Face à Elon Musk, Mark Zuckerberg devient le sauveur
Déjà près de 100 millions d'inscrits pour Threads, le rival de Twitter lancé par Meta
À nos lecteurs: avant d’entamer sa pause estivale, Cafétech vous propose une édition spéciale sur le lancement de Threads. La prochaine édition sera publiée en septembre.
Lancement en fanfare pour Threads, la nouvelle application de Meta
Avec près de 100 millions d’inscrits en seulement quatre jours, Threads a pulvérisé tous les records d’adoption, faisant encore mieux que ChatGPT – qui partait, lui, de zéro. Cette performance va “bien au-delà de nos prévisions”, assure Mark Zuckerberg, dans un message posté sur ce rival de Twitter, lancé par Meta, la maison mère de Facebook et Instagram. “Nous avons encore beaucoup de travail”, reconnaît-il cependant, tout en rêvant d’attirer un milliard d’utilisateurs. À titre de comparaison, Twitter revendiquait en juillet 2022, juste avant son rachat par Elon Musk, 238 millions d’utilisateurs quotidiens “monétisables”. Disponible dans 144 pays, mais pas dans l’Union européenne, Threads est l’application la plus téléchargée par les possesseurs d’iPhone dans 141 pays, selon Data.AI.
Rejet d’Elon Musk – Ce départ canon s’explique d’abord par l’intégration avec Instagram, qui permet de simplifier le processus d’inscription et d’assurer aux utilisateurs de Threads de ne pas partir avec une audience nulle – un élément primordial. La plateforme de photos et de vidéos représente également un formidable outil de promotion auprès de ses deux milliards d’adeptes. L’application profite aussi du rejet de la direction prise par Twitter depuis son rachat par Elon Musk en octobre dernier. Elle séduit tous ceux qui avaient délaissé le réseau à l’oiseau bleu. Et surtout tous ceux qui continuaient à l’utiliser mais seulement par défaut, faute d’alternative crédible. Elon Musk a ainsi réussi l’exploit de transformer Mark Zuckerberg, souvent décrié ces dernières années, en… sauveur.
Moins de politique ? – Si Threads ressemble beaucoup à Twitter, Adam Mosseri, le patron d’Instagram, assure que l’objectif n’est pas de le remplacer mais de créer une plateforme “plus apaisée”, moins centrée notamment autour de l’actualité et de la politique. Des sujets au cœur du discours marketing de Twitter. Pour Meta, ces sujets sont trop clivants et ne génèrent pas assez d’engagement et de recettes publicitaires additionnelles pour justifier tous les problèmes qu’ils engendrent. Depuis deux ans, Facebook limite d’ailleurs la portée des contenus politiques, désormais affichés moins souvent sur le fil d’actualité de ses utilisateurs. Adam Mosseri espère que Threads sera axé sur le sport, la musique, la mode ou le divertissement, tout en reconnaissant qu’il ne pourra empêcher les utilisateurs de discuter de politique.
Effet de réseau – Après ces débuts réussis, le plus dur commence: convertir les inscrits en utilisateurs réguliers, une fois passé l’effet de curiosité. C’est dans ce domaine qu’échouent beaucoup de réseaux sociaux, comme Mastodon, une alternative à Twitter qui avait connu un pic d’inscriptions fin 2022. Threads part cependant avec un avantage important. Avec près de 100 millions d’inscrits, la plateforme peut déjà compter sur un petit effet de réseau: ses utilisateurs peuvent suivre des célébrités, des sportifs, des médias ou des journalistes, qui peuvent, eux, toucher une audience importante. La partie n’est cependant pas gagnée. Et Meta va devoir aller vite pour apporter les nombreuses fonctionnalités manquantes à Threads, comme une version web ou un fil d’actualité antéchronologique.
Pour aller plus loin:
– Elon Musk limite l’usage de Twitter, la voie royale pour Facebook ?
– Facebook veut concurrencer les boutiques d’applications d’Apple et Google
Avec Threads, Twitter fait face à un premier rival d'envergure
Huit mois après avoir mis la main sur Twitter pour 44 milliards de dollars, Elon Musk ne cesse de se féliciter de records d’audience. Mais le réseau social à l’oiseau bleu pourrait bien être rapidement rattrapé par la personnalité controversée de son nouveau propriétaire. Et par tous les changements qu’il a imposés depuis sa prise de contrôle. L’arrivée de Threads, une application rivale lancée la semaine dernière par Meta, représente en effet une menace directe pour l’audience et pour les recettes publicitaires de Twitter. Preuve en est la riposte très violente du patron de Tesla contre Mark Zuckerberg. Et la menace de poursuites judiciaires contre la maison mère de Facebook, accusée d’avoir volé des secrets industriels – une accusation qui ne semble reposer sur aucun élément concret.
