Comment Airbnb veut devenir une "super app" de la vie quotidienne
Airbnb ne veut plus se contenter de louer des logements de vacances. La semaine dernière, la plateforme américaine a relancé son offre d’“expériences”, des activités à réaliser pendant un séjour. Et elle a surtout dévoilé une nouvelle fonctionnalité permettant de réserver des “services”. Dix catégories sont disponibles au lancement: chef à domicile, plats préparés, massage, manucure ou encore coach sportif. Plus de 10.000 offres sont déjà proposées dans 260 villes et dans 30 pays. “Les voyageurs choisissent les hôtels pour leurs services. Ils choisissent Airbnb pour les logements. Désormais, nous allions les deux”, justifie Brian Chesky. Mais le cofondateur et patron de la société voit beaucoup plus loin. À terme, explique-t-il, des “centaines” de services différents pourraient être proposés sur Airbnb, pour les voyageurs mais aussi pour les résidents.
Diversification – Ce n’est pas la première fois que Brian Chesky promet de diversifier l’activité d’Airbnb. En 2016, il assurait déjà vouloir regrouper “quasiment tous les aspects du voyage au sein d’une même application”. Il mentionnait alors l’achat d’un billet d’avion, la location d’une voiture et les courses en ligne. Cette vision ne s’est cependant jamais matérialisée, au-delà des expériences. Celles-ci ont même été suspendues pendant la crise sanitaire, avant de faire leur retour et d’être à nouveau mises en pause. Depuis, l’entreprise est devenue extrêmement rentable, avec des profits de 2,6 milliards de dollars en 2024. Mais elle connaît aussi un ralentissement de sa croissance, encore renforcé par le contexte économique et géopolitique. Au premier trimestre, son chiffre d’affaires n’a ainsi progressé que de 6%, un plus bas historique.
Marketplace de services – Certains analystes estiment que la plateforme perd des parts de marché face aux hôtels, notamment en raison de la multiplication des frais annexes. L’ajout de services, directement proposés dans le logement loué, doit lui permettre de séduire une nouvelle clientèle, afin d’augmenter le nombre de nuitées réservées. Autre objectif: accroître le panier moyen des voyageurs en leur suggérant des activités et services, sur lesquelles des commissions respectives de 20% et de 15% sont prélevées. Dans un second temps, Brian Chesky espère aussi transformer Airbnb en véritable marketplace utilisée quotidiennement à domicile et non plus quelques fois par an lors de voyages. “Nous voulons devenir un lieu unique, un peu comme Amazon, pour tous vos besoins en matière de voyage et de vie quotidienne”, expliquait-il en début d’année.
“Le concierge ultime” – Brian Chesky souhaite en outre tirer profit des progrès de l’intelligence artificielle générative. “L’IA va nous permettre de faire des choses que nous n’aurions jamais pu imaginer”, prédisait-il l’an dernier. La société travaille ainsi sur un robot conversationnel. Dans un premier temps, celui-ci doit permettre d’assurer le service client. Ensuite, il doit devenir “le concierge ultime”, expliquait le patron d’Airbnb. Il sera d’abord dédié au voyage, par exemple pour aider à organiser des vacances ou pour faire des recommandations, en s’appuyant sur les préférences des utilisateurs. Puis il sera élargi à d’autres domaines, potentiellement par l’intermédiaire de partenariats avec d’autres services. Pour accélérer son développement, Airbnb a racheté fin 2023 la start-up Game Planner AI, fondée par l’un des créateurs de Siri.
Pour aller plus loin:
– Profitant du rebond du tourisme, Airbnb devient rentable
– Bruxelles veut (un peu) réguler Airbnb
Après de nouvelles concessions sur Teams, Microsoft devrait éviter une lourde amende en Europe
Cinq ans après la plainte déposée par Slack, Microsoft entrevoit le bout du tunnel. Satisfaite par de nouvelles concessions, la Commission européenne vient d’ouvrir une période de consultation publique, dernière étape avant la fermeture définitive du dossier. Le groupe de Redmond, qui éviterait ainsi une lourde amende, était poursuivi pour avoir abusé de la position dominante de sa très populaire suite bureautique Microsoft 365 afin d’imposer Teams dans les entreprises. Il s’engage désormais à mettre un terme à la vente liée obligatoire, qui rendait de fait gratuit l’accès à sa plateforme de communication et de collaboration pour l’ensemble de ses clients. Et il promet aussi de ne plus limiter l’interopérabilité entre ses autres produits maison et les concurrents, comme Slack ou Zoom, ce qui a pu pousser certaines entreprises à opter pour Teams.
Plainte de Slack – Lancé en 2017 comme une plateforme de messagerie en entreprise, Teams est la réponse de Microsoft à l’immense succès de Slack. Dès le départ, la société décide de l’inclure au sein de sa suite bureautique, qui donne également accès aux versions en ligne de Word, Excel ou encore PowerPoint. Cela lui permet de toucher une immense base d’utilisateurs, tout en empêchant qu’ils sortent de son écosystème logiciel. Cette pratique fait bondir Slack. La start-up, rachetée par Salesforce, décide alors de déposer plainte devant Bruxelles à l’été 2020, réclamant que son rival soit vendu séparément à un “prix raisonnable”. Depuis, le succès de Teams s’est accentué, profitant de la crise sanitaire et de l’ajout des visioconférences. Fin 2023, le service comptait ainsi plus de 320 millions d’utilisateurs quotidiens, gratuits ou payants.
Écart de prix – Face aux interrogations de Bruxelles, Microsoft a rapidement réagi pour éviter une sanction. Depuis 2023, la société offre ainsi en Europe – et désormais partout dans le monde – des abonnements à sa suite 365 ne comprenant pas un accès aux fonctionnalités payantes de Teams. Cette offre permet aux particuliers et aux petites entreprises d’économiser entre un et deux euros par mois. L’écart de prix est de cinq euros pour les abonnements dédiés aux grandes entreprises. Microsoft a aussi pris des mesures pour renforcer l’interopérabilité. Et ne force plus les clients de 365 à installer obligatoirement Teams. Mais ces ajustements ont été jugés “insuffisants” à l’été 2024 par la Commission. Celle-ci a notamment estimé que la différence de tarif n’était pas assez importante pour avoir un impact sur le paysage concurrentiel.
Stratégie gagnante – Microsoft a dû revoir sa copie. Le groupe propose de porter l’écart de prix à huit euros pour les grandes entreprises. Un montant davantage en ligne avec les tarifs du marché – Slack est commercialisé à partir de 8,25 euros par mois et Zoom à partir de 12,49 euros. Il s’engage aussi à renforcer encore davantage l’interopérabilité entre ses services et les rivaux de Teams. Si la Commission valide ses nouvelles propositions, le concepteur de Windows récoltera les fruits de sa stratégie de coopération. Celle-ci contraste avec la logique d’affrontement suivie par Google ou Apple, qui s’est traduite par plusieurs milliards d’euros d’amende. Sur le marché du cloud, Microsoft a suivi la même feuille de route, échappant pour l’instant à une sanction grâce à des accords à l’amiable avec ses concurrents, dont le français OVHcloud
Pour aller plus loin:
– Google Cloud porte plainte contre Microsoft auprès de Bruxelles
– L’alliance entre Microsoft et OpenAI reste dans le collimateur de Bruxelles
Crédit photos: Airbnb - Microsoft