Nvidia, superstar de l'IA
Et aussi: L'Inde rêve de produire les Mac - Microsoft défie la CMA
L'intelligence artificielle propulse Nvidia vers de nouveaux sommets
C'est un club très fermé que Nvidia s'apprête à rejoindre: celui des entreprises capitalisées à plus de 1.000 milliards de dollars. Jeudi, l'action du fabricant américain de semi-conducteurs s'est envolée de 24%, permettant à sa valorisation de grimper de près de 200 milliards, soit quasiment deux fois la valeur d'Intel. La raison: des prévisions de chiffre d'affaires nettement supérieures aux anticipations de Wall Street. Nvidia profite de l'euphorie autour de l'intelligence artificielle générative, dans le sillage de ChatGPT. Depuis le lancement du robot conversationnel conçu par la start-up OpenAI il y a seulement six mois, son cours boursier a plus que triplé. Et il est même repassé au-dessus du plus haut historique touché à l'automne 2021, avant le spectaculaire plongeon des valeurs boursières.
Informatique "accélérée" - Nvidia récolte les fruits d'un pari réalisé il y a trente ans, en anticipation des limites de la loi de Moore, sur la hausse exponentielle de la puissance informatique. Son idée: "accélérer" les processeurs (CPU) en les couplant avec des cartes graphiques (GPU), jusqu'alors principalement utilisées pour doper les performances des jeux vidéo. Depuis, ses produits équipent les voitures sans conducteur et sont utilisés dans la robotique, la ville connectée, l’imagerie médicale ou encore le minage de cryptomonnaies. Surtout, ils ont envahi les data centers, où ils ont d'abord participé à l'entraînement des algorithmes de machine learning. Et plus récemment, à celui des modèles d'intelligence artificielle générative, capables de créer des textes, des photos et des vidéos.
Position de force - Devant le potentiel du secteur, les entreprises Internet et les plateformes de cloud se sont lancées dans une course de vitesse pour "réaménager les centres de données", souligne Jensen Huang, le patron de Nvidia. L'entraînement des modèles d'IA générative, puis leur fonctionnement, requièrent en effet une immense puissance de calcul, qui ne peut être fournie que par des accélérateurs, combinant des CPU et des GPU. "L'IA générative devient la principale charge de travail, poursuit le fondateur du groupe américain. Il est très clair maintenant que le budget des data centers va se déplacer radicalement vers le calcul accéléré". Sur ce marché, Nvidia est en position de force: ses processeurs graphiques dédiés à l'intelligence artificielle sont considérés comme les plus avancés.
Cadence de production - Le supercalculateur construit par Microsoft pour les modèles d'OpenAI intègre ainsi des dizaines de milliers de cartes A100 de Nvidia, vendues environ 10.000 dollars pièce. Les commandes s'accumulent aussi pour la nouvelle génération de GPU, les H100, commercialisés à plus de 30.000 dollars. Les montants se chiffrent en centaines de millions. Le fabricant possède une avance considérable sur la concurrence. Et les puces développées en interne par Google, Microsoft, Amazon ou Facebook visent davantage à augmenter les capacités de calcul, plutôt que de remplacer celles commercialisées par Nvidia. Le véritable défi pour la société sera d'augmenter ses cadences de production pour satisfaire la demande. Son patron promet une hausse "substantielle" après l'été.
.Pour aller plus loin:
- Après le succès de ChatGPT, les investisseurs se ruent sur l'intelligence artificielle
- Dans l'impasse, Nvidia abandonne le rachat d'Arm
Après les smartphones, l'Inde veut attirer les fabricants d'ordinateurs
Après les smartphones, les tablettes et les ordinateurs. La semaine dernière, le gouvernement indien a présenté un nouveau programme de subventions publiques pour convaincre les fabricants d'installer dans le pays des lignes d'assemblage, aujourd'hui très majoritairement situées en Chine. L'Inde prévoit de dépenser 170 milliards de roupies (1,9 milliard d'euros). Elle espère capitaliser sur le choix d'Apple de produire davantage d'iPhone dans des usines indiennes, qui lui permet de se présenter comme une alternative crédible à son grand voisin. D'autres groupes cherchent aussi à diversifier l'implantation géographique de leur chaîne de production, échaudés par la politique zéro-Covid menée l'an passé par Pékin. Et toujours inquiets d'une possible aggravation des tensions commerciales avec Washington.
Deuxième tentative - Ce programme s'inscrit dans le cadre d'un ambitieux objectif: porter la production d'appareils électroniques à 300 milliards de dollars d'ici à 2026, contre 105 milliards l'an passé. Il y a deux ans, New Delhi avait déjà tenté de séduire les fabricants d'ordinateurs, de tablettes et de serveurs. Mais les aides publiques proposées n'avaient pas été jugées suffisantes. Pour ne pas rencontrer le même échec, le montant des subventions a été doublé. Celles-ci se chiffreront à 5% de la valeur totale des produits assemblés dans le pays pendant six ans. Et pourront atteindre jusqu'à 9% si les groupes aidés se fournissent en composants fabriqués en Inde. Le gouvernement espère ainsi générer 300 millions de dollars d'investissements. Et créer 200.000 emplois, dont 75.000 emplois directs.
7% des iPhone - Fin 2020, l'Inde avait octroyé plus de 5,5 milliards d'euros d'aides publiques pour doper la production de smartphones. Seize sociétés avaient été sélectionnées, principalement des acteurs locaux mais aussi Samsung, Foxconn et deux autres sous-traitants d’Apple. L'an passé, le groupe à la pomme est passé à la vitesse supérieure, réagissant notamment aux fermetures d'usines imposées par les autorités chinoises. Environ 7% des iPhones ont ainsi été assemblés dans des usines indiennes. Une proportion qui pourrait grimper à 25% dans deux ans, prédisent les analystes de Morgan Stanley. Le programme de subventions s'est traduit par un bond des exportations de smartphones, qui ont doublé l'an passé pour atteindre 11 milliards de dollars. Apple et Samsung représentent 90% de cette somme.
Meccano industriel - S'appuyant sur ce succès, New Delhi rêve d'attirer une partie de la production de Mac et des grandes marques du secteur, comme HP, Dell ou Asus, mais probablement pas le chinois Lenovo. La partie s'annonce cependant plus difficile que pour les smartphones. D'une part, parce que le marché enregistre une chute historique de ses ventes, plombé par un effet de rattrapage après deux années fastes et par les incertitudes macroéconomiques. Et d'autre part, parce que l'assemblage d'ordinateurs est un meccano industriel encore plus complexe, composé de plusieurs centaines de fournisseurs, principalement basés en Chine. D'ailleurs, Apple continue de produire l'intégralité de ses Mac dans des usines chinoises, même si des tests au Vietnam et en Thaïlande pourraient avoir lieu cette année.
Pour aller plus loin:
- Pourquoi l'Inde est devenue stratégique pour Apple
- En Inde, Amazon menacé par l'homme le plus riche d'Asie
Microsoft fait appel du veto britannique sur le rachat d'Activision Blizzard
Microsoft ne baisse pas les bras. Jeudi, le groupe américain a officiellement fait appel de la décision du gendarme britannique de la concurrence (CMA) de bloquer son projet de rachat de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard pour 69 milliards de dollars. Cet appel était attendu, mais il a peu de chances d'aboutir. Microsoft devra en effet prouver que le régulateur a agi de manière "injuste" ou "irrationnelle". Et un appel victorieux signifiera simplement que le dossier devra être rejugé par… la CMA. Le gendarme britannique estime que ce rachat pourrait permettre au groupe de Redmond d’occuper une position dominante sur le marché naissant du cloud gaming. Et il n'avait pas accepté les remèdes proposés, contrairement à la Commission européenne. La procédure d'appel devrait prendre plusieurs mois. En attendant, Microsoft va affronter la Federal Trade Commission (FTC), qui souhaite aussi bloquer le rachat, devant la justice américaine.
Pour aller plus loin:
- Pourquoi le Royaume-Uni bloque le rachat d'Activision par Microsoft
- Dans le cloud, Microsoft promet des concessions
Crédit photos: Nvidia - Flickr / iphonedigital