Amnistie générale – À la tête de Twitter, Elon Musk a commencé par alléger la politique de modération, se présentant comme un défenseur de la liberté d’expression, qu’il estime menacée. Cela s’est traduit par une amnistie générale sur les comptes bloqués par la précédente direction. Selon plusieurs organisations, le nombre de messages haineux a depuis fortement progressé. Le nouveau patron cherche aussi à pousser les utilisateurs vers l’offre payante Blue, réservant aux abonnés le badge bleu, jusque-là destiné aux personnalités. Et leur donnant davantage de visibilité. Plus récemment, il a imposé des limites sur le nombre de tweets pouvant être vus. Si Twitter a perdu des adeptes, le réseau en a aussi gagné, notamment chez ceux qui partagent le combat partisan d’Elon Musk.
Faible concurrence – Fin juin, le milliardaire assurait ainsi que Twitter avait encore battu un record d’audience, en se basant sur le nombre de secondes passées sur la plateforme par les utilisateurs. Les chiffres du cabinet Similarweb montrent au contraire un repli continu des visites depuis octobre. Celui-ci reste cependant relativement limité car la société a profité, jusqu’à présent, de la faiblesse de la concurrence. Après avoir connu un bond des inscriptions, la plateforme Mastodon a été rattrapée par la complexité de son processus d’inscription. Soutenu par Jack Dorsey, l’un des fondateurs et ancien patron de Twitter, Bluesky n’est pas encore ouvert à tous. Et Post ou Cohort sont extrêmement confidentiels. Aucune alternative n’a ainsi atteint une taille critique lui permettant de bénéficier d’un effet de réseau.
Menace sur la publicité – Avec près de 100 millions d’inscrits en seulement quatre jours, Threads constitue un concurrent bien plus menaçant. Le risque n’est pas seulement de perdre des utilisateurs, mais d’accentuer le virage partisan de Twitter, de plus en plus considéré comme une plateforme sur laquelle prolifèrent les idées d’extrême droite et les thèses complotistes. Cela compliquerait encore davantage la tâche de Lina Yaccarino, la nouvelle directrice générale, nommée mi-mai pour tenter de rassurer les annonceurs, dont une partie a mis un terme ou suspendu leurs campagnes. D’autant plus que Threads pourrait devenir une alternative pour les marques – pour l’instant, aucune publicité n’est encore affichée. Depuis le rachat, les recettes publicitaires de Twitter affichent un repli compris entre 40% et 50%.
Pour aller plus loin:
– Chez Twitter, la politique de modération suscite de nouveaux départs
– Forte chute du chiffre d’affaires de Twitter
Pourquoi Threads n'est pas disponible en Europe
Comme pour Bard, le chatbot de Google, les internautes européens devront patienter avant de pouvoir utiliser Threads, la nouvelle application de Meta devant rivaliser avec Twitter. La maison mère de Facebook et d’Instagram a en effet préféré reporter le lancement dans l’Union européenne, en raison du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Et plus particulièrement, d’une disposition qui impose une analyse d’impact relative à la protection des données pour tout nouveau produit “susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés”. Meta n’a pas encore fourni ce document à la Cnil irlandaise (DPC), son autorité de référence dans le cadre du “guichet unique” prévu par la législation européenne. Un élément pourrait poser problème: le transfert de données entre Instagram et Threads. Malgré tout, la société promet de lancer son nouveau réseau social en Europe. Mais, comme Google, sans s’avancer sur une date.
Pour aller plus loin:
– Google reporte (encore) le lancement de son chatbot Bard en Europe
– Facebook condamné à une amende record de 1,2 milliard d’euros
Crédit photos: Meta - Unsplash / Brett Jordan
C’est de la publi- info qui est faite par l’ auteur avec un parti pris et des éléments de langage en faveur de thread
Ces débuts en fanfare, la promesse d’accessibilité des influenceurs... ça me rappelle furieusement le lancement de ce réseau d’échanges live, lancé pendant le Covid et dont tout le monde a oublié l’existence et même le nom !