Comment l'intelligence artificielle générative teste les limites du RGPD
Décidément, Meta aime jouer avec le feu. Déjà lourdement sanctionné pour ne pas avoir respecté Règlement général sur la protection des données (RGPD), le géant de Menlo Park prend un nouveau risque – qui pourrait se transformer en importante amende. À partir du 27 mai, il va en effet utiliser les messages et les commentaires publiés en Europe sur Facebook et Instagram – mais pas les messages privés – pour “entraîner et améliorer” ses modèles d’intelligence artificielle générative. Surtout, il ne prévoit pas de demander le consentement de ses utilisateurs. Pour justifier cette volte-face, Meta s’appuie sur un avis rendu fin 2024 par les Cnils européennes. Mais son interprétation est contestée. Mardi, l’agence de protection des consommateurs de la Rhénanie du Nord-Westphalie, la région allemande la plus peuplée, lui a ainsi adressé une mise en demeure.
Avantage concurrentiel – Meta n’est pas seule. En avril, la Cnil irlandaise (DPC) a ouvert une enquête sur xAI, la start-up d’IA d’Elon Musk qui vient officiellement de racheter X, l’ex Twitter. Lancées dans une course de vitesse, les deux entreprises veulent profiter de l’avantage concurrentiel dont elles disposent: leur gigantesque base de messages, quand OpenAI et Google ont dû conclure des accords payants. Elles testent ainsi les limites du RGPD. Entrée en vigueur en 2018, avant l’essor de l’IA générative, la réglementation instaure l’obligation d’obtenir le consentement “libre” et “éclairé” des internautes avant d’utiliser leurs données personnelles. Un consentement que Meta et X ne veulent pas mettre en place, car l’immense majorité des utilisateurs ne le donneraient pas. À la place, elles proposent seulement à un système d’opt-out.
“Intérêt légitime” – Pour justifier ses pratiques, Meta invoque le principe “d’intérêt légitime”, prévu dans le RGPD, qui permet de ne pas demander le consentement. Cette stratégie n’est pas nouvelle: le groupe de Menlo Park l’avait déjà tentée dans le domaine de la publicité ciblée. Mais elle avait été retoquée par la justice européenne. Dans ce dossier, Meta estime avoir obtenu le feu vert du Comité européen de la protection des données, qui regroupent les Cnils du continent. Saisi par la DPC irlandaise, celui-ci a estimé en décembre que le principe “d’intérêt légitime” pouvait s’appliquer dans le développement d’une IA. Mais seulement si l’utilisation de données est “absolument nécessaire”. Une notion qui laisse place à l’interprétation. Les pratiques de Meta sont “clairement contraires au RGPD”, estime ainsi l’activiste autrichien Max Schrems.
Le prix à payer ? – Les services juridiques de l’entreprise ne semblent, eux mêmes, pas vraiment savoir sur quel pied danser. En annonçant en mars le lancement en Europe de Meta AI, son assistant d’IA, elle assurait que les données des internautes européens ne seraient pas utilisées dans l’entraînement de ses modèles. Avant donc de changer d’avis… moins d’un mois plus tard. Un autre élément pourrait jouer en sa défaveur. “Il ne peut être exclu que des informations particulièrement sensibles, protégées par le RGPD, soient aussi utilisées dans l’entraînement de l’IA”, souligne Christine Steffen, de l’agence allemande. La stratégie de Meta semble donc très risquée. Et une autre amende n’est pas à exclure. Mais la société estime peut-être que ce prix à payer est acceptable pour ne pas perdre de temps dans l’IA, placée au coeur de sa stratégie.
Pour aller plus loin:
– Face au RGPD, Meta va proposer des publicités “moins personnalisées”
– Bruxelles inflige une amende à Meta, une première dans le cadre du DMA
UN MESSAGE D’APRR
Le flux libre: l’autoroute en mode zen et écolo
Fini les ralentissements et les files interminables ! Le flux libre révolutionne notre expérience de l’autoroute, en supprimant les barrières de péage. Place à une circulation plus fluide, notamment pendant les périodes de grands départs.
Le flux libre, c’est aussi plus de sécurité pour les automobilistes. L’absence de barrière réduit en effet les risques d’accidents matériels liés aux changements brusques de voies. Elle permet également une meilleure sécurité des agents de maintenance du réseau.
Le flux libre est aussi un geste pour l’environnement. En supprimant l’arrêt et le redémarrage des véhicules aux barrières de péage, le système contribue à baisser significativement la consommation de carburant, et donc les émissions de CO2.
Deliveroo racheté par le géant américain DoorDash
Onze ans après son lancement, Deliveroo a enregistré en 2024 son premier exercice bénéficiaire. Ce sera aussi le dernier. Mardi, le spécialiste britannique de la livraison de repas a en effet accepté une offre de rachat par DoorDash, le géant américain du secteur. Celle-ci le valorise à 2,9 milliards de livres (3,4 milliards d’euros). Une somme très éloignée de la capitalisation de 8 milliards retenue en 2021 au moment de son introduction en Bourse. L’opération doit encore être approuvée par les actionnaires. Si elle concerne deux leaders du secteur, elle ne devrait cependant pas être bloquée par les autorités européennes de la concurrence, car les deux services n’opèrent pas sur les mêmes marchés. En mettant la main sur Deliveroo, DoorDash va ainsi prendre pied au Royaume-Uni et en France, poursuivant l’expansion européenne lancée en 2021.
Croissance en berne – Fondée en 2013, Deliveroo s’impose rapidement comme l’un des principaux acteurs du secteur en Europe. Sa croissance affiche un pic pendant la pandémie de coronavirus. Entre 2019 et 2021, son volume d’affaires s’envole de 150%. La start-up se lance alors dans de nouveaux pays, convaincue, comme ses investisseurs, que le marché de la livraison de repas va poursuivre son ascension. Mais l’amélioration de la situation sanitaire, puis la résurgence de l’inflation l’ont ramené à une autre réalité. Celle d’une croissance qui stagne: depuis 2021, son activité n’a progressé que de 17%, uniquement grâce à son offensive dans la livraison de courses. Ses dirigeants ont dû mettre le cap sur la rentabilité, menant plusieurs plans sociaux et se retirant de plusieurs pays. Mais les investisseurs de la City londonienne avaient perdu espoir.
Deux tiers du marché – DoorDash n’a pas connu le même ralentissement. Lancée la même année que Deliveroo, la société s’est imposée aux États-Unis en adoptant une stratégie différente. Elle ne s’est pas focalisée sur les grandes villes, cibles prioritaires notamment d’Uber Eats. À la place, elle a d’abord misé sur les villes de banlieue délaissées par ses principales rivales. Cette option lui a permis d’éviter une coûteuse compétition pour devenir le numéro un américain du secteur. Profitant des difficultés de ses rivales, en particulier de Grubhub, elle capte désormais environ deux tiers du marché. Suite au rachat de la start-up Wolt, elle est présente dans une trentaine de pays, dont l’Allemagne en Europe. En Bourse, son action est proche de son plus haut niveau historique, touché fin 2021 en pleine euphorie boursière autour des valeurs technologiques.
Pour aller plus loin:
– Clap de fin pour la livraison ultrarapide de courses en France
– Pourquoi l’introduction en Bourse de Deliveroo a tourné au fiasco
Crédit photos: Meta - Deliveroo
J'en parlais ici: https://cafetech.substack.com/p/bruxelles-sevit-contre-apple-et-meta?open=false#%C2%A7bruxelles-inflige-des-amendes-a-apple-et-meta-les-premieres-dans-le-cadre-du-dma
Bonjour,
C'est un autre sujet, ils envoient bien un mail pour le partage des données entre Facebook et Instagram, comme le réclame le DMA
Mais c'est aussi un problème, car la seule façon de refuser xe partage est de souscrire à un abonnement payant