Elon Musk pose un premier implant cérébral
Et aussi: Amazon accélère dans la publicité vidéo... et abandonne le rachat d'iRobot
Neuralink pose un premier implant cérébral sur un humain
C’est une avancée majeure pour Neuralink. Dimanche, la start-up fondée par Elon Musk a implanté un premier implant cérébral sur un patient humain. “Il se remet bien”, indique le milliardaire, alors que la procédure de pose est particulièrement invasive. Celle-ci requiert en effet de découper un trou dans le crâne – elle avait d’ailleurs été rejetée à plusieurs reprises par les autorités sanitaires américaines qui la jugeaient trop dangereuse. “Les premiers résultats montrent une détection prometteuse de l’activité neuronale”, assure également Elon Musk. Cette première lance une phase d’essais cliniques de plusieurs mois, limitée aux patients souffrant de paraplégie, de cécité, de surdité et d’aphasie. Dix autres opérations sont prévues cette année. D’autres étapes importantes doivent encore être franchies avant un éventuel lancement commercial.
Essais sur les animaux – Fondée en toute discrétion à l’été 2016, Neuralink ambitionne de concevoir une interface cerveau-ordinateur, grâce à un petit implant, de la taille d’une petite pièce de monnaie, équipé de milliers d’électrodes. La société n’est pas la première autorisée à tester des implants cérébraux sur des humains. Mais ses rivales, comme la start-up américaine Synchron et la néerlandaise Onward, ont opté pour des procédures et des appareils moins invasifs. Neuralink menait jusqu’à présent des tests sur des singes et des cochons, qui seraient sous le coup d’une enquête pour maltraitance animale – en 2022, une association assurait que seulement sept des 23 singes utilisés entre 2017 et 2020 avaient survécu. Surtout, les progrès ont été moins rapides qu’espéré. Et le calendrier n’a cessé d’être repoussé.
Soigner Alzheimer – Elon Musk parle désormais d’un premier produit commercial, baptisé Telepathy, qui permettra de “contrôler un téléphone ou ordinateur simplement par la pensée”. Mais il ne s’engage plus sur une date, après avoir assuré que cette technologie serait disponible en 2025. À terme, le patron de Tesla s’est fixé pour objectif d’augmenter les capacités humaines. Non seulement en permettant aux gens de contrôler une machine par la pensée, mais aussi en leur offrant de “fusionner avec l’intelligence artificielle” pour ne pas être distancés par les progrès technologiques. Neuralink veut également concevoir des cas d’usage médicaux, par exemple pour “réparer les lésions cérébrales qui ont fait perdre une capacité cognitive à une personne”, expliquait Elon Musk en 2017, citant alors les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson.
Promesses inatteignables ? – Fin 2022, le milliardaire avait aussi promis de s’attaquer à la cécité et à la paralysie. Et il assurait ne pas voir de “limites pour restaurer le fonctionnement intégral du corps d’une personne dont la moelle épinière a été sectionnée”. Des promesses qui peuvent sembler “miraculeuses”, selon son propre aveu. Et qui suscitent de nombreuses réserves au sein de la communauté scientifique, qui espère, comme les rivaux de Neuralink, que les implants puissent rétablir quelques fonctions basiques. Ses détracteurs lui reprochent ainsi de multiplier les effets d’annonce, survendant des avancées déjà réalisées dans le monde académique. Et faisant miroiter des applications médicales encore beaucoup trop incertaines. Voire totalement inatteignables.
Pour aller plus loin:
– Neuralink rejette les accusations de maltraitance animale
– Theranos, le procès des excès de la Silicon Valley
Amazon accélère son offensive dans la publicité vidéo
Après Netflix et Disney Plus, la publicité débarque aussi sur Amazon Prime Video. Lundi, le géant du commerce en ligne a commencé à diffuser des spots publicitaires sur sa plateforme de streaming vidéo dans quatre pays, mais pas encore en France. Contrairement à ses rivaux, il n’a cependant pas choisi de lancer une nouvelle offre moins chère, avec l’objectif de toucher un public plus large qui trouve les prix des abonnements trop élevés – en particulier dans un contexte de multiplication des services. À la place, il a choisi d’ajouter un supplément, fixé à trois dollars ou trois euros par mois, que devront payer ceux qui souhaitent échapper à la publicité. Les analystes de Bank of America estiment que cette nouvelle option pourrait lui rapporter 1,6 milliard de dollars par an, auxquels s’ajouteront 3 milliards de dollars de recettes publicitaires.
