Les États-Unis vont empêcher Nvidia d'exporter ses puces d'IA vers la Chine
Nvidia pensait avoir trouvé la parade pour continuer à vendre en Chine ses cartes graphiques (GPU) dédiées à l’intelligence artificielle, malgré les restrictions sur les exportations imposées par Washington. Mais les États-Unis s’apprêtent à refermer la faille dans laquelle le leader incontesté du marché s’était engouffré, rapporte la presse américaine. Dès cet été, les groupes chinois ne pourront donc plus, légalement et en l’absence d’autorisation gouvernementale délivrée aux compte-gouttes, se fournir en puces nécessaires à l’entraînement des derniers modèles d’IA générative. L’administration américaine justifie ces mesures par la volonté de protéger sa “sécurité nationale”, en s’assurant que des technologies américaines ne puissent pas servir les intérêts militaires de Pékin.
Puces moins puissantes – En octobre dernier, Washington a pris des dispositions drastiques pour limiter les exportations vers la Chine de puces avancées et d’équipements nécessaires à leur production. Ces restrictions affectent notamment les derniers GPU de Nvidia, considérés comme les plus performants dans le domaine de l’intelligence artificielle. La société californienne avait riposté en lançant deux nouvelles puces, déclinaisons de ses produits phare, l’A100 et la plus récente H100. Baptisées A800 et H800, celles-ci restent capables d’entraîner des IA. Mais elles ne sont pas suffisamment puissantes pour être concernées par le cadre réglementaire actuel. Selon le Financial Times, Tencent, Alibaba, Baidu ou encore ByteDance ont passé commande.
Impact limité ? – Très critiques envers les restrictions sur les exportations, les dirigeants de Nvidia se montrent cependant rassurants, n’anticipant pas un “impact significatif immédiat”, selon sa directrice financière Colette Kress. Certes, la Chine représente entre 20% et 25% de son activité data center, qui génère désormais plus de la moitié de son chiffre d’affaires. Mais toutes les exportations vers le pays ne vont pas être interdites. Surtout, la demande pour ses GPU dédiés à l’IA reste encore plus importante que ses capacités de production. Nvidia s’inquiète davantage des conséquences à long terme, craignant une “perte permanente d’opportunités”. Et redoutant une accélération des efforts chinois pour développer des puces rivales, capables de gagner des parts de marché en dehors des frontières.
Le cloud aussi concerné – En attendant une hypothétique puce locale, les entreprises chinoises risquent d’éprouver des difficultés pour poursuivre leur développement dans l’IA. Malgré les mesures américaines, il est encore possible d’acheter des GPU A100 et H100 dans le pays, révélait récemment une enquête menée par Reuters. Mais ces composants, obtenus par des sociétés basées dans les pays voisins et vendus deux fois plus cher que le prix catalogue, ne sont disponibles qu’en petite quantité. Ce problème est d’autant plus grave que l’administration américaine prévoit aussi d’étendre ses sanctions aux services de cloud reposant sur les GPU avancés. Ceux-ci ne sont pour le moment pas concernés. Et sont utilisés par de nombreuses start-up chinoises travaillant sur l’IA générative pour entraîner leurs modèles.
.Pour aller plus loin:
– L’intelligence artificielle propulse Nvidia vers de nouveaux sommets
– Les Pays-Bas et le Japon s’alignent sur les sanctions contre la Chine
Après des débuts encourageants, Nothing part à la conquête des États-Unis
Carl Pei n’a pas encore réussi son pari. Mais le cofondateur de OnePlus a déjà franchi un obstacle sur lequel beaucoup avant lui ont échoué: survivre au lancement d’un premier smartphone. Mercredi, sa start-up Nothing a même officialisé une nouvelle levée de fonds, d’un montant de 96 millions de dollars (88 millions d’euros). Une somme qui va lui permettre de lancer la commercialisation d’un deuxième appareil, qui sera officiellement présenté le 11 juillet. Et pour lequel la marque basée à Londres s’apprête à prendre un risque important: selon les dernières rumeurs, elle aurait en effet opté pour un prix de vente beaucoup moins agressif. Ce tour de table doit aussi lui permettre de partir à la conquête du marché américain, un gigantesque relais potentiel de croissance des ventes.
800.000 exemplaires – Fondée il y a trois ans, Nothing a rapidement fait parler d’elle. Par l’identité de son fondateur, considéré comme le principal artisan du succès de OnePlus. Mais aussi par celle de ses soutiens, comme Tony Fadell, l’ancien designer vedette d’Apple. La start-up a également reçu un investissement de GV, le fonds de Google. L’an passé, elle a lancé son premier smartphone, baptisé Phone (1) et écoulé à environ 800.000 exemplaires. C’est peu et beaucoup à la fois. Encore très peu par rapport aux volumes expédiés dans le monde. Mais déjà beaucoup par rapport aux performances des précédentes marques qui ont essayé de percer sur ce marché très concurrentiel. Surtout, la start-up se félicite d’un taux de conversion depuis iOS “trois à quatre fois” plus élevé que ses concurrents sous Android.
Image de marque – Avant Nothing, plusieurs autres start-up ont déjà tenté leur chance. L’exemple le plus symbolique est celui d’Essential, lancée en 2015 par Andy Rubin. Surfant sur son CV, le concepteur du système Android avait réussi à lever 300 millions de dollars. Pour rien: les ventes ne décollent jamais – moins de 90.000 exemplaires en six mois malgré une baisse de prix – et l’entreprise ferme ses portes. Ses brevets ont ensuite été rachetés par… Nothing. Percer sur le marché est en effet extrêmement compliqué. Même pour Google, qui n’écoule encore que quelques millions de smartphones Pixel par an. Cela réclame du temps et des ressources pour développer son image de marque auprès du grand public et pour bâtir son réseau de distribution, en particulier dans les boutiques des opérateurs.
Prix en hausse - Nothing récolte les fruits d'une stratégie marketing efficace, pour alimenter le mystère puis l'impatience. Et aussi du design unique de son appareil, équipé d'une coque arrière transparente et d'un système de bandes LED qui s'allument pour signaler un appel ou une notification. Une nouveauté qui peut être considérée comme un simple gadget mais qui détonne alors que tous les smartphones semblent se ressembler. Celle-ci sera conservée pour le Phone (2). La marque a aussi profité de sa politique tarifaire, avec un prix de base de 469 euros. Son deuxième terminal pourrait être vendu à plus de 700 euros, le faisant entrer dans une autre catégorie du marché, sur laquelle il devra affronter les iPhone et les Galaxy S d'entrée de gamme. La start-up espère devenir rentable en 2024.
Pour aller plus loin:
– Pourquoi les ventes de smartphones ont accusé une chute historique
– Pourquoi les fabricants de smartphones misent sur les appareils pliables
Crédit photos: Nvidia - Nothing