Depuis un an et demi, l’entreprise teste aussi un robot humanoïde capable d’attraper et déplacer des objets. Elle promet que son objectif est de “libérer” ses salariés et non de les remplacer.
Déplacer les chariots – Amazon a pris le tournant de la robotique en 2012 avec le rachat de la start-up Kiva Systems, devenue Amazon Robotics, pour 775 millions de dollars. Dans ses entrepôts, l’automatisation n’a cessé de progresser. Celle-ci prend la forme de la petite machine à roue Proteus, qui déplace des chariots au milieu des opérateurs humains, quand les précédents modèles étaient cantonnés à des zones dédiées pour éviter les accidents. Ou encore de deux bras robotisés, appelés Sparrow et Cardinal, qui peuvent respectivement déplacer des objets d’un bac à un autre et entasser des colis dans des chariots. Plus récemment, son dernier système, Sequoia, combine ces deux technologies pour réduire les délais de stockage et de préparation. “Nous sommes le premier fabricant et le premier utilisateur de robots mobiles au monde”, se félicite Scott Dresser.
Économies – Dans ses discours autour de l’automatisation des entrepôts, Amazon met souvent en avant la réduction des risques d’accident et de blessure de ses employés. Le déploiement des robots présente aussi d’autres avantages pour l’e-commerçant. Il lui a permis d’enregistrer d’importants gains de productivité, participant à l’amélioration de la vitesse de livraison des commandes – un argument commercial capital –, et de stocker davantage de produits sur les mêmes surfaces. Il a aussi réduit les besoins en main-d’œuvre. Depuis 2020, ses effectifs sont restés stables, alors que le volume de commandes a fortement augmenté. Selon des calculs du Wall Street Journal, l’e-commerçant livre désormais 3.870 colis par an et par salarié, contre seulement 175 il y a dix ans. Tout cela se traduit par des économies, que la société n’a jamais chiffrées officiellement.
Humanoïdes – Amazon veut aller encore plus loin. Fin 2023, des robots humanoïdes ont été déployés dans quelques entrepôts. Appelés Digit, ils ont été conçus par la start-up Agility Robotics, dans laquelle le groupe a investi. Ils peuvent porter des objets pesant jusqu’à 16 kilos et travailler 16 heures par jour. Initialement, Amazon prévoyait de les utiliser pour aller ranger les bacs en plastique utilisés dans la préparation des commandes, avant d’envisager d’autres cas d’usage. “Il existe une grande opportunité pour développer une solution de manipulateur mobile”, prédisait à l’époque Scott Dresser. Amazon n’a depuis plus communiqué sur ce projet. Selon The Information, il testerait l’utilisation de ces robots pour assurer la livraison des colis. Des robots qui pourraient, un jour, être transportés par les voitures autonomes de Zoox, rachetées en 2020.
Pour aller plus loin:
– Quand le robot humanoïde d’Elon Musk impressionne… à tort
– Refusant de faire des concessions, Amazon abandonne le rachat d’iRobot
Crédit photos: Nothing - Amazon