La French Tech toujours à la recherche d'un second souffle
Et aussi: La reprise des levées de fonds se fait attendre - IPO encourageante pour Instacart
Cette édition est présentée par Leviia, qui conçoit des solutions cloud souveraines, sécurisées et accessibles au meilleur prix. À ce jour, l’entreprise compte 300.000 utilisateurs mensuels et 3.000 clients professionnels. Découvrir Leviia
Entre catastrophisme et espoir, la French Tech navigue à vue
“2023 n’est pas si catastrophique: la French Tech va faire largement mieux qu’en 2019”. Cette confidence d’un acteur du secteur peut paraître surprenante. En début d’année, nombreux étaient ceux qui s’enorgueillissaient de la “résilience” de l’écosystème tricolore, capable de lever 13,6 milliards d’euros en 2022, dans un contexte international très difficile. Un record, mais un record en réalité en trompe-l’œil. Après une période faste, dopée par la crise sanitaire et un afflux de liquidités en raison des politiques accommodantes des banques centrales, la French Tech enregistre “un retour assez naturel à la normale”, concède Maya Noël, la directrice générale de France Digitale, qui organise ce mercredi son événement annuel, le FDDay. L’occasion pour le lobby des start-up de “prendre le pouls” du secteur.
“Des grosses boîtes vont tomber” – À vrai dire, la French Tech ne sait plus vraiment sur quel pied danser. Après s’être longtemps convaincue que les difficultés ne seraient que passagères, elle est bien obligée, plus d’un an après les premiers signes de ralentissement, de se rendre à l’évidence. À l’optimisme à toute épreuve, symbolisé par les célébrations à outrance des nouvelles licornes, a ainsi succédé le doute. Voire le catastrophisme, entre manque de liquidités, plans de départs et redressements judiciaires. “Tôt ou tard, des grosses boîtes vont tomber”, prophétisait cet été Jean de La Rochebrochard, associé chez Kima, le fonds d’investissement de Xavier Niel, après la faillite de deux start-up de son portefeuille. Et de prédire que “les six à dix-huit prochains mois seront certainement difficiles”.
Rentabilité – Désorientée, la tech française cherche désormais une nouvelle boussole. Fini l’aiguille des levées de fonds, qui ont chuté de moitié, et des valorisations record. Place à celle de la rentabilité et du chiffre d’affaires. “Le meilleur argent reste celui des clients”, assure Maya Noël. Sur ce point, France Digitale se montre relativement positive. Dans un baromètre publié la semaine dernière, l’association souligne que le chiffre d’affaires de son panel de 500 start-up a augmenté de 32% en 2022, soit une croissance supérieure à celle enregistrée en 2021. Seulement 8% d’entre elles indiquent vouloir réduire leurs effectifs. En outre, 30% des sociétés interrogées assurent être déjà rentables (sans préciser sur quelle base). Et plus de la moitié prévoient de l’être au cours des trois prochaines années.
Curseur – Face à la chute des levées de fonds, les entrepreneurs ont dû changer de logiciel, délaissant l’hypercroissance à tout prix et limitant leurs dépenses pour réduire leur consommation de trésorerie. “L’important c’est d’avoir une trajectoire vers la rentabilité”, souligne Maya Noël. Mais Jean de La Rochebrochard redoute, lui, que les coupes budgétaires ne soient pas assez fortes. Cette bascule est aussi imposée par les fonds de capital-risque, beaucoup plus réticents à financer les start-up aux perspectives lointaines. Le risque désormais, c’est que le curseur ne se déplace trop fortement de ce côté, craint Maya Noël. “Une start-up n’est pas faite pour être rentable tout de suite, rappelle-t-elle. Elle est en phase d’accélération commerciale ou de R&D, pendant laquelle elle dépense plus d’argent qu’elle n’en gagne”.
Pour aller plus loin:
– La French Tech n’échappe plus à la vague de licenciements
– Comment la Bourse de Paris espère séduire la French Tech
Est-ce que les Gafams arnaquent les entreprises françaises ?
C’est une question que l’on peut légitimement se poser quand on sait que les entreprises françaises payent beaucoup trop cher des services qui ne protègent pas leurs données. En souscrivant aux services cloud des géants américains, elles sont perdantes à deux niveaux: celui de la confidentialité mais aussi celui du porte-monnaie. D’une part, leurs données sont susceptibles d’être lues ou exploitées sans leur consentement et d’autre part elles paient des tarifs avec des taux de marge exorbitants.
Chez Leviia, on a nous-même été étonnés, presque gênés, quand on a réalisé qu’on pouvait vendre nos produits de stockage et partage de données jusqu’à 80% moins cher que nos concurrents américains sans faire de compromis sur la sécurité ou la performance. À la fin, les économies peuvent se compter chaque année en dizaines voire centaines de milliers d’euros pour certaines entreprises françaises…
Pourtant un grand nombre d'entreprises en France dépendent encore des Gafams pour le stockage et la gestion de leurs données. En 2021, les géants technologiques américains - Amazon, Google et Microsoft - se sont arrogé 80% de la croissance du marché du cloud sur le territoire français. Le 12 septembre dernier la Commission Supérieure du Numérique et des Postes (CSNP) publiait un avis concluant, grosso modo, que la souveraineté numérique n’était pas prise au sérieux et soulevait la "nécessité d’un portage politique au plus haut niveau".
