Dans le streaming, Disney a enfin trouvé la formule gagnante
Dans la bataille du streaming, Disney mise sur des… comptines pour enfants. Selon l’agence Bloomberg, le créateur de Mickey vient de mettre la main sur les droits de diffusion de CoComelon pour plusieurs dizaines de millions de dollars par an. Cette série d’animation dédiée aux jeunes enfants est un phénomène sur YouTube, avec près de 200 millions d’abonnés et environ deux milliards de clips visionnés par mois. Elle fait aussi partie des programmes les plus regardés sur Netflix, même si son audience a enregistré une importante baisse l’an passé. La trentaine d’épisodes d’une heure déjà produits rejoindront ainsi le catalogue de Disney+ à partir de 2027. Objectif: conforter la place de la plateforme de streaming sur ce segment stratégique, qui contribue notamment à limiter les annulations. Et ainsi maintenir sa dynamique positive actuelle.
Lourdes pertes – Lancé en 2019, Disney+ a connu des débuts tonitruants, attirant plus de 70 millions d’abonnés en seulement un an. Son succès a été tiré par un riche catalogue et par un prix abordable, deux fois moins élevé que celui de Netflix. Puis, par l’épidémie de coronavirus. Depuis, la croissance a fortement ralenti. La faute notamment à la multiplication des offres de streaming. Fin mars, le service comptait 126 millions d’abonnés dans le monde, contre plus de 300 millions pour son principal rival. Disney+ a aussi accumulé de lourdes pertes: plus de 11 milliards de dollars en seulement cinq ans. Pour gagner des abonnés, la société a en effet beaucoup investi dans des films et séries exclusivement diffusés en streaming, qui n’ont donc pas pu être monétisés en salles ou à la télévision. Les résultats positifs commencent à peine à se matérialiser.
Premiers profits – Fin 2024, la division streaming de Disney, qui inclut également la plateforme Hulu, a enregistré ses premiers bénéfices opérationnels. Au premier trimestre, ces profits se sont élevés à 336 millions de dollars – encore dix fois moins que Netflix. Pour atteindre la rentabilité, l’entreprise a réduit ses dépenses dans le marketing et les contenus. Elle a lancé une offre avec publicités. Non seulement celle-ci a permis d’attirer de nouveaux abonnés ou de conserver ceux qui pensaient annuler, mais elle est aussi plus rentable: les recettes publicitaires générées sont supérieures à la différence de prix avec l’abonnement standard. Par ailleurs, Disney a repris les recettes gagnantes de Netflix. Elle a fortement augmenté ses tarifs, sans enregistrer une fuite massive de clients. Et elle a lancé une offensive contre le partage de comptes.
Audience fidèle – Comme les autres concurrents de Netflix, Disney fait face à la volatilité des consommateurs, qui s’abonnent puis se désabonnent aux différents services en fonction de l’arrivée de nouveaux films ou séries. L’acquisition de clients n’est désormais plus l’unique priorité. La rétention est devenue tout aussi primordiale. Dans cette optique, les enfants représentent une audience fidèle qui consomme souvent les mêmes contenus. Et qui est donc moins volatile. S’appuyant sur son catalogue de dessins animés, Disney+ s’est positionné dès le départ comme une offre indispensable pour les familles. Mais les dernières franchises à succès ne proviennent plus forcément de ses studios. Avec les droits de CoComelon, la société renforce son offre comme elle l’a déjà fait avec Bluey, la série d’animation la plus populaire en streaming.
Pour aller plus loin:
– Netflix, grand vainqueur de la “guerre du streaming”
– Comment YouTube a réussi à imposer des abonnements payants
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Malgré les déboires judiciaires de son patron, Telegram devient rentable
L’arrestation puis la mise en examen de Pavel Durov, l’été dernier en France, avaient laissé planer de gros doutes sur l’avenir de Telegram. Ses derniers résultats financiers viennent de les lever. L’an passé, l’application de messagerie a atteint la rentabilité pour la première fois de son histoire, dégageant 540 millions de dollars de profits, selon des documents obtenus par le Financial Times. Cette évolution s’explique par le bond spectaculaire du chiffre d’affaires, passé de 343 millions à 1,4 milliard en seulement un an. La société vise des recettes de 2 milliards de dollars cette année, pour 720 millions de bénéfices. Elle compte aussi capitaliser sur sa bonne santé financière pour mener une nouvelle émission d’obligations convertibles. Une opération qui va lui accorder un délai supplémentaire avant une éventuelle introduction en Bourse.
Publicités – Lancée en 2013, Telegram revendique désormais plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels, contre 500 millions il y a quatre ans. Sa popularité grandissante s’explique en partie par le rejet de WhatsApp, le leader du marché avec plus de 2 milliards d’adeptes, régulièrement rattrapé par des polémiques sur l’utilisation des données personnelles. Depuis 2021, la messagerie a lancé son processus de monétisation, d’abord avec des publicités, non ciblées, affichées sur les chaînes publiques, puis avec le lancement d’un abonnement payant, souscrit par plus de 12 millions d’utilisateurs. Ces deux sources représentent cependant moins de la moitié des recettes. L’essentiel du chiffre d’affaires provient d’activités réunies dans une opaque section “partenariat et écosystème” et vraisemblablement articulées autour de la cryptomonnaie Toncoin.
Obligations convertibles – Telegram a longtemps été financée par la fortune personnelle de Pavel Durov, issue de la vente du réseau social russe VKontakte. Contrairement aux autres, la start-up n’a jamais souhaité mener de levée de fonds auprès d’investisseurs. Son capital est ainsi toujours entièrement détenu par Pavel Durov. En 2018, elle pensait avoir trouvé une solution pour obtenir les liquidités nécessaires à son expansion: lancer sa propre cryptomonnaie. Mais le projet avait été bloqué par le gendarme boursier américain. Contrainte de rembourser une somme en partie dépensée, Telegram a commencé à s’endetter lourdement. Depuis 2021, elle a ainsi émis pour 2,4 milliards de dollars d’obligations convertibles en actions. Ces opérations ont déclenché un compte à rebours: entrer en Bourse avant mars 2026 ou rembourser les investisseurs.
Rachat de la dette – Début 2024, Pavel Durov s’estimait en mesure de tenir ce calendrier. Mais sa mise en examen a tout changé, alors qu’il risque jusqu’à dix ans de prison – il est accusé de complicité de diffusion d’images pédopornographiques, de complicité de trafic de stupéfiants et de blanchiment de crimes. Elle a aussi mis en lumière les risques liés à l’absence de modération des chaînes publiques et à son utilisation par des réseaux criminels. Depuis, l’application a fait volte-face, promettant de collaborer avec les autorités. Mais son introduction en Bourse reste bien incertaine. Cela signifie qu’elle ne pourra pas convertir ses obligations en actions. En anticipation, Telegram a déjà racheté pour 375 millions de dollars de sa propre dette. Et espère conclure cette semaine une nouvelle émission de 1,5 milliard pour poursuivre dans cette voie.
Pour aller plus loin:
– Après l’arrestation de Pavel Durov, Telegram se résout à collaborer avec la justice
– Telegram reconnaît avoir transmis des informations à la justice
Crédit photos: Disney – Unsplash / Christian Wiediger