Fini TikTok et YouTube pour les ados australiens
Et aussi: Le marché du PC ne rebondit toujours pas
L'Australie interdit les réseaux sociaux aux moins de 16 ans
Les adolescents australiens n’auront bientôt plus le droit d’utiliser TikTok, Instagram et même (en partie) YouTube. Jeudi, le Sénat doit en effet définitivement adopter un projet de loi, déjà voté mercredi à une large majorité par la Chambre des représentants, qui interdit les plateformes sociales aux moins de 16 ans. “Les réseaux sociaux font beaucoup de mal aux enfants”, justifie le premier ministre Anthony Albanese, soutenu dans cette initiative par les deux principaux partis politiques du pays. Ce texte est l’un des plus stricts jamais mis instaurés. Il ne prévoit aucune exception, même en cas d’accord parental. Son entrée en vigueur est prévue dans un an, mais une question majeure reste encore en suspens: comment vérifier l’âge des utilisateurs ? De quoi laisser planer beaucoup de doutes sur sa réelle efficacité.
Aucun contrôle – Sur le papier, presque tous les réseaux sociaux n’autorisent pas les inscriptions avant 13 ans. Cet âge ne doit rien au hasard: il correspond à une législation américaine qui interdit de collecter les données personnelles des enfants sans le consentement des parents. Dans les faits, cependant, il n’y a aucun contrôle. Et il suffit simplement de renseigner une fausse date de naissance pour contourner cette restriction. En France, 63% des moins de 13 ans ont ainsi au moins un compte sur un réseau social, selon une enquête de la Cnil. Le débat autour de l’utilisation de ces plateformes par les enfants et les adolescents n’est pas nouveau. Dans une étude interne, révélée il y a trois ans par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, Meta reconnaissait d’ailleurs les effets dévastateurs d’Instagram chez certains jeunes.
Pas de sanctions – Pourtant, peu de réglementations ont été mises en place. L’an passé, la France a bien voté un texte instaurant la nécessité d’un accord parental pour s’inscrire avant 15 ans. Mais l’obligation de contrôle n’est pas encore entrée en vigueur. Aux États-Unis, plusieurs États ont voulu instaurer des interdictions, mais ils se sont heurtés à des décisions judiciaires défavorables. La nouvelle loi australienne prévoit la fermeture de tous les comptes déjà ouverts par les moins de 16 ans. Il n’y aura cependant pas de sanctions contre les adolescents qui contourneront l’interdiction et contre leurs parents. “La responsabilité incombera aux réseaux sociaux de démontrer qu’ils prennent des mesures raisonnables pour empêcher l’accès”, explique Anthony Albanese. Sous peine d’amende pouvant aller jusqu’à 30 millions d’euros.
Quels contrôles ? – Le texte a suscité de vives critiques. Dans une lettre ouverte, une centaine d’experts de l’enfance regrettent que les moins de 16 ans ne puissent plus utiliser des plateformes de socialisation et d’accès à l’information. Si les entreprises concernées assurent qu’elles respecteront la loi, elles regrettent une adoption “précipitée”, avant même que les résultats des tests menés sur les outils de contrôle de l’âge. Plusieurs pistes ont été évoquées, comme la vérification d’une pièce d’identité ou l’utilisation de données biométriques par l’intermédiaire de tiers de confiance. Mais celles-ci soulèvent des interrogations majeures sur la protection de la vie privée. “Aucun pays dans le monde n’a résolu ce problème”, reconnaît d’ailleurs le gouvernement australien dans une note interne obtenue par The Guardian.
Pour aller plus loin:
– Facebook suspend sa version pour enfants d’Instagram
– La lanceuse d’alerte Frances Haugen exhorte l’Europe à agir
Malgré l'IA générative, le rebond du marché du PC se fait toujours attendre
Depuis plusieurs mois, l’industrie du PC promet un rebond du marché, porté notamment par l’arrivée de modèles optimisés pour l’intelligence artificielle générative. Mais cet optimisme ne se matérialise toujours pas. Cette semaine, HP et Dell ont ainsi publié des résultats trimestriels décevants. Une croissance, en valeur, de 2% des ventes d’ordinateurs pour le premier. Et un repli de 1% pour le second. Si leurs dirigeants affichent encore leur confiance, ces mauvais chiffres ont été lourdement sanctionnés à Wall Street. Les deux marques américaines ne sont pas les seules concernées. Au troisième trimestre, le nombre de PC vendus dans le monde a baissé de 2,4%, selon les estimations du cabinet Gartner, qui table sur une progression à un chiffre en 2025. À condition cependant que le climat géopolitique ne se détériore pas…
Cycle de remplacement – Fin mars, l’optimisme était pourtant de mise. Le marché avait enfin renoué avec la croissance. Une croissance très modeste mais qui faisait suite à deux années de forte chute des ventes. Surtout, plusieurs éléments étaient considérés comme encourageants. La situation économique s’était améliorée. Les distributeurs avaient réduit leurs stocks excédentaires, qui les poussaient à abaisser leurs commandes auprès des fabricants. Et le cycle de remplacement du parc devait s’accélérer, alors que les entreprises commençaient à changer les ordinateurs achetés pendant la pandémie. D’autant plus que l’arrêt annoncé du support de Windows 10 devait précipiter une transition vers Windows 11. Enfin, les “PC IA” devaient représenter une innovation majeure sur un secteur qui en manque cruellement depuis des années.
IA en local – “Le cycle de renouvellement des PC se reporte à l’année prochaine”, reconnaît désormais Yvonne McGill, la directrice financière de Dell. Chez HP, le directeur général Enrique Lores regrette, lui, que le déploiement de Windows 11 “s’accélère plus lentement” que les précédents passages de témoin. Les deux dirigeants y voient cependant des signes positifs pour 2025. Tous deux continuent à croire à l’impact positif des “PC IA”, officiellement appelés PC Copilot+ par Microsoft. Ces nouvelles machines doivent marquer deux ruptures. D’abord, créer des fonctionnalités d’IA générative au niveau du système d’exploitation, et plus seulement au niveau des applications. Ensuite, faire tourner certains modèles d’IA localement, c’est-à-dire sans aller chercher de la puissance de calcul sur une plateforme de cloud.
Quels usages ? – Selon Enrique Lores, ces PC représenteront 25% des ventes chez HP en 2025. Mais cela ne signifie pas forcément des ventes additionnelles qui n’auraient pas eu lieu sans les fonctionnalités d’IA. Celles-ci restent en effet extrêmement limitées, voire complètement gadgets. Jitesh Ubrani, analyste chez IDC, note ainsi une “absence de cas d’utilisation bien définis dans les entreprises”. Et il prévient qu’il faudra “expliquer les avantages de l’IA embarquée par rapport aux solutions cloud” utilisées aujourd’hui. Le principal argument marketing de ces ordinateurs n’est d’ailleurs pas l’IA. Mais leur processeur Qualcomm, bâti sur l’architecture ARM – une révolution –, qui offre de meilleures performances. Mais c’est aussi un frein pour les entreprises, en raison de potentiels soucis de compatibilité logicielle.
Pour aller plus loin:
– Microsoft cherche à susciter l’intérêt pour ses PC optimisés pour l’IA
– Nvidia ambitionne de concurrencer Intel sur le marché des CPU
Crédit photos: Unsplash / Julian Christ – HP