Le choix des services américains par ces entreprises peut découler d'une combinaison de plusieurs facteurs: la faible notoriété des acteurs locaux et la méconnaissance de leurs offres, une possible perception d'une meilleure qualité de service, ou encore l’habitude et la facilité d'utilisation. Le message que nous adressons à toutes ces entreprises est simple: vous avez en France des solutions souveraines comme Leviia qui sont capables de prendre soin de vos données et de votre budget. Il est crucial pour les entreprises françaises de prendre conscience des alternatives disponibles et d'évaluer soigneusement les avantages et les inconvénients de chaque option.
Dans la French Tech, la reprise des levées de fonds se fait attendre
Un rayon de soleil dans la grisaille. En fin de semaine dernière, Verkor est venu égayer une rentrée bien terne pour la French Tech, après un été déjà particulièrement morose. Cette start-up spécialisée dans les batteries pour voitures électriques a levé 850 millions d’euros (une somme portée à plus de deux milliards en ajoutant les subventions de l’État et le prêt accordé par la Banque européenne d’investissement) pour financer la construction de sa première usine à Dunkerque. Une opération record en France, qui va permettre de gonfler les chiffres des levées de fonds. Mais qui ne doit pas cacher la réalité. Au premier semestre, les start-up tricolores ont recueilli deux fois moins d’argent que l’an passé: 4,2 milliards d’euros, selon les décomptes du cabinet EY.
Argent facile – Cette forte baisse trouve sa source dans le resserrement des politiques monétaires, dans un contexte de forte inflation, qui a coupé court à la période d’argent facile à laquelle s’étaient habitués les entrepreneurs. “Il y a deux ans, il y avait beaucoup de concurrence entre les fonds pour investir dans des start-up”, rappelle Franck Sebag, associé chez EY. Une compétition qui a fait, mécaniquement, grimper les valorisations. “Aujourd’hui, la main est revenue du côté des investisseurs”, poursuit-il. Conséquence: “il y a un recalibrage des multiples de valorisation”, souligne Maya Noël, directrice générale de l’association France Digitale. À dilution (la part du capital cédé aux investisseurs) égale, le montant moyen des levées a ainsi fondu de plus de moitié.
Chute des méga-levées – La baisse des levées de fonds est particulièrement visible chez les start-up les plus matures. Les tours de table supérieurs à 100 millions d’euros sont devenus très rares: à peine cinq au premier semestre, soit moins que sur le seul mois de janvier 2022. Cela s’explique d’abord par le retrait du marché français de grands fonds étrangers, comme le japonais Softbank ou l’américain Tiger Global, capables d’injecter des centaines de millions d’euros. Ensuite, ces sociétés disposent encore de suffisamment de trésorerie pour couvrir leurs pertes ou leurs investissements. Elles ne sont donc pas contraintes de mener un down round – une levée réalisée sur la base d’une valorisation inférieure à la précédente. “Les méga-levées ne repartiront que si les valorisations remontent” prédit Franck Sebag.
Tibi 2 – En France, comme ailleurs, l’incertitude demeure sur la reprise des levées, alors que les taux d’intérêt sont au plus haut depuis 20 ans. Et que les introductions en Bourse tournent toujours au ralenti – à ce titre, l’évolution d’Instacart, entrée mardi sur le Nasdaq, sera particulièrement surveillée. Les plus optimistes soulignent que le dry powder, les liquidités que les fonds doivent encore investir, affiche un niveau historiquement élevé. Des sommes qui finiront bien par être déployées. Maya Noël, elle, compte beaucoup sur la deuxième phase de l’initiative Tibi, qui doit mobiliser 7 milliards d’euros de fonds privés. “Tibi 2 a mis du temps a se lancer, ce qui a pu bloquer un certain nombre d’opérations”, note-t-elle. À plus long terme, la French Tech aura surtout besoin d’exits, encore aujourd’hui peu courants.
Pour aller plus loin:
– Les levées de fonds des start-up continuent de chuter
– La chute spectaculaire des investissements de Softbank dans les start-up
Introduction en Bourse encourageante pour Instacart
C’est une première étape vers la reprise des introductions en Bourse de sociétés technologiques. Mardi, la start-up américaine Instacart a effectué de premiers pas encourageants sur le Nasdaq, terminant sa première séance de cotation sur une hausse de 12%. La plateforme américaine de livraison de courses voit ainsi sa capitalisation boursière passer à 11 milliards de dollars. Très loin cependant de la valorisation de 39 milliards qu’elle avait atteint en mars 2021 dans le cadre d’une levée de fonds, en pleine euphorie pour les services de livraison de course. L’évolution boursière d’Instacart dans les prochaines semaines va être surveillée de près par tous ceux qui espèrent voir un signe que les investisseurs de Wall Street sont de nouveau prêts à parier sur des groupes technologiques. En septembre, trois introductions en Bourse d’envergure ont eu lieu aux États-Unis, contre aucune sur les huit premiers mois de l’année.
Pour aller plus loin:
– Softbank revoit ses ambitions à la baisse pour l'entrée en Bourse d'Arm
– Les introductions en Bourse des sociétés technologiques au ralenti
Crédit photos: Anna Ellouk - Unsplash / Claudio Schwarz