La start-up qui doit sauver Amazon dans l'IA
Et aussi: Huawei s'affranchit d'Android – Bluesky rappelé à l'ordre
Cette édition est présentée par Enky, la startup belge qui révolutionne l’ameublement professionnel. Et qui ouvre son capital pour accélérer son développement durable
Pourquoi Amazon mise autant sur Anthropic
Amazon double sa mise sur Anthropic. Après avoir déjà injecté quatre milliards de dollars, le géant du commerce en ligne va réinvestir le même montant dans la start-up américaine spécialisée dans l’intelligence artificielle générative. Cette opération d’envergure n’est pas seulement financière, donnant au rival d’OpenAI les moyens de poursuivre le développement de ses grands modèles de langage, qui nécessitent une importante puissance de calcul informatique. Elle s’accompagne également d’un renforcement de leur “collaboration stratégique”, qui lie encore un peu plus le destin des deux partenaires. Celle-ci doit surtout profiter à AWS, la plateforme de cloud computing du géant de Seattle. Et ainsi lui permettre de contrer les investissements colossaux réalisés par Microsoft et Google, ses deux principaux concurrents sur ce marché.
Google aussi dans le capital – Basée à San Francisco, Anthropic a été lancée par plusieurs anciens d’OpenAI, notamment les frère et sœur Daniela et Dario Amodei, qui s’opposaient au rapprochement commercial avec Microsoft. Depuis sa création en 2021, la start-up a levé près de 14 milliards de dollars, dont environ deux milliards auprès de Google. Une partie de cette somme a été versée en crédits cloud, lui permettant d’utiliser les serveurs de ses deux principaux investisseurs. Elle est devenue l’un des acteurs les mieux financés sur un secteur qui consomme beaucoup de liquidités. Avec son chatbot Claude, Anthropic s’est aussi imposée comme l’un des principaux concurrents de ChatGPT d’OpenAI et de Gemini de Google. Pour gagner de l’argent, elle a lancé une version payante. Et met son modèle de langage à disposition d’autres entreprises.
Meilleure alternative – Si Amazon a beaucoup investi dans Anthropic, c’est qu’il n’a pas véritablement d’autre choix. Sur le marché du cloud, qui représente 75% de ses profits depuis le début de l’année, la croissance vient principalement de l’IA générative. Or, ses adversaires disposent d’arguments de poids. Microsoft est le distributeur exclusif des modèles d’OpenAI. Et Google dispose de ses propres modèles. Pour rivaliser, AWS devait donc sécuriser la meilleure alternative disponible, à savoir les modèles d’Anthropic. Ceux-ci sont désormais accessibles depuis sa plateforme Bedrock, qui permet de développer des services d’IA – par exemple pour ajouter un chatbot dans une application. Certes, la société ne dispose pas d’une exclusivité, mais elle bénéficie d’un accès anticipé aux nouvelles fonctionnalités développées par la start-up.
Puces d’IA – Cette association permet par ailleurs à Amazon d’apporter de la crédibilité à ses efforts dans l’IA. Non seulement Anthropic assure entraîner principalement ses modèles sur AWS, démontrant les capacités de son infrastructure. Mais elle s’est aussi engagée à utiliser les puces maison Trainium et Inferentia, respectivement pour entraîner et faire tourner ses modèles. L’e-marchand en avait fait une condition indispensable avant de réinjecter de l’argent dans la start-up. Il indique par ailleurs que cette dernière va collaborer avec sa filiale Annapurna Labs pour concevoir les prochains modèles. Amazon espère imposer ses accélérateurs comme une alternative crédible aux cartes graphiques conçues par Nvidia. Et ainsi convaincre d’autres entreprises à s’en servir pour déployer leurs IA sur AWS, au lieu d’Azure ou Google Cloud.
Pour aller plus loin:
– Dans l’IA, des start-up prometteuses devenues des start-up zombies
– Comment la course aux profits s’est imposée dans l’IA
Investissez dans Enky, la startup qui révolutionne l’ameublement professionnel
Depuis quatre ans, Enky démocratise une nouvelle façon de penser le mobilier commercial. Son credo: la location flexible de mobilier haut de gamme, neuf ou reconditionné. Enky a déjà séduit des entreprises de renom comme Natixis, Payplug, le groupe BPCE ou encore Kymono.
Pour répondre à la croissance rapide du marché du mobilier reconditionné, qui progresse trois fois plus vite que celui du neuf, Enky lance une campagne de financement participatif.
Accessible dès 1.000 euros via la plateforme Enky Invest, cette levée de fonds a déjà permis de récolter plus de 350.000 euros en seulement quelques jours. Les fonds serviront à concrétiser des projets ambitieux:
L’ouverture de deux ateliers de reconditionnement à Paris et Londres d’ici 2025.
Une accélération de la croissance pour positionner Enky comme leader du mobilier commercial reconditionné.
Cette campagne offre une opportunité unique de soutenir un modèle innovant et durable tout en bénéficiant d’un rendement attractif. D’autant plus que Cafétech vous fait bénéficier d'un crédit allant de 100 à 300 euros en fonction du montant investi.
Avec son nouveau système d'exploitation, Huawei s'affranchit définitivement d'Android
C’est à la fois une étape majeure et un pari très risqué pour Huawei. Mardi, le groupe de Shenzhen lance officiellement la commercialisation du Mate 70, son premier smartphone équipé d’un système d’exploitation entièrement conçu en interne – le premier aussi entièrement développé en Chine. Face aux sanctions américaines qui le visent depuis quatre ans, il s’affranchit ainsi définitivement de la version open source d’Android, sur laquelle il s’appuyait. Mais il abandonne également la possibilité pour ses utilisateurs de continuer à télécharger des applications conçues pour l’OS mobile de Google. Sa boutique n’en offre que 15.000, très loin des millions disponibles sur les smartphones rivaux. Un handicap potentiellement énorme, alors que Huawei cherche à consolider les positions regagnées sur un marché chinois extrêmement compétitif.
Liste noire – Accusé d’espionnage au profit de Pékin, Huawei a été placé en septembre 2020 sur une liste noire par les États-Unis, ne lui permettant pas, sauf dérogation, d’utiliser des technologies américaines. Cette sanction a eu deux impacts majeurs pour ses smartphones. D’abord, l’interdiction d’acheter des puces 5G à Qualcomm, alors même que le marché chinois migrait massivement vers cette technologie. Ce problème a été, en partie, résolu l’an passé grâce aux progrès de sa filiale HiSilicon et du fondeur chinois SMIC, capables de concevoir puis de produire à grande échelle un système sur puce gravé en 7nm. Depuis un an, Huawei retrouve donc des couleurs en Chine, notamment au détriment d’Apple. Selon Counterpoint, sa part de marché s’est élevée à 18% au troisième trimestre. La marque est seulement devancée par sa compatriote Vivo.
“99,9% des besoins” – Deuxième impact: l’impossibilité d’installer Android. Le système d’exploitation a été remplacé par un logiciel maison, baptisé HarmonyOS et désormais installé sur un milliard d’appareils. Celui-ci est dépourvu des services de Google, en particulier de la boutique Play Store. Mais il existait plusieurs méthodes pour contourner cette absence et continuer à télécharger des applications. Cela n’est plus possible sur la nouvelle version, connue sous le nom de code HarmonyOS Next, qui n’a pas été conçue à partir de la version open source d’Android. Le Mate 70 est le premier smartphone sur lequel elle est installée par défaut. C’est donc un test d’envergure pour le groupe. Ses dirigeants promettent que 100.000 applications seront disponibles d’ici “six à douze mois”, permettant de répondre à “99,9% des besoins”.
Patriotisme – Déjà faible, le nombre d’applications masque en outre l’absence de certaines fonctionnalités. Selon le Financial Times, c’est notamment le cas de l’intégration de WeChat Pay, le système de paiement mobile de Tencent utilisé par un milliard de personnes en Chine. Des limitations que Huawei assume, assurant que la transition vers un OS maison est indispensable pour se mettre à l’abri de nouvelles restrictions américaines. Avec le Mate 70, le groupe espère malgré tout poursuivre sa belle dynamique commerciale, lancée par la gamme Mate 60. Trois millions de précommandes ont été enregistrées, pour un million d’exemplaires mis en vente au lancement. Huawei met en avant les gains de performance et de durée de vie de la batterie offerts par HarmonyOS Next. Et compte sur un élan de patriotisme des consommateurs chinois.
Pour aller plus loin:
– Sociétés écrans et usines fantômes: comment Huawei déjoue les sanctions américaines
– Huawei lance le premier smartphone qui se plie en trois
L'Europe demande des comptes à Bluesky
C’est le revers du regain de popularité de Bluesky. Lundi, la Commission européenne a interpellé le réseau social américain, estimant qu’il ne respectait pas les obligations de transparence instaurées par le Digital Services Act. En particulier, il ne communique pas d’informations sur son nombre d’utilisateurs sur le continent. Ni sur l’existence d’une structure juridique dans l’un des pays des Vingt-Sept. Ces deux éléments sont centraux pour l’application de cette réglementation européenne, qui vise notamment à mieux réguler les réseaux sociaux. Une plateforme qui dépasse le seuil de 45 millions d’utilisateurs actifs, ce qui n’est pas encore le cas de Bluesky, est en effet directement supervisée par Bruxelles. Sinon, elle est contrôlée par une autorité nationale, soit du pays où est installé son siège européen, soit qu’elle doit choisir elle-même. Depuis les élections américaines de novembre, Bluesky enregistre un afflux d’utilisateurs, qui fuient X, propriété d’Elon Musk, soutien de Donald Trump, le futur président des États-Unis. Le réseau vient ainsi de dépasser la barre des 22 millions d’inscrits.
Pour aller plus loin:
– Meta lance Threads, son rival de Twitter, en Europe
– À Cannes, Elon Musk tentent de séduire les annonceurs
Crédit photos: Anthropic – Huawei
J'aime bien ce petit Café Tech du matin 😊