Comment Facebook séduit à nouveau les jeunes adultes
C’est une statistique que Facebook n’avait jamais partagée, peut-être parce qu’elle n’était jusqu’à présent pas très positive. Selon le réseau social, plus de 40 millions de jeunes adultes, âgés de 18 à 29 ans, se connectent tous les jours aux États-Unis et au Canada. Après “cinq trimestres de croissance soutenue”, ce chiffre est “au plus haut depuis trois ans”, assure Tom Alison, le responsable de Facebook au sein de sa maison mere Meta. Cela représente environ deux personnes sur trois dans cette catégorie d’âge. Très loin donc du sentiment général que la plateforme est délaissée par les jeunes générations, au profit de TikTok, d’Instagram ou de Snapchat. À nuancer toutefois, car Facebook ne précise pas l’évolution du temps moyen passé et du nombre de contenus publiés, deux données importantes pour mesurer l’engagement des utilisateurs.
TikTok change la donne – Il y a trois ans, la situation était bien différente. Des documents internes, révélés par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, faisaient alors état d’une baisse “alarmante” des inscriptions et de l’activité des adolescents – un problème que la société avait déjà publiquement reconnu en 2013. Mais aussi des jeunes adultes. Entre 2013 et 2020, le nombre d’utilisateurs quotidiens âgés de 18 à 24 ans a ainsi chuté d’un tiers aux États-Unis. Dans un mémo, des responsables notaient que les jeunes ne créaient plus un compte à 19 ou 20 ans, mais plutôt vers 24 ou 25 ans. Pendant longtemps, ce problème s’apparentait à des vases communicants: les personnes qui n’étaient pas actives sur Facebook l’étaient en revanche sur Instagram, aussi détenu par Meta. Mais l’irruption de TikTok a changé la donne.
Recommandations – Face à cette nouvelle menace, Mark Zuckerberg avait promis à l’automne 2021 des “changements significatifs” pour rendre Facebook et Instagram plus attractifs pour les jeunes adultes. Cela s’est d’abord matérialisé par une place accrue accordée aux Reels, un format de courtes vidéos très similaire à ce que propose TikTok, plus populaire chez les moins de 30 ans que les posts classiques ou que les Stories, copiées, elles, de Snapchat. Ensuite, Facebook a modifié son algorithme qui détermine les contenus qui s’affichent sur le fil d’actualité. Historiquement, ce fil ne contenait que des messages publiés par les amis des utilisateurs ou par les pages qu’ils suivent. Il contient désormais 30% de recommandations, c’est-à-dire des messages hors réseau. Selon Facebook, cela permet de doper l’engagement.
Rencontres et petites annonces - S'il est difficile de mesurer l'impact concret de ces changements sur l'activité des jeunes, le réseau social profite aussi de relais de croissance plus inattendus. Il explique notamment que son service de rencontres enregistre une "croissance forte" auprès de cette classe d'âge. Peut-être parce que l'application est gratuite quand les sites de rencontres multiplient les fonctionnalités payantes. Autre succès: Marketplace, la plateforme de petites annonces de Facebook. Plus de 10 millions de 18-29 ans achètent ou vendent des objets chaque mois aux États-Unis et au Canada, assure le réseau social. Grâce à sa messagerie intégrée et aux profils des acheteurs et vendeurs, Marketplace s'est imposé comme un remplaçant de l'historique Craigslist, davantage utilisé par les générations précédentes.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi Facebook prend ses distances avec l’information
– Pourquoi l’abonnement payant de Facebook est (déjà) contesté
Distancé dans l'IA, Intel ne baisse pas les bras
Dans la bataille de l’intelligence artificielle générative, Intel est pour l’instant le grand absent. Non seulement le groupe de Santa Clara, longtemps numéro un mondial des semi-conducteurs, ne propose pas de cartes graphiques, permettant d’entraîner les derniers modèles d’IA, parmi les plus performantes du marché. Mais il vient aussi d’être pris de vitesse par Qualcomm, qui va équiper les premiers “PC IA” dévoilés le mois dernier par Microsoft. Mardi, son patron Pat Gelsinger a donc tenté de reprendre la main, multipliant les annonces au cours d’une présentation organisée dans le cadre du grand salon informatique Computex qui se tient cette semaine à Taïwan. De nouveaux produits qui doivent d’abord lui permettre de stabiliser ses parts de marché, avant d’espérer renouer avec la croissance de ses ventes.
Concurrence d’ARM – Dans cette optique, l’annonce la plus importante concerne probablement l’architecture Lunar Lake, sur laquelle seront basés ses futurs processeurs. Intégrant une carte graphique et un accélérateur de réseaux de neurones, ils pourront être utilisés dans les prochains PC Copilot+, un nouveau label créé par Microsoft pour mettre en avant les ordinateurs pouvant faire tourner en local des modèles d’IA. Le secteur mise beaucoup sur cette nouveauté pour relancer les ventes. L’enjeu est de taille pour Intel, qui doit désormais affronter la concurrence de l’architecture ARM sur ce segment du marché. Les processeurs Lunar Lake seront plus performants que ces nouveaux rivaux, assure l’entreprise. Ils devraient être disponibles au troisième trimestre. Et plus de 80 modèles en seront équipés avant la fin de l’année
Spirale négative – La partie est cependant loin d’être gagnée pour Intel. Face à lui, Qualcomm a été le premier à se lancer, avec le soutien de Microsoft qui espère obtenir des gains de performances et d’autonomie pour mieux rivaliser avec les Mac d’Apple, équipés depuis quatre ans de puces ARM. Nvidia et AMD devraient le suivre l’an prochain. Autant de rivaux qui devraient accentuer la chute continue des parts de marché d’Intel dans les PC. Mardi, le groupe a aussi présenté la dernière version de son processeur Xeon, destiné notamment à l’IA dans les data centers. Celle-ci est la première à utiliser un nouveau processus de gravure, qui doit permettre de combler une partie du retard technologique accumulé ces dernières années sur le fondeur taïwanais TSMC. L’objectif est, là aussi, d’enrayer la spirale négative face à AMD.
Accélérateur d’IA – Pat Gelsinger a également dévoilé les prix de vente de Gaudi 3, le prochain accélérateur dédié à l’entraînement et à l’inférence des modèles d’intelligence artificielle générative, dont le lancement est annoncé à l’automne. La société a choisi de se montrer très agressive, avec des tarifs environ trois fois moins élevés que les cartes graphiques H100 de Nvidia, la référence actuelle dans le domaine. Elle espère ainsi prendre pied sur ce marché, largement dominé par l’autre groupe de Santa Clara, alors que ses précédents accélérateurs, issus du rachat de la start-up israélienne Habana Labs, affichaient une puissance très en deçà. Cette fois-ci, Intel promet des performances supérieures au H100. Entre-temps, cependant, Nvidia, mais aussi AMD, auront lancé de nouveaux modèles, beaucoup plus puissants.
Pour aller plus loin:
– Nvidia et AMD accélèrent les cadences pour gagner la bataille de l’IA
– Pour relancer les ventes, Microsoft lance des PC optimisés pour l’IA
Crédit photos: Unsplash / Brett Jordan - Intel