La spectaculaire volte-face de Mistral AI
Et aussi: Microsoft frappe encore dans l'IA - Airbnb veut aller "au-delà des voyages"
Pour partir à l'assaut d'OpenAI, Mistral AI abandonne (en partie) l'open source
Il y a tout juste cinq mois, Mistral AI vantait encore les mérites de l’open source. Lundi, pourtant, la start-up française spécialisée dans l’intelligence artificielle générative a fait volte-face: son dernier grand modèle de langage est propriétaire. Autrement dit, il n’est pas accessible gratuitement à tous ceux qui souhaitent l’intégrer dans un service ou une application. Il faudra désormais passer par des offres payantes, soit directement auprès du groupe français, soit en utilisant Azure, la plateforme de cloud de Microsoft. Car, autre annonce fracassante, Mistral AI a noué un partenariat commercial avec le géant de Redmond, déjà lié à OpenAI, le concepteur de ChatGPT. Celui-ci inclut aussi un investissement, dont le montant n’a pas été indiqué, mais pas une prise de participation, précise Microsoft au Financial Times.
500 millions levés – Mistral a été lancée en avril par trois anciens chercheurs français de DeepMind et de FAIR, les réputés laboratoires de Google et Meta en IA. Depuis, la nouvelle vedette de la French Tech a levé près de 500 millions d’euros et atteint une valorisation de deux milliards de dollars – du jamais vu pour une entreprise aussi jeune en Europe. Cet envol s’explique en partie par son pari de l’open source, un choix à contre-courant de ses rivales. En septembre, lors du lancement de son premier grand modèle de langage, Mistral assurait alors que c’était le seul moyen de “créer une alternative crédible à l’oligopole émergent” composé des quelques géants américains du secteur. Et elle promettait de “réduire l’écart de performance” entre ses modèles libres et les modèles fermés commercialisés par OpenAI ou Google.
Changement rapide – Certes, Mistral Al avait, timidement, expliqué en novembre que certains de ses modèles seraient commerciaux. Mais elle se disait aussi “engagée en faveur de modèles ouverts” – une phrase qui a disparu ce lundi de son site Internet. Surtout, rien ne laissait présager que ce changement de paradigme interviendrait si tôt, même pas un an après sa création. Interrogé par Le Monde, son patron Arthur Mensch promet de ne pas abandonner l’open source. En attendant, son modèle le plus performant ne l’est pas. Baptisé Mistral Large, celui-ci est le deuxième modèle le plus puissant du marché, assure la start-up. Il est devancé de peu par GPT 4 d’OpenAI. Ces comparaisons sont cependant incomplètes car elles n’incluent pas la version “turbo” de GPT 4. Ni la dernière itération du modèle Gemini, lancée début février par Google.
Rival de ChatGPT – Face à GPT 4, aussi accessible depuis l’offre Azure, Mistral aura fort à faire pour séduire les entreprises. Pour compenser des performances moins poussées, la start-up française mise sur des tarifs inférieurs de 20% à ceux pratiqués par sa rivale américaine. Elle souhaite aussi s’attaquer à son déficit d’image de marque auprès du plus grand nombre, quand OpenAI bénéficie du succès spectaculaire de ChatGPT. Pour tenter de combler cet écart, elle vient ainsi de lancer son propre robot conversationnel, baptisé Le Chat et disponible gratuitement, pour le moment du moins. “Le Chat est une démonstration”, explique Arthur Mensch au Monde. En rejoignant Azure, Mistral espère doper l’adoption de ses modèles. Et donc multiplier son chiffre d’affaires, première étape pour voir encore plus haut.
Pour aller plus loin:
– Après l’euphorie, les craintes d’une bulle autour de l’IA générative
– Les coûts de l’intelligence artificielle menacent de freiner son adoption
En s'associant à Mistral AI, Microsoft renforce sa position de force dans l’IA
Microsoft était déjà le distributeur exclusif des modèles d’OpenAI dans le cloud. Il l’est désormais aussi pour ceux de Mistral AI. En nouant un partenariat commercial avec la start-up française, le groupe de Redmond renforce un peu plus sa position de force dans l’intelligence artificielle générative. Face à lui, ses deux principaux rivaux peinent à suivre le rythme. Google est encore ralenti par les délais de développement de son grand modèle de langage Gemini, dont la dernière version n’est pas encore disponible sur son offre de cloud. Et Amazon a pris beaucoup trop de retard à l’allumage pour être véritablement compétitif, malgré son investissement récent dans la start-up Anthropic. Pour sceller ce pacte avec Mistral, Microsoft a accepté de lui apporter des fonds, probablement en crédits cloud. Mais il n’a pas pris de participation dans la start-up, alors que les autorités de la concurrence enquêtent déjà sur ses liens capitalistiques avec OpenAI.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi Microsoft et OpenAI sont dans le collimateur des gendarmes antitrust
– Pour contrer ChatGPT, Amazon s’associe à une IA française
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Après une année record, Airbnb veut aller "au-delà des voyages"
Au printemps dernier, Airbnb s’était lancé dans un retour aux sources, remettant en avant la location de chambres chez l’habitant, son concept de départ supplanté ces dernières années par la location de logements entiers. En 2024, la plateforme américaine souhaite désormais ouvrir “son prochain chapitre”, a expliqué Brian Chesky, son fondateur et patron, mi-février lors de la publication des résultats annuels. Des résultats record avec près de 250 millions de nuitées réservées, un chiffre d’affaires proche des 10 milliards de dollars et un bénéfice opérationnel supérieur à 2 milliards. Le dirigeant ambitionne ainsi de “réinventer Airbnb”, notamment grâce à l’intelligence artificielle générative, pour aller “au-delà de [son] cœur de métier”. Les premières annonces “très fortes” seront faites prochainement.
Location de voitures – Ce n’est pas la première fois que Brian Chesky promet de diversifier l’activité d’Airbnb. En 2016, il souhaitait déjà regrouper “quasiment tous les aspects du voyage au sein d’une même application”. Il mentionnait alors l’achat d’un billet d’avion, la location d’une voiture et même les courses en ligne. Mais cette vision ne s’est jamais matérialisée, au-delà de l’ajout des “expériences”, des activités à réaliser sur le lieu de vacances. Huit ans plus tard, le patron d’Airbnb explique que la diversification sera “progressive”, se concentrant d’abord sur des catégories proches de la location de logement. Dans un entretien accordé en octobre au Financial Times, il avait évoqué la réservation de restaurants et la location de voitures entre particuliers, sur le modèle des applications Turo et Getaround.
“Le concierge ultime” – Brian Chesky souhaite aussi tirer profit des progrès de l’intelligence artificielle générative. “L’IA va nous permettre de faire des choses que nous n’aurions jamais pu imaginer”, prédit-il. La société travaille ainsi sur un robot conversationnel centré autour des préférences des utilisateurs. “Le concierge ultime”, explique son patron. Celui-ci sera d’abord dédié au voyage, par exemple pour aider à organiser des vacances ou pour faire des recommandations. Il sera ensuite élargi à d’autres domaines, potentiellement par l’intermédiaire de partenariats avec d’autres services. Pour accélérer son développement, Airbnb a racheté en novembre la start-up Game Planner AI, fondée par l’un des créateurs de Siri. Brian Chesky espère ainsi transformer Airbnb en application utilisée quotidiennement, et non plus quelques fois dans l’année lors de voyages.
Relais de croissance – Cette nouvelle stratégie doit permettre à Airbnb de lancer une nouvelle phase de croissance. Fortement touchée par la crise sanitaire, la plateforme a depuis rebondi de manière spectaculaire. Mais sa croissance commence à ralentir, malgré les efforts entrepris sur des marchés sous-exploités comme le Brésil, le Japon et l’Allemagne. Au quatrième trimestre, le nombre de nuitées n’a ainsi progressé que de 12%. La hausse devrait aussi être “modérée” au premier trimestre, a prévenu la société. Les plus pessimistes estiment que la plateforme perd des parts de marché face aux hôtels, notamment en raison de la multiplication des frais annexes. Accusée de participer à la hausse des loyers, elle reste aussi sous la menace d’un durcissement des régulations, comme l’an passé à New York.
Pour aller plus loin:
– Profitant du rebond du tourisme, Airbnb devient rentable
– Bruxelles veut (un peu) réguler Airbnb
Crédit photos: Mistral AI - Unsplash / Oberon Copeland