Ces français qui s'attaquent à ChatGPT
Et aussi: Google reporte le lancement de Bard en Europe - AMD veut concurrencer Nvidia
La start-up française Mistral AI lève 105 millions... un mois après sa création
Du jamais vu en Europe. Et le symbole de l’euphorie autour de l’intelligence artificielle générative. Mardi, la start-up française Mistral AI a officialisé une levée de fonds en amorçage de 105 millions d’euros… à peine un mois après sa création ! Une opération effectuée sur la base d’une valorisation, elle aussi inédite à ce stade de développement, de 240 millions d’euros. Ces chiffres record ne s’expliquent pas seulement par l’appétit des investisseurs, soucieux ne pas de rater la prochaine révolution annoncée, dans le sillage de l’immense succès et des prouesses du robot conversationnel ChatGPT, conçu par la start-up américaine OpenAI. Ils s’expliquent également par le CV des trois créateurs de la jeune entreprise, anciens des très réputés DeepMind et FAIR, laboratoires respectifs de Google et de Facebook en IA.
Outils pour les entreprises – Un mois après son lancement, Mistral AI n’a pas encore développé le moindre produit. La start-up espère lancer une première version de son grand modèle de langage début 2024. Celui-ci devra alimenter des outils dopés à l’intelligence artificielle qui permettront aux entreprises de gagner en productivité. Elle promet d’opter pour l’open source, à contre-courant de ses rivales américaines. Les 105 millions d’euros levés ne seront pas de trop. Sur un marché en ébullition, Mistral AI va d’abord devoir assembler une équipe d’ingénieurs en IA, dont les salaires s’envolent. Elle devra ensuite supporter les coûts d’entraînement, puis de déploiement, de ses modèles. Deux tâches qui requièrent une importante puissance de calcul dans le cloud. Et se traduit par des factures très élevées.
Bond des levées – Depuis six mois, les investisseurs se ruent sur les start-up spécialisées dans l’intelligence artificielle générative. Dans un contexte peu favorable, symbolisé par la forte baisse des levées de fonds, le secteur représente une lueur d’espoir sur laquelle se jettent les fonds de capital-risque. Dans le même temps, les bons projets à financer sont assez peu nombreux, ce qui fait mécaniquement grimper les valorisations. Selon les décomptes de Pitchbook, les levées de fonds se sont chiffrées à plus de 12 milliards de dollars au premier trimestre – un chiffre, certes, gonflé par les 10 milliards de dollars récoltés par OpenAI auprès de Microsoft. Sur le trimestre en cours, le rythme reste élevé, avec de nombreuses opérations dépassant la barre symbolique des 100 millions de dollars.
Concurrence – Mistral AI a fait le choix de ne pas viser le marché grand public, déjà bien occupé par ChatGPT et bientôt par Bard, le robot conversationnel de Google. Le marché professionnel semble offrir davantage de cas d’usage, et donc de débouchés monétisables. Sur ce segment, la concurrence s’annonce aussi féroce. Microsoft, associé à OpenAI, et Google ont commencé à déployer des IA génératives dans de nombreux outils, dont leur suite bureautique. Tous les grands éditeurs de logiciels font de même, en s'appuyant souvent sur GPT, le modèle de langage d'OpenAI. De nombreuses start-up développent aussi des outils pour les entreprises. Pour se différencier, Mistral AI mise sur son pari de l'open source. Et sur l'expérience de ses fondateurs, qui doit lui permettre de concevoir des modèles d'IA plus efficaces.
Pour aller plus loin:
– Après le succès de ChatGPT, les investisseurs se ruent sur l’IA
– ChatGPT fait perdre plus de 500 millions de dollars à OpenAI
Google reporte (encore) le lancement de son chatbot Bard en Europe
Les internautes européens devront encore patienter avant de pouvoir tester Bard, le robot conversationnel de Google, pourtant disponible depuis mai dans 180 pays. Mardi, la Commission irlandaise de protection des données (DPC) a révélé que le lancement sur le continent était initialement prévu cette semaine. Mais qu’il avait été repoussé à sa demande. Le régulateur explique que le moteur de recherche américain ne lui a pas communiqué suffisamment d’informations pour qu’il puisse s’assurer du respect des obligations imposées par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Google assure toujours vouloir lancer en Europe son rival de ChatGPT, le chatbot d’OpenAI qui menace sa position dominante. Sans toutefois communiquer la moindre date.
Analyse d’impact – Les difficultés de Google contrastent avec la situation d’OpenAI, qui a déployé son chatbot sur le continent fin 2022. Elles s’expliquent par une disposition du RGPD, qui impose une analyse d’impact relative à la protection des données (IAPD) pour tout nouveau produit “susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés”. C’est ce document que le groupe américain n’a pas fourni à la DPC irlandaise, son autorité de référence dans le cadre du “guichet unique” prévu par la législation européenne. OpenAI n’a pas ouvert de bureau en Europe. Et n’est donc pas régulé par une seule autorité nationale, devant être consultée avant de lancer un service. Cela ne l’exonère pas pour autant de réaliser une IAPD. En avril, les autorités allemandes ont d’ailleurs ouvert une enquête sur la question.
Task force européenne – L’émergence rapide et inattendue des intelligences artificielles génératives suscite de nombreuses interrogations au sein des autorités de protection des données personnelles. Fin mars, ChatGPT avait été bloqué en Italie, en raison de “l’absence de base légale” justifiant la collecte de données. L’accès a été rétabli depuis, mais l’enquête se poursuit. En France, au moins trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil. Et une task force a été lancée par l’organisation regroupant l’ensemble des régulateurs européens. Parallèlement, de nouvelles règles sont en discussion à Bruxelles, qui obligeront notamment les services d’IA générative à déclarer si des contenus protégés par le droit d’auteur ont été utilisés pour entraîner leur modèle. Des règles qui inquiètent OpenAI.
Accélération – Le report du lancement européen de Bard intervient alors que Google souhaite désormais accélérer sa riposte à ChatGPT. En plus du déploiement dans 180 pays, Bard est maintenant accessible à tous les internautes, alors qu’il était jusqu’à présent réservé à un petit nombre d’utilisateurs. Le robot conversationnel est par ailleurs disponible en japonais et en coréen, en plus de l’anglais. Et 40 langues supplémentaires seront ajoutées “prochainement”. Bard pourra également bientôt intégrer des images à ses réponses, et aussi analyser des images incluses dans les requêtes. La plateforme va, par ailleurs, s’enrichir d’intégrations avec d’autres services de Google comme Maps et Google Docs. Adobe, Spotify, Uber Eats, Tripadvisor ou encore OpenTable proposeront également des extensions.
Pour aller plus loin:
– Le double discours d’OpenAI sur la régulation de l’IA
– Google combine ses laboratoires de recherche en IA
AMD présente un accélérateur pour rivaliser avec Nvidia
AMD veut aussi sa part du gâteau. Mardi, le fabricant américain de semi-conducteurs a dévoilé un nouvel accélérateur, capable d'entraîner les derniers modèles d'intelligence artificielle générative. Il assure même qu'il s'agit du produit "le plus avancé du marché". Le lancement commercial est prévu en fin d'année. Amazon Web Services, la filiale cloud du géant du commerce en ligne, et Meta, la maison mère de Facebook, pourraient faire partie des premiers clients. AMD espère profiter de l'explosion de la demande pour ce type de composants, afin d'accompagner l'intérêt croissant pour l'IA. Le marché devrait passer de 30 milliards de dollars cette année à 150 milliards, prédit Lisa Su, la patronne d'AMD. Il est pour le moment largement dominé par Nvidia, dont les GPU sont considérés comme les plus avancés. Mais le groupe américain a beaucoup de mal à satisfaire l'intégralité de la demande, ce qui ouvre la porte pour d'autres acteurs comme AMD et Intel.
Pour aller plus loin:
– L’IA propulse Nvidia vers de nouveaux sommets
– AMD finalise le rachat de Xilinx pour un montant record
Crédit photos: Dall-E / Google
Intéressant ces créations dans l'IA. On peut cependant s'interroger sur le meilleur marché cible, c’est-à-dire celui avec le plus gros potentiel. Certes le B2C et le B2B "bureautique" offrent l'avantage d'une grosse audience, mais il me semble aussi pertinent de se tourner vers les secteurs à qui la puissance de calcul permettrait de réaliser d'importants progrès : recherche médicale, médicament, biologie.