TikTok part à l'assaut d'Amazon
Et aussi: IPO décevante pour Arm - Du sursis pour Flink en France
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Tiktok lance (enfin) son offensive dans le commerce en ligne
TikTok a pris son temps pour peaufiner son offensive contre Amazon. Après près d’un an de tests, l’application de courtes vidéos vient officiellement de lancer sa plateforme d’e-commerce, baptisée Shop, aux Etats-Unis. “Nous avons un plan très agressif pour faire comprendre aux gens que TikTok est un endroit pour faire des achats”, assure Nicolas Le Bourgeois, l’un des deux responsables du projet, interrogé par le New York Times. Pour faire décoller les ventes, la société offre déjà des bons de réduction à ses utilisateurs, leur propose la livraison gratuite et ne prélève, pour le moment, aucune commission sur chaque achat. La filiale de ByteDance assure que plus de 200.000 marchands sont présents sur sa marketplace. Et que plus de 100.000 créateurs peuvent déjà commencer à vendre des produits à leurs abonnés.
Les influenceurs au centre – TikTok n’est pas le premier réseau social à tenter de percer dans le commerce en ligne. Avant lui, Instagram, Snapchat ou encore Pinterest ont échoué. L’offensive de l’application est cependant différente: elle ne repose pas sur les marques ou sur les distributeurs, mais d’abord sur les influenceurs. Ces derniers vont pouvoir mettre en avant les vêtements, les produits de beauté ou les produits électroniques présents sur la marketplace dans des vidéos enregistrées ou des vidéos en direct. Et ainsi percevoir des commissions. TikTok Shop reprend à son compte le modèle de monétisation des influenceurs, mais en le simplifiant encore davantage. Tout le processus de vente se passe directement dans son application. Il sera, par ailleurs, plus facile pour les créateurs de contenus de trouver des produits à vendre.
Amazon ou Temu ? – Les dirigeants de TikTok assurent vouloir rivaliser avec Amazon, proposant même un service de logistique et de livraison pour les marchands, comme le fait le géant américain du commerce en ligne. Pour le moment cependant, la marketplace ressemble davantage à Aliexpress et à Temu, les deux plateformes cross-border des géants chinois Alibaba et Pinduoduo. On y retrouve en effet beaucoup de produits proposés à tout petit prix, s’inspirant de grandes marques et directement expédiés depuis la Chine. TikTok assure qu’il contrôle l’identité des vendeurs. Et que 90% d’entre eux sont basés aux Etats-Unis, notamment grâce à un partenariat avec Shopify. L’application explique aussi avoir convaincu de grands groupes d’ouvrir une boutique sur sa plateforme, comme L’Oréal ou Olay.
Carton en Chine – Après une première expérience ratée au Royaume-Uni, puis l’abandon des projets d’expansion en Europe, le lancement américain est primordial pour TikTok. Il doit en effet prouver que le commerce en ligne peut être l’immense relais de croissance tant espéré par ses dirigeants. D’autant plus que la société n’a pas atteint ses objectifs de chiffre d’affaires l’année dernière. En Asie du Sud-Est, la formule fonctionne déjà. Et elle fonctionne encore mieux sur Douyin, la version chinoise de TikTok qui a généré près de 1.500 milliards de yuans (191 milliards d’euros) de ventes en 2022. ByteDance se rémunère en prélevant une commission, généralement de 5%, et en poussant des marques et marchands à acheter davantage de publicités. Ce succès vient surtout du shopping en direct, véritable phénomène en Asie, mais qui ne s’impose toujours pas sur les marchés occidentaux.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi le shopping en direct peine sur les marchés occidentaux
– L’application de shopping chinoise Temu se lance discrètement en France
Malgré l'IA, Softbank revoit ses ambitions à la baisse pour l'entrée en Bourse d'Arm
Masayoshi Son pensait bien que sa chance avait tourné. Et espérait profiter de l’euphorie autour de l’intelligence artificielle générative, depuis les débuts fracassants du robot conversationnel ChatGPT. Mais l’introduction en Bourse d’Arm Holdings, ce jeudi sur le Nasdaq, laissera probablement un goût d’inachevé à l’homme d’affaires japonais, qui a transformé Softbank d’un petit vendeur de logiciels en investisseur boulimique dans la tech. Les débuts boursiers de sa filiale britannique, spécialisée dans l’architecture pour semi-conducteurs, vont en effet s’effectuer sur la base d’une valorisation de 54 milliards de dollars, très loin des 80 milliards dont ses dirigeants avaient un temps rêvé. Et la société ne va, par ailleurs, lever “que” 5 milliards, après avoir d’abord espéré récolter jusqu’à 10 milliards.
Architecture archi-dominante – Cette IPO marque cependant un aboutissement pour Softbank, qui cherche depuis des années à capitaliser sur les succès récents d’Arm, qu’il avait racheté il y a sept ans pour 32 milliards de dollars. Début 2022, sa vente à Nvidia, pour un montant record monté jusqu’à 66 milliards de dollars, avait échoué, en raison de l’opposition des autorités de la concurrence américaines, européennes et chinoises. Car le groupe basé à Cambridge joue un rôle central: son architecture ARM est devenue quasiment monopolistique sur le marché des smartphones et tablettes, en particulier grâce à sa faible consommation d’énergie. L’essor attendu de la 5G et de l’Internet des objets doit encore renforcer sa position prépondérante. Apple, Nvidia, Samsung ou encore Qualcomm l’utilisent pour concevoir leurs puces.
Trop ambitieux – Après l’échec de la vente, l’introduction en Bourse restait la seule alternative pour Softbank, faute d’acheteur capable de payer le prix demandé et d’obtenir l’aval des régulateurs. Softbank se montrait très ambitieux, espérant obtenir des multiples de valorisation bien supérieurs aux autres acteurs du marché. Pour y parvenir, le groupe japonais a d’abord mobilisé ses grands clients: Apple, Samsung, Nvidia, TSMC ou encore Intel vont ainsi acheter entre 25 et 100 millions de dollars d’actions. Et pour rendre Arm plus attractif pour les investisseurs, Softbank a coupé dans les effectifs de sa filiale. Le conglomérat a aussi fait miroiter de nouveaux relais de croissance, comme les data centers et les PC. Et il réfléchit à modifier le modèle économique, afin de capter une part plus importante de la valeur.
IA generative – Surtout, Arm a tenté de convaincre que l’IA générative allait entraîner une forte hausse de son activité. Et ainsi de laisser entrevoir un parcours à la Nvidia, dont le chiffre d’affaires s’est envolé depuis quelques mois. En réalité, l’entraînement et le fonctionnement de ces nouveaux modèles reposent principalement sur des cartes graphiques (GPU), qui ne sont pas conçues avec son architecture. Le groupe britannique pourrait bien profiter d’une hausse de la demande pour les processeurs associés aux GPU, mais les analystes estiment que le potentiel de croissance est limité. Au moins à court terme, en attendant que les modèles d’IA puissent tourner directement sur des smartphones. Deux autres éléments jouent en défaveur d’Arm. D’abord, les risques liés à sa branche chinoise, que le groupe ne contrôle pas. Ensuite, la baisse de son chiffre depuis 18 mois en raison de la chute des ventes de smartphones.
Pour aller plus loin:
– Après des pertes abyssales, Softbank promet de repasser à l’offensive
– L’intelligence artificielle propulse Nvidia vers de nouveaux sommets
La filiale française de Flink évite la liquidation judiciaire
Du sursis pour Flink en France. Mardi, le tribunal de commerce de Paris a accepté une offre de reprise de la filiale française de la start-up allemande de livraison ultrarapide de courses. Cette dernière était menacée de disparition, suite à la volonté de sa maison mère de quitter le marché français. Notamment à cause l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation qui permet aux municipalités d’encadrer l’implantation des dark stores, les entrepôts urbains au cœur de son modèle. Menée par l’actuel directeur général de Flink France et financée par la start-up algérienne Yassir, cette offre prévoit de conserver un peu plus de la moitié des salariés. Elle dispose d’une enveloppe de 5 millions d’euros devant permettre à l’entreprise d’atteindre la rentabilité. Une somme extrêmement faible compte tenu des pertes générées par chaque commande. Flink profitera cependant d’une position de quasi-monopole dans les grandes villes françaises.
Pour aller plus loin:
– Getir va massivement licencier en France
– La livraison ultrarapide de courses en pleines turbulences
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Crédit photos: TikTok - Arm Holdings