Publicités “achetables” – Dans un premier temps, seuls les États-Unis, le Canada, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont concernés. La France, l’Espagne, l’Australie et le Mexique suivront d’ici à la fin de l’année. Pour limiter le mécontentement, Amazon promet de diffuser “significativement” moins de publicités que la télévision linéaire et les autres plateformes de streaming. Et assure que ces changements vont lui permettre d’augmenter ses investissements dans les contenus. Pour attirer les annonceurs, le groupe va d’abord leur offrir des tarifs plus compétitifs que ses rivaux. Il dispose aussi potentiellement de deux atouts majeurs. D’abord, l’utilisation des données d’achat de ses utilisateurs pour mieux les cibler. Ensuite, la possibilité de rendre les publicités “achetables” en les liant avec les pages produit de son site.
Objectif différent – La stratégie différente adoptée par Amazon s’explique par le mode de commercialisation de Prime Video. Celui-ci passe en effet essentiellement par l’abonnement Prime, dont l’attrait principal est de proposer la livraison gratuite en un ou deux jours ouvrés. Baisser le prix de cette offre aurait ainsi créé un effet d’aubaine pour ceux qui ne sont intéressés que par la livraison, leur permettant de bénéficier d’un tarif plus avantageux sans jamais voir la moindre publicité vidéo. Pour Amazon, il aurait donc été beaucoup plus difficile de compenser ce manque à gagner par les recettes publicitaires. En outre, l’e-marchand ne cherche pas à attirer un nouveau public plus sensible au prix, comme l’a fait Netflix. Il cherche surtout à dégager des recettes additionnelles pour chacun de ses abonnés actuels.
Mastodonte – Ces dernières années, le groupe de Seattle est devenu un nouveau mastodonte de la publicité en ligne, seulement devancé par Google et Meta. L’an passé, son chiffre d’affaires publicitaire a dépassé la barre des 40 milliards de dollars. Une grande majorité de cette somme provient des annonces s’affichant dans les résultats de recherche de son site, qui sont désormais quasiment indispensables pour les vendeurs tiers. Mais Amazon lorgne de plus en plus le gigantesque marché de la vidéo, notamment avec sa plateforme Twitch. Aux États-Unis, il détient aussi un service de streaming gratuit financé par les publicités, baptisé Freevee. Et il diffuse des spots publicitaires pendant des retransmissions de matchs de NFL, le championnat de football américain, pour lesquelles il verse un milliard de dollars par an.
Pour aller plus loin:
– Comment Amazon est devenu un poids lourd de la publicité
– Netflix, grand vainqueur de la “guerre du streaming”
Refusant de faire des concessions, Amazon abandonne le rachat d'iRobot
Plutôt que de faire des concessions, Amazon préfère renoncer à mettre la main sur iRobot. Cette opération, qui devait se chiffrer à 1,4 milliard de dollars, “n’a aucune chance d’être approuvée” en Europe, justifie le géant américain du commerce en ligne. Fin novembre, la Commission avait estimé que le rachat du fabricant d’aspirateurs robots, qui était aussi menacé aux États-Unis, risquait de restreindre la concurrence. Ses services antitrust avaient alors soulevé plusieurs inquiétudes. Ils redoutaient notamment qu’Amazon puisse “évincer” les concurrents d’iRobot de sa place de marché, en les empêchant d’y vendre leurs produits. Ou alors en abaissant leur position dans les résultats de recherche ou en augmentant le coût des annonces publicitaires. Pour obtenir le feu vert de Bruxelles, la société aurait dû prendre des engagements, ce qu’elle a refusé de faire. Dans la foulée, iRobot a officialisé un vaste plan social, touchant 30% de ses employés.
Pour aller plus loin:
– Accusé de monopole “illégal”, Amazon risque un démantèlement aux États-Unis
– Amazon teste un robot humanoïde dans ses entrepôts
Crédit photos: Neuralink - Amazon